Les congés payés, la semaine de 40 heures, des femmes au gouvernement, Léon Blum est le symbole du Front populaire. Mais son histoire ne commence ni ne s’arrête à 1936 et son destin est souvent méconnu. Adoré du peuple ouvrier, Léon Blum fut aussi l’homme le plus haï de la IIIème République.
Du dandy lettré à l’affaire Dreyfus qui éveille sa conscience, de la victoire du Front populaire à l’Occupation, du procès de Riom à sa déportation en Allemagne, puis à son bref retour pour reconstruire la République après la guerre, “Léon Blum, haï et adoré” revient sur la vie et le parcours politique et personnel de Léon Blum.
A travers un récit à la fois historique et intime, ce film dresse le portrait d’un homme profondément engagé, qui fut de tous les combats de son époque et dont l’héritage et la force de conviction résonnent encore aujourd’hui.
Intervenants
Robert Badinter, Ministre de la Justice 1981-1986
Ilan Greilsammer, Politologue
Serge Berstein, Historien
Pierre Birnbaum, Sociologue
Note d'intention
Raconter l’histoire, c’est faire acte politique, raconter celle de Léon Blum a fortiori. Aujourd’hui, l’homme semble faire l’unanimité, en surface. Tous les politiques le citent, à gauche comme à droite et conviennent qu’il ne s’agit pas d’un homme politique comme les autres, qu’évoquer Blum, c’est parler d’abord d’un mythe. Pourtant le symbole des 40 heures et des congés payés n’est toujours pas panthéonisé, comme si la figure blumienne dérangeait encore. Certes, le personnage est loin d’être lisse. Mais finalement c’est ce qu’il a suscité et ce qu’il suscite toujours qui nous a aussi fasciné.
Raconter Léon Blum, c’est évidemment revenir sur un mythe populaire ouvrier, mais c’est aussi relire une histoire de la première moitié du XXe siècle à travers le prisme de l’espoir d’un éternel optimiste. Car les années Blum, celles de l’Affaire Dreyfus à la Libération sont des décennies schizophréniques, celles d’une France déchirée entre ses passions. Et parce que Blum pour la première fois dans l’histoire de la République représente cette personnification du pouvoir, il va être l’objet d’une dévotion inattendue et d’une haine obsessionnelle.
Raconter Léon Blum, c’est aussi raconter paradoxalement l’histoire d’un héros oublié. Un personnage à l’aura romanesque, doublé d’un homme d’Etat. Qui n’aurait pas envie de raconter cet homme aux mille vies, au destin contrarié, dont tout le monde semble n’avoir retenu de lui que le Front populaire.
Notre intention dans ce film fut alors de dessiner un homme en retenant ce qui l’avait bouleversé et ce qui l’avait révélé à lui-même. Ses rêves, ses engagements, ses victoires. Un conte initiatique en somme où l’archive filmique, la photographie et l’aquarelle devaient se fondre pour raconter l’histoire d’un homme qu’on appelait Chrysanthème à l’aube de ses vingt ans pour la fleur qu’il portait à sa boutonnière et qui va devenir pour plusieurs générations d’ouvriers le camarade Blum.
Nous avons regardé Léon Blum à travers les yeux de ses trois épouses, aussi dévouées qu’éperdument amoureuses, ceux des premiers vacanciers du bel été 36, qui signaient simplement « des ouvriers en vacances ». Parce que finalement, tout au long du film, nous nous sommes tellement sentis proches de lui, que le mythe pour nous est devenu Léon.
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Réalisé par Julia Bracher et Hugo Hayat
Ecrit par Julia Bracher et Hugo Hayat
Produit par Serge Lalou, Sébastien Onomo- LES FILMS D’ICI 2
Unité Documentaire : Clémence Coppey et Danièle Bénichou