LE DIMANCHE À 09.20

Guillaume Apollinaire est l’un des poètes les plus connus du XXe siècle : nous avons tous en tête quelques vers d’Alcools, ou les Calligrammes qui disent si bien son goût pour le dessin. Son activité de journaliste et de critique d’art qu’il exerce de 1903 à sa mort, en 1918 est moins connue et qui lui a avlu de la part de Jean Cocteau, le surnom de « voyant considérable » : le regard qu’Apollinaire sur l’art de son époque est en effet, clairvoyant et sûr.

Ce portrait expose toutes ces pratiques car elles alimentent une réflexion sur l’art absolument moderne, où la poésie converse avec les arts visuels, et où le cinéma est pressenti comme la dramaturgie le plus importante de notre époque. Apollinaire y apparaît comme une sensibilité capable de comprendre avec une finesse et une empathie hors du commun le geste créateur – qu’il soit artistique, dramaturgique ou littéraire.

Apollinaire a été un grand ami, avec des personnalités aussi différentes que Jarry, Fénéon, Cendrars, Max Jacob, Gide, Cocteau, ou, parmi les peintres, Rousseau, Derain, Laurencin, Chagall, Delaunay, Duchamp, Picabia, et Picasso évidemment sur qui il a laissé une empreinte durable. 

Au cœur de polémiques historiques - sur les cubistes par exemple, ou sur l’art nègre - sa liberté de jugement est totale. Il refuse de se rallier aux écoles et aux grands courants  – symbolistes,  futuristes, surréalistes – et qu’il soutient néanmoins. Son goût pour l’avant-garde ne l’écarte pas de l’art du passé – en cela, il reste profondément singulier.

Au moment de la guerre, en 1914, il s’engage volontairement pour fortifier une identité fragile (fils de père inconnu et d’une mère russe et fantasque). C'est  l’occasion pour le poète de faire une expérience de vie et d’écriture croisées, excessive. Revenu blessé et affaibli par une trépanation, Apollinaire meurt de la grippe espagnole en 1918 à 38 ans.