25 NUANCES DE DOC

THE MARRIAGE PROJECT

Mardi 1er juin à 23h50

SYNOPSIS : 

Un centre psychiatrique de Téhéran met en œuvre un projet révolutionnaire : permettre le mariage entre personnes internées. Ces femmes et ces hommes à la recherche de l’amour devront se confronter aux préjugés d’une société traditionaliste. La folie, l'amour, et l'espoir s'entremêlent dans ce film, qui oscille entre l'observation anthropologique et le journal intime, pour nous livrer un récit sur les rapports intimes et la notion complexe de folie.

 

NOTE D'INTENTION D' ATIEH ATTARZADEH et HESAM ESLAMI - REALISATEURS: 

La genèse du film

« Il est des plaies qui, pareilles à la lèpre, rongent l’âme, lentement, dans la solitude. (…) Ce sont là des maux dont on ne peut s’ouvrir à personne », a écrit Sadegh Hedayat. (Mort à Paris en 1951, Sadegh Hedayat est l’un des grands écrivain modernes iraniens).

Une image a hanté toute mon enfance : celle de ma jeune et belle tante, se tenant en haut des escaliers de la maison de sa grand-mère, hurlant à la mort et s’arrachant les cheveux. Dès mon enfance j’ai craint de porter cet héritage en moi, de devenir aussi schizophrène, de devoir terminer ma vie dans une institution spécialisée. Peut-être est-ce cette même peur qui m’a poussée à me marier dès l’âge de 19 ans pour avoir une vie normale. Avant de découvrir que mon mari était lui aussi schizophrène; quelques années plus tard il a été interné dans une institution mentale proche de Téhéran.
Hesam, qui a réalisé le film avec moi, a lui aussi grandi dans une famille où tous se battaient contre la maladie mentale d’un des leurs : un jour de crise grave, il a dû prendre son portable pour appeler une institution spécialisée afin qu’ils viennent chercher son frère; cette décision encore aujourd’hui le ronge. Toutes ces crises, ces luttes, petit à petit ont gagné nos vies mentales et artistiques, et nous ont rapprochés tous les deux, alors que nous étudions  ensemble à l’Université de Téhéran.

En 2014, après un premier long-métrage documentaire sur des adolescents délinquants, Hesam a découvert, au hasard de photos qu’il prenait dans le désert au Sud de Téhéran, Ehsan House, une institution spécialisée qui s’occupe de patients atteints de maladies mentales. Il s’y est rendu plusieurs fois puis a fini par y tourner un documentaire court sur la vie quotidienne des patients, leur besoin de liberté, et même leurs tentatives de fuite. A peu près au même moment, je tournais un court-métrage dans un hôpital psychiatrique situé à Téhéran, celui-là même qui avait accueilli mon ex-mari et où je décidais de donner la caméra aux patients : soit un film co- réalisé par les patients
Nous avons alors décidé de réaliser ensemble une série de petits documentaires pour la télévision iranienne intitulée White psyché, sur la question psychiatrique et l’histoire de la psychiatrie moderne en Iran : notre idée était d’informer les spectateurs iraniens, de lutter contre les préjugés sur les personnes atteintes de maladies mentales en Iran. Etre atteint d’une maladie mentale, en Iran, c’est aujourd’hui un sujet tabou, c’est recouvrir sa famille d’opprobre, avoir la quasi-certitude d’être enfermé loin de toute vie sociale, quel que soit l’état de la maladie, abandonner le moindre espoir de réinsertion.
Il y a quatre ans, Hesam, qui avait déjà passé beaucoup de temps avec les patients d’Ehsan House pour son court-métrage et y revenait de temps en temps, décide de fêter son anniversaire de mariage dans le Centre, avec les patients, avec pour seul objectif d’offrir un moment de célébration à des personnes qui n’en ont presque jamais. Il m’a proposé de filmer cette cérémonie.
Quelques semaines plus tard, alors que nous visionnions tous les deux le film de cette célébration, nous avons compris qu’il se passait quelque chose entre les patients, comme nous ne l’avions jamais vu avant. Les patients hommes et femmes, qui depuis toujours vivaient séparés en raison de règles très strictes, avaient eu ce jour-là la possibilité de s’assoir à quelques mètres les uns des autres le temps d’une célébration. Sous nos yeux, des regards, des paroles s’échangeaient entre certains patients. Deux patients, (Sahar et Seifollah), se sont mis à danser ensemble, ce qui est strictement interdit.
Quelque chose se passait dans cet institut qui ne pouvait être imputable à cette seule célébration. Nous sommes retournés voir le directeur de l’institut, le Dr Ramezan et nous lui avons fait part de notre intérêt à nous pencher sur une telle question. Il a confirmé nos observations : oui il existe certaines « affinités » entre des patients, et un projet de mariage à
« Ehsan House » venait même d’être proposé par un donateur. Nous lui avons demandé de pouvoir tourner ce projet. Ayant déjà confiance en Hesam avec qui il avait déjà travaillé, le Dr Ramezan a dit oui.

Ce projet, nous pensions, allait peut-être nous aider répondre à nombre de questions que nous nous posions sur ces centres, sur les patients qui les occupent, sur leurs maladies. C’était aussi l’occasion de s’attaquer une fois de plus aux préjugés qui ont cours en Iran sur eux. Ce jour- là, sans penser à comment nous allions produire ce film, nous décidons de nous investir totalement dans ce projet.

 

Caractères productions

Un film-métaphore

Ehsan House est pour nous une métaphore de l’Iran, celle d’une société fermée, avec son droit patriarcal inique, plaçant sans cesse des obstacles dans les relations entre hommes et femmes, qui ne peuvent avoir un quelconque type de relation autre que familiale. Un système plus violent encore pour les femmes : Marjan doit obtenir l’autorisation de son père pour se marier car celle d’Ehsan House ne suffit pas; les hommes, comme Mohamed Reza, ne connaissent pas ces limites. En Iran les relations sexuelles avant le mariage restent un tabou absolu. Or les couples se marient de plus en plus tard. Que faire pendant toutes ces années ? La nouvelle génération se débat pour récupérer son droit fondamental à une vie privée.
Avec ce film nous voudrions remettre en question la construction sociale iranienne. Les intellectuels français des années 70-80, que beaucoup (surtout dans le milieu artistique) continuent de lire ici, comme Foucault, Deleuze, Guattari, sont pour nous plus que jamais d’actualité. En remettant en question le concept de psychiatrie moderne, ils interrogent toute une conception du pouvoir. Nous voudrions à notre échelle proposer, dans des termes pratiques, un terrain pour développer une réflexion sur le pouvoir et la folie dans une société islamique comme la nôtre: qu’est-ce qu’un pouvoir invisible ? Comment fonctionne-t-il ? Jusqu’où on peut décider à la place quelqu’un d’autre ? Qui est fou et qui est sain d’esprit, des patients et des docteurs ? Où se place le bien, où se place le mal ? L’amour peut-il sauver un patient ? Nous n’allons pas donner de réponse. Nous voulons seulement partager ces  questions avec le public. Et faire part de nos doutes : ce projet est-il juste depuis le début ? Est-il vraiment bon pour les patients ? Sahar et Seifollah devraient ils se marier ?

Travailler avec les patients

Nouer des relations avec les patients est une chose très compliquée. Leur maladie et les souffrances qu’ils ont endurées imposent de les protéger, pourtant nous avons souhaité qu’ils participent au film. Dans ce cadre, préserver leur intimité était peut-être notre plus grande préoccupation. Nous ne voulions pas abuser de notre pouvoir de réalisateurs. Même si, à Ehsan House, ils ne bénéficient de presqu’aucune intimité : ils dorment dans des dortoirs collectifs, prennent leurs douches ensemble, ils ont si peu de moments à eux.
Nous avons expliqué longuement aux patients le sujet de notre film, notre objectif. Ils devaient tous avoir conscience de notre travail. Certains qui ne voulaient pas être dans le film en sont totalement absents. Pour ceux qui ont participé, nous leur donnions à chaque prise la possibilité d’aller voir leurs propres images derrière la caméra.
Ceux que nous avons suivis avaient un vrai désir de s’exprimer. Mais alors, certains se mettaient parfois à évoquer face caméra des événements très personnels que nous ne voulons pas montrer, en particulier sur leur vie intime, sexuelle, ou le détail des violences familiales dont ils sont soufferts. Nous avons exclu ces passages, voulant éviter tout sensationnalisme, mais voulant comprendre les aspirations des patients et leurs relations intimes.

 

Caractères productions

 

Quartier impopulaire

25 NUANCES DE DOC

France 2 est fière de proposer pour une quatrième saison l'espace documentaires : « 25 nuances de doc » ! Ce rendez-vous propose chaque mardi des films uniques, français, européens ou d’ailleurs, des films inédits ou des grands classiques. Son ambition est de mettre en avant le cinéma documentaire, avec des œuvres singulières et fortes, pour donner à voir un monde tout en nuances.

 

25 nuances

55'

Réalisation
Atieh Attazardeh
Hesam Elsami

Production
Etienne de Ricaud
Hesam Eslami
Atieh Attarzadeh

Image
Mehdi Azadi
Moslem Tehrani

Montage
Farid Daghagheleh
François Sculier (consultant)

Son
Mehrshad Malakouti
Benjamin Laurent

Musique Originale
Amen Feizabadi

 

Pôle Société & Géopolitique France Télévisions
Renaud Allilaire
David Amiel

 

Directrice de l'unité documentaires de France Télévisions
Catherine Alvaresse 
 

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Le documentaire est disponible en visionnage sur
https://www.francetvpreview.fr/ 

 

et en replay pendant 60 jours sur
https://www.france.tv/france-2/25-nuances-de-doc/

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