Infrarouge présenté par Marie Drucker

L'ordre à tout prix

Dimanche 28 Mars 2021 à 00.15

Le maintien de l’ordre est une spécialité bien française. Ce que les citoyens n’arrivent pas à obtenir de l’État dans l’hémicycle, à eux de le gagner dans la rue. Quand la France gronde, la stratégie et la maîtrise de l’ordre public deviennent un enjeu politique crucial. Entre la protection des institutions et la garantie du droit de manifester : le juste équilibre est subtil.

Décembre 2018. Au début du mouvement des Gilets jaunes, les principes du maintien de l’ordre « à la française » volent en éclat. Le saccage de l’Arc de Triomphe, les centaines de blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre… la violence inouïe de ces images et leur puissance symbolique marquent profondément les esprits. La République s’est sentie menacée. Le gouvernement entérine une nouvelle ligne, plus dure, qui va ébranler les fondamentaux de l’ordre public. En retour, la défiance d’une partie de la population envers l’ordre et le pouvoir, déjà bien installée dans la rue depuis une dizaine d’années, se renforce au point que certains craignent de voir le droit de manifester remis en cause. Comment en est on arrivé-là ? Pour comprendre, le film prend le parti d’interroger les détenteurs de la force dite « légitime » et de les confronter aux images de ces affrontements.

Ils sont CRS, gendarmes mobiles, membre des BRAV (Brigades de Répression de l’Action Violente) : en première ligne lors des manifestations, ils nous racontent la réalité de leur métier, la nécessité de la formation, l’évolution de leur rapport aux citoyens, leur perception des choix politiques… En regard, la hiérarchie, Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, les préfets de police, Michel Delpuech et Didier Lallement, expliquent, justifient leurs choix tactiques. Et politiques.

Si la multiplication des images amplifie la perception de la violence policière comme celle des manifestants, la situation est-elle réellement inédite ? La rue est-elle plus violente qu’hier ? Le maintien de l’ordre légitime-t-il certaines violences ? La protection des biens est-elle en concurrence avec celle des libertés fondamentales ? L’enjeu est de taille : comment concilier exigences politiques et gestion des nouvelles formes de contestation, tout en garantissant la possibilité de s’exprimer, socle de notre société démocratique ? Comment ne pas se laisser enfermer dans une logique de camp contre camp ? Alors que le climat social promet de nouvelles secousses à l’issue d’une crise sanitaire devenue économique et sociale, ce documentaire nous dévoile les dessous d’un art, celui qui consiste à protéger et contrôler les foules en colère.

PARMI LES INTERVENANTS

Olivier – Brigadier, CRS (Unité SGP Police). Conducteur d’un engin lanceur d’eau, il est en poste sur les Champs-Élysée le samedi où l’Arc de triomphe est pris d’assaut, lors du mouvement des Gilets Jaunes. Il raconte l’évolution des formes de manifestations et comment, ce jour-là, le maintien de l’ordre a sauvé les institutions.

Annabelle – Capitaine CRS. Elle aussi était en poste à Paris ce 1er décembre. Ce jour-là, elle était sur le bas des Champs Élysées et n’a vécu aucune violence ; elle et sa compagnie ont eu l’occasion de se rattraper depuis.

Michaël – Brigadier-chef CRS, formateur à l’utilisation du LBD 40. Cette arme classée « non létale » initialement utilisée pour les violences urbaines fait désormais partie de l’équipement dédié au maintien de l’ordre. Quel est le cadre légal de son utilisation ?

Gérald - Brigadier, CRS (Unité SGP Police). Basé en Rhône-Alpes, il était à Saint-Etienne le 1er décembre 2018. Habilité au tir de LBD, il nous éclaire sur les limites de l’utilisation du Lanceur de Balles de Défense.

Laurent Nuñez – Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner de 2018-2020. Il est au coeur des décisions stratégiques liées au maintien de l’ordre et de la décision de remettre en question les fondamentaux.

Michel Delpuech – Ancien préfet de Paris. Limogé en mars 2019 après l’incendie du Fouquet ‘s, il est l’artisan des fameux DAR, les Détachements d’Action Rapide.

Préfet Didier Lallement – Nommé préfet de Paris le 21 mars 2019 par Christophe Castaner. Il incarne la ligne dure du nouveau « maintien de l’ordre ». Il met en place les BRAV-M, M pour
moto, ces unités mobiles contestées. C’est la première fois qu’il s’exprime dans le cadre d’un documentaire.

Général Bertrand Cavallier – Retraité, ce gendarme, ancien directeur du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) pointe la responsabilité des politiques dans les choix stratégiques et dans le déni des violences policières. Il interroge l’État de droit.

Jean-Louis Yonnet – Commandant CRS à la retraite, il rappelle qu’il est rentré chez les CRS en passant le concours d’« officier de paix ». Un sacerdoce pour garantir les libertés fondamentales. Sa référence, l’article 12 de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen : une force publique « instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ». Il dénonce aussi bien la militarisation progressive des
forces de l’ordre que le silence coupable des syndicats.

Claude Guéant – Proche de Nicolas Sarkozy, il a été son Directeur de Cabinet lorsque ce dernier était ministre de l’Intérieur, puis secrétaire général de la présidence de la République dès l’élection de Nicolas Sarkozy et enfin ministre de l’Intérieur 2011-2012, toujours pendant la présidence de Nicolas Sarkozy Pierre Joxe – Emblématique ministre de l’Intérieur de François Mitterrand (1984-1986 et de 1988-1991), c’est avec beaucoup de hauteur qu’il amène une réflexion sur le Maintien de l’Ordre : « le maintien de l’ordre pour quoi faire ? ». Formation, encadrement, effectif… les effets se mesurent avec le temps.

Pierre Joxe – Emblématique ministre de l’Intérieur de François Mitterrand (1984-1986 et 1988-1991), c’est avec beaucoup de hauteur qu’il amène une réflexion sur le Maintien de
l’Ordre : « le maintien de l’ordre pour quoi faire ? ». Formation, encadrement, effectif… les effets se mesurent avec le temps.

 

 

 

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#INFRAROUGE

« L'ordre à tout prix »

60 minutes 

Un film de
Frédéric Ploquin et Samuel Lajus

Réalisé par
Samuel Lajus

Produit par
Loren Baux-Richardot

Une production
Compagnie des Phares et Balises

Avec le soutien  
CNC et de la Procirep – Société des producteurs et de l’Angoa

Avec la participation de
LCP-Assemblée nationale,
de la RTBF
et de France Télévisions

Pôle Société et Géopolitique
Renaud Allilaire
Xavier Gubert 

Directrice de l'unité documentaires de France Télévisions 
Catherine Alvaresse

 

 

 

Sabine Michel
Responsable projets et actions de communication Guadeloupe la 1ère
Nina Braflan
Stagiaire communication Guadeloupe la 1ère