PMA LE MEILLEUR DES MONDES
« INFRAROUGE » PRÉSENTÉ PAR MARIE DRUCKER

« PMA, le meilleur des mondes ? »

Mardi 21 mai à 23.25

Avec les techniques médicales de procréation, tous les enfants sont désormais possibles. Seule ou à deux personnes de même sexe, avec ou sans son propre patrimoine génétique. Aujourd'hui, plus de 25000 enfants naissent chaque année via la PMA en France. Mais celle-ci reste exclusivement réservée aux couples hétérosexuels.

Le désir d'enfant, lui, traverse tout le monde : célibataires, couples gays et lesbiens. C'est ce que les personnages de "PMA, le meilleur des mondes ?" prouvent à chaque instant.

Alors la médecine procréative doit-elle répondre à tous ces désirs ? La société peut-elle penser aussi vite que les avancées techniques ? Comment imaginer ce que la reproduction artificielle modifie de notre Humanité ? Ce sont ces questions auxquelles plusieurs experts (médecins, psychanalystes, membres du Comité d'éthique) tentent de répondre. La révision des lois de bioéthique devrait être le moment propice pour penser calmement cette (r)évolution. Mais sera-t-elle suffisante alors qu'une industrie de la reproduction est déjà à l'oeuvre pour répondre à tous les désirs d'enfant... ?

 

Séparation

 

Le 25 juillet 2018, Louise Brown fêtera ses quarante ans. Cette Britannique de Bristol, mère d'un petit Cameron et employée modèle dans une entreprise de transport, retient régulièrement l'attention des médias. Elle incarne à elle seule le symbole d'une révolution silencieuse de l'humanité. Louise Brown est le premier bébé-éprouvette du monde.

Depuis 1978, année de sa naissance, près de six millions de bébés ont vu le jour grâce à l'assistance médicale à la procréation. La médecine reproductive a permis de palier l'infertilité de millions de couples. Ce que l'on ne soupçonnait pas alors, c'était que cette médecine reproductive allait ouvrir la porte à une véritable révolution sociétale, celle de la reproduction artificielle de l'humain. Une révolution où l'on aiderait des adultes parfaitement fertiles à fabriquer leur enfant.

Mais ce phénomène rencontre un obstacle majeur en France : celui de l'adaptation de la loi à l'évolution sociétale. En France, femmes seules ou en couple n'ont pas accès à la procréation médicalement assistée. Célibataires, lesbiennes mariées ou non, femmes de plus de 43 ans doivent partir en Espagne, en Belgique ou en République tchèque pour accéder à leur désir d'enfant. Elles dépensent parfois des fortunes pour tomber enceintes. En 2019, les lois de bioéthique -qui englobent les questions de procréation médicale- seront révisées.

Depuis quarante ans, la médecine reproductive n'a de cesse de franchir les barrières biologiques imposées aux femmes, aux hommes et aux couples. Désormais, tous les enfants sont possibles, y compris pour une femme seule, un couple lesbien, une femme au corps trop « vieux », une femme totalement stérile, … Les enfants se choisissent déjà en fonction de leur sexe ou de leur patrimoine génétique, surtout pour des raisons médicales, et bientôt, ce sera en fonction de la couleur de leurs yeux ou de leurs cheveux. On peut transplanter des utérus, faire appel à des dons d'ovocyte, acheter des paillettes de sperme par internet, …

En découvrant l'ensemble des possibilités offertes par la médecine, nous avons mis le doigt sur la notion de limites et sur l'essence même de ce désir d'enfant. Quand le corps ou la vie -orientation sexuelle, âge, ...- dit « non », elles et ils n'ont pas voulu renoncer. Nombreuses sont donc celles qui se sont tournées vers la médecine reproductive pour « soigner » leur infertilité.

Cette médecine qui soigne est une évidence lorsque le corps est malade. Mais que devient-elle lorsqu'elle soigne une infertilité d'un nouveau genre, l'infertilité dite « sociale » qui concerne les femmes seules, les retardataires ou les couples homosexuels ? Ne devient-elle pas une médecine de « confort » qui vise d'abord à assouvir tous les désirs de parentalité ?

Cette réflexion et ce questionnement sur ce qui se joue avec la médecine reproductive est devenu un projet de film.

 

Séparation

 

Note d’intention de Laure Noualhat et Jean Crépu: 

J’ai 43 ans et pas d’enfant. Cet état de fait, cette « nulliparité », a été au centre de plusieurs années de réflexions et d'explorations intimes. Ce choix, ce renoncement assumé à l'enfant, est celui de 10% des femmes en France et dans le monde. Elles sont ultra-minoritaires. Elles sont d'autant plus minoritaires qu'aujourd'hui, ne pas avoir d'enfant relève presque de l'exploit.

J’ai voulu confronter mon approche de ce sujet avec quelqu’un qui a un parcours diamétralement opposé au mien.

J'ai rencontré Jean Crépu il y a sept ans au festival Visions du réel de Nyons (Suisse). Nous sommes devenus amis au fil des années et avons toujours échangé sur nos projets professionnels. Au fil de nos discussions, un projet de co-réalisation nous a paru évident.

J'ai 59 ans et trois enfants. Tous issus de l'amour et d'une procréation « naturelle ». Mes enfants sont nés dans une époque où les femmes venaient de remporter le droit à la pilule et à l'avortement. A une époque où l'on a découplé la sexualité de l'enfantement. Aujourd'hui, ce découplage est à son paroxysme et une partie de la société se bat pour le droit à l'enfant: quand on veut, comme on veut, où on veut.

Il nous a paru impératif de coupler nos regards et nos parcours diamétralement opposés pour aborder ce sujet de société. Le projet de ce film est l’expression de cette richesse venue de nos deux parcours, de nos deux regards et cela se traduit aussi bien sur le fond que sur la forme.

Hommes et femmes ne peuvent aborder l'AMP de façon identique.

Ce film est surtout un film d'écoute et d'humilité face aux parcours de celles et ceux qui n'envisagent pas leur vie sans enfant. Notre société n'accorde plus de place au renoncement, au contraire, elle est le terreau de l'assouvissement de tous les désirs. Couplé à l'économie de marché, aux lois hypocrites et à une médecine qui s'affranchit des barrières biologiques, le désir d'enfant ne connait plus de limite.

En plaçant notre caméra au plus près des personnages, dans le cabinet du médecin, en route pour la clinique ou dans la chambre de l'enfant à venir, nous voulons écouter la volonté à toute épreuve des futurs parents. Ils raconteront les infernales embûches pour en arriver là, le parcours médical qui n'est pas de tout repos, les doutes qui les assaillent, cette peur qui menace lorsque la médecine ne fonctionne pas. Mais aussi la joie profonde de parvenir à leurs fins et de serrer, enfin, leur bébé dans leurs bras. En les suivant dans leur parcours, nous allons inévitablement les amener à questionner leur désir. Et interroger le rapport entre société, droit et ressorts intimes.

Car ce sujet est aussi un sujet de société qui traverse les communautés politiques, scientifiques et intellectuelles. La rue s'est même emparée du sujet lors du débat sur le mariage pour tous. Le professeur René Frydman -co-parent du premier bébé éprouvette Amandine- a lancé un appel « le droit de choisir » début 2017 pour que les lois françaises donnent plus largement accès à la PMA. Son ex-collègue Jacques Testart refuse l'artificialisation de la reproduction humaine.

Le film interroge en creux l' « hubris » parental, cette société où vouloir un enfant s'apparente à un droit pour lequel il faut se battre et même manifester dans la rue.

 

BIOGRAPHIES :

LAURE NOUALHAT

Laure Noualhat est journaliste, auteure et réalisatrice.

Après avoir travaillé quinze ans au sein de la rédaction de Libération sur les questions environnementales, elle se consacre désormais au temps long en écrivant et/ou en réalisant des documentaires. Elle a coréalisé Après-Demain avec Cyril Dion pour la case Infrarouge en 2018. Mais aussi enquêté sur les sujets nucléaires, climatiques et énergétiques.

Sa spécialité sur les questions écologiques l’a logiquement amenée sur le front de la technique lorsque celle-ci rencontre le désir d’enfant.

C’est pourquoi en parallèle, elle a publié Lettre ouverte à celles qui n’ont pas (encore) d’enfant (éditions Plon) qui vient compléter de manière intime et politique, le film PMA, le meilleur des mondes?.

JEAN CREPU

Jean Crépu est auteur réalisateur.

Il a réalisé de nombreux documentaires et reçoit plusieurs récompenses dont le prix du meilleur documentaire au Festival du scoop d’Angers, en 2000, pour Enfant de collabo, la mémoire d’un père (France 2) et le Grand prix du festival international du film scientifique Pariscience, en 2006, pour Dr Virus et Mr. Hyde (France 5). En 2009, il reçoit une étoile de la Scam pour L’Histoire secrète de L’Archipel du goulag (Public Sénat).

En 2010, il réalise Main basse sur le riz (Arte) et reçoit le fipa d’or des Grands Reportages et Faits de société au FIPA (Festival international de programmes audiovisuels) ainsi qu’une étoile de la scam.

En 2016 il est lauréat au festival Imagésanté de Liège pour le film Le virus qui soigne (Arte)

Parmi sa filmographie : Une pieuvre nommée Bercy (France 5),  Traders, le marché secret des matières premières (Arte), Sur la piste des manuscrits de Tombouctou (France 5), et dernièrement Coup de poker sur l’essence (Arte)

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Un film de
Laure Noualhat
et Jean Crépu

Produit par
Samantha Campredon

Production 
GRAND ANGLE PRODUCTIONS 

Avec la participation du
Centre national du cinéma
et de l'Image animée 

et de 
France Télévisions

Pôle documentaires société & géopolitique France Télévisions 
Anne Roucan
Renaud Allilaire

Directrice de l'unité documentaires de France télévisions 
Catherine Alvaresse

 

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Le documentaire est disponible en visionnage sur 
https://www.francetvpreview.fr/

 

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Stéphanie Lacroix
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