Un homme criblé de dettes s’effondre en larmes. Une adolescente se mutile pour soigner son mal de vivre. Un détenu avoue qu’il est tout sauf « innocent ». Un autre justifie sa violence parce que, selon lui, les femmes ont « un petit cerveau »… Ces histoires – dramatiques ou émouvantes – constituent le quotidien du tribunal de grande instance de Vienne, au sud de Lyon, dans l’Isère. Une ville de 30 000 habitants de la vallée du Rhône.
Derrière les murs du Palais, des magistrats, des greffiers confrontés tous les jours à la violence ordinaire. Au total : 15 000 procédures à traiter par an, 300 personnes présentées devant la Justice. Et une galerie de justiciables insolents, cocasses, menteurs ou effondrés qui doivent s’expliquer devant des robes noires.
Alors, comment juger ? Comment punir ? Comment sanctionner au plus juste ceux qui ont transgressé la loi, et ce, sans jamais oublier les victimes ? C’est toute la complexité du travail quotidien de ces fonctionnaires dans leur difficile exercice de la justice. Michaël Prazan, sans artifices, nous invite à découvrir la réalité de cet univers pesant où tout doit être jugé. Une tâche si compliquée parfois que l’on ne voudrait pour rien au monde être dans « la peau d’un juge »…
Note d'intention de Michaël Prazan
Je suis depuis toujours passionné par la justice...
Lorsque j’étais étudiant à la Sorbonne, il m’arrivait de me rendre au Palais de justice de Paris, pour assister à quelques procès marquants (celui de Roger Garaudy, notamment), ou de passer des après-midi sur les bancs de la chambre des comparutions immédiates.
Plus tard, lorsque j’étais enseignant, j’ai traversé la France avec deux de mes classes, afin que mes élèves assistent au procès de Maurice Papon au Palais de justice de Bordeaux. Ce fut pour eux et pour moi une expérience inoubliable.
Nombre des films que j’ai ensuite réalisés accordent une place centrale à la question de la justice, en reconstituant notamment, grâce aux archives, quelques grands procès qui ont marqué le XXe siècle (L’Assassinat de Pierre Goldman, Nankin, la mémoire et l’oubli, Einsatzgruppen, Le Procès d’Adolf Eichmann, Les Faussaires de l’histoire, Ben Ferencz, le combattant de la paix, Das Reich, Vichy ; la mémoire empoisonnée) – la plupart issus de juridictions d’exception, ressortissant de la justice internationale.
Voici les raisons qui m’ont conduit à me lancer dans le projet qui est le nôtre.
Il ne sera pas ici question de criminels de masse ni de génocide ou de crime contre l’humanité, mais de magistrats qui tranchent les litiges, condamnent ou relaxent les prévenus accusés de vols ou d’autres délits.
Si les enjeux sont bien différents, les rituels et la dramaturgie liés à l’institution, les procédures et les rendus relèvent d’une même praxis, d’un même registre et d’une même intention : que justice soit faite.
Il s’agit ici d’une justice à hauteur d’homme qui pourrait, un jour, d’une manière ou d’une autre, impacter la vie de nombre d’entre nous, il me semble important de brosser un tableau humain de l’exercice de la justice, afin que chacun puisse s’identifier aux hommes et aux femmes qui la rendent, mais aussi aux justiciables, pour la plupart des citoyens ordinaires que la vie familiale, professionnelle, le milieu et les fréquentations, les tentations et les lâchetés bien ordinaires, voire même l’erreur judiciaire, ont conduit jusqu’à la barre des prévenus.
2 x 55 min
Un documentaire de Michaël Prazan
Produit par TV Presse, Jacques Aragones
Avec la participation de France 3
Unité documentaires : Emmanuel Migeot et Clémence Coppey