Temps Fort Semaine 16
Découvrez une folle comédie policière originale, burlesque et enchanteresse avec Adèle Haenel et Pio Marmaï !
Yvonne, jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.
Avec Adèle Haenel, Pio Marmaï, Damien Bonnard, Vincent Elbaz, Audrey Tautou...
Réalisation Pierre Salvadori
Production Les Films Pelléas
Origine France
Genre Policier
Durée 107 minutes
2018
Entretien avec Pierre Salvadori, réalisateur
Racontez-nous la genèse du film.
J’avais depuis longtemps en tête un personnage d’innocent, à la Hitchcock, qui décide à sa sortie de prison de commettre le délit pour lequel il a été condamné à tort. Je pensais à un film de genre, un polar. J’ai commencé à écrire, mais le sujet était trop mince. J’allais vers un film d’intrigue, une histoire de braquage… Une conversation avec ma mère l’a incidemment remis en piste. « Tu sais, m’a-t-elle dit, ce sont les mères qui font les pères. Je vous ai toujours raconté un père un peu plus glorieux, un peu plus gentil, un peu plus fort, un peu plus tout qu’il n’était peut-être… ». Cette phrase m’a poursuivi. Est née l’idée de mélanger les deux sujets : l’innocent qui sort de prison et cette femme qui essaie de dire à son fils que son père était un ripou à travers les histoires qu’elle lui raconte le soir pour l’endormir.
Dès le départ, on tombe sur une intrigue policière qui s’avère tourner court : les flics se désintéressent ouvertement des prévenus, coursent des criminels imaginaires…
En les discréditant ainsi, le spectateur comprend instantanément qu’il n’est pas dans un polar, que la qualité du film et son propos sont ailleurs. Il était capital de le faire basculer dans une autre dimension. Cela donne naissance à des personnages improbables comme ce psychopathe qui traverse le film en trimbalant les restes de sa tante dans des sacs plastiques ou ce tueur qu’on accueille quasiment avec des cris d’enthousiasme…
On connaît votre amour de l’absurde. Là, plus que jamais, vous multipliez les situations improbables.
Le vraisemblable ne m’intéresse pas. La vérité, oui. Quand Louis dit à Yvonne : « Viens, il y a un tueur dans la foire, on va le chercher », et qu’elle le suit aveuglément parce qu’elle a envie d’action, cela m’intéresse. Cela dit son envie de vivre et son désir d’émancipation. On lui a volé une partie de sa vie, on lui a volé son travail, elle a besoin de se libérer des morts.
Vous vous autorisez de longues séquences de poésie : cette scène, à travers la porte de la salle de bain où le couple Antoine-Agnès se dit son amour et ses peurs, est très écrite.
J’aime ça, tout simplement. J’ai le sentiment que la comédie autorise cela. Je me suis souvent permis d’introduire des dialogues écrits, un peu enlevés, dans mes films. Mais je n’assumais pas totalement leur dimension littéraire. J’essayais toujours de contrebalancer cela avec un ton un peu parlé. Cette fois, j’ai décidé de l’endosser. En écrivant le scénario, je disais à mon producteur : « Si je pouvais, j’écrirais tout le film en vers ».