La télévision, fenêtre sur le monde, ouvre les murs des foyers. La lucarne magique donne naissance à une créature virtuelle : la présentatrice des programmes baptisée la speakerine. Reine du petit écran, vedette de l’intime, meilleure amie des Français.
Pour la première fois, un documentaire TV, riche en archives, retrace l’épopée des speakerines avec les témoignages de Dominique Besnehard, Jacqueline Caurat, Michel Drucker, Denise Fabre, Olivier Minne, Marie-Ange Nardi, Alessandra Sublet. De l’âge d’or à l’envers du décor, sourires, émotions, glamour et révélations.
Ecrit et réalisé par Benoit Gautier - Produit par Mon voisin productions (D. Besnehard) avec la participation de France Télévisions
"L’année de ma naissance, mes parents achètent la télé (on dit « la télé », pas « une télévision » pendant les Trente Glorieuses). Je grandis avec Nounours qui me souhaite bonne nuit avec ses faux poils, et un bataillon de créatures au sourire bien accroché, aux paroles apaisantes, au chic de Paris, qui entre chez mes parents dans le poste comme par la porte : les speakerines.
Avec moi des millions de Français les vénèrent, les choisissent comme confidentes, leur écrivent des montagnes de lettres, réseau social avant l’heure. Ces VRP glamour de la TV sont sacrés meilleures amies du logis, vedettes de l’intime. Catherine Langeais la fiancée de l’hexagone, Jacqueline Caurat la philatéliste plus timbrée qu’elle n’y paraît, Jacqueline Huet si sophistiquée, Anne-Marie Peysson bafouilleuse et rigolote, Denise Fabre aux yeux en amande avec fous rires dans les aigus, Evelyne Leclerc qui éblouit les mirettes avec ses yeux azur, ses cheveux soleil quand les deux chaînes en noir et blanc prennent des couleurs.
À la télévision régie par l’État, les sixties ruent dans les brancards. Des yéyé à mai 68, les opinions fusent chez les garçons aux cheveux longs, les filles en minijupe. Estampillées potiches, femmes tronc par leurs détracteurs, les speakerines rejoignent la marche des femmes et des libérations de la seconde moitié du XXe siècle.
Jacqueline Joubert, la pionnière saltimbanque, passe aux commandes, endosse la panoplie de productrice et de responsable des émissions jeunesse. Elle met le pied à l’étrier de Dorothée, présentatrice des programmes au nez pointu et sourire de manga puis star des mômes addicts à son Club. Evelyne Dhéliat se transforme en maîtresse du temps, prend la tête du service météo de TF1 et LCI. Quant à Jacqueline Alexandre, devenue directrice d’information d’Antenne 2, elle initie les trailers à la TV, bandes annonces meurtrières pour les speakerines." Benoit Gautier