magazine présenté par Ali Baddou avec Virginie DESPENTES et Barbet SCHROEDER

Virginie Despentes est l’invitée d’Ali Baddou pour ce 16e numéro de Drôle d’endroit pour une rencontre.

Rockstar de la littérature française, elle a une place à part dans notre paysage littéraire. Rares sont ses interviews à la télévision, mais elle a accepté le temps long de la conversation avec Ali Baddou à l’occasion de la sortie du 3^e et ultime volet de sa trilogie Vernon Subutex.

C’est aux Grands Vergers, dans le 12^e arrondissement de Paris, que nous lui avons donné rendez-vous. Un immense centre de tri postal, situé non loin de la Gare de Lyon – abandonné depuis des années… Mais sous l’impulsion d’un collectif, le lieu est en passe de revivre. Baptisé Les Grands Vergers, l’espace se transforme en un lieu alternatif, culturel, et collaboratif. Une première étape dans sa réhabilitation, avant de devenir en 2025 un quartier « vert » de 6 hectares, avec 600 logements, une crèche et une école.

Dans ce lieu, symbole de la transformation de notre société, Virginie Despentes évoque ses parents employés à La Poste, ses premières manifs pour accompagner leur combat syndical. Elle raconte ainsi la genèse de son engagement politique. À ses débuts, elle était punk et en marge. Aujourd’hui, elle assume d’être devenue bobo : « ce n’est pas une insulte, juste la réalité ». Mais une chose n’a pas changé : ses convictions féministes. Face à un improbable tableau d’Edith Cresson, elle évoque à bâtons rompus la politique, ses modèles féminins, la dureté accrue de la société notamment vis-à-vis des femmes… Mais alors pourquoi avoir choisi un héros masculin pour sa trilogie ? « Parce que c’est plus simple et cela prête moins à interprétation ! C’est triste mais c’est vrai ».

Puis vient le temps de l'interview posée, au cœur du dispositif imaginé par Philippe Starck.

Ali Baddou interroge alors Virginie Despentes autour de l’écriture. Vernon Subutex 3 a été écrit après les attentats du Bataclan, de Nice, d’Orlando… Des pages bouleversantes qui pourtant « n’ont pas été écrites plus difficilement que d’autres. Le choc était tellement effroyable que les mots sortaient comme le sang d’une plaie ». Virginie Despentes a mûri, s’est assagie, mais elle écrit et radiographie comme personne notre société. Ali Baddou l’interroge sur son processus d’écriture, ses influences, et cette expérience particulière d’écriture sur trois volumes.

Enfin, Barbet Schroeder rejoint Virginie Despentes pour sa drôle de rencontre.

L’immense cinéaste a les honneurs d’une rétrospective au Centre Pompidou. Mais à 75ans, cet infatigable réalisateur est aussi à l’affiche avec un nouveau documentaire, éblouissant et terrifiant : Le Vénérable W, présenté au 70^ème Festival de Cannes, qui vient clore sa trilogie du mal entamée il y a plus de 40 ans.

Barbet Schroeder et Virginie Despentes ont en commun le goût des marges et de la vérité, ils ont tous deux réalisés des films crus et censurés. Ils échangent aussi sur leur admiration commune pour Charles Bukowski, héros d’un documentaire de Barbet Schroeder et icone littéraire de Virginie Despentes.

Drôle d'endroit pour une rencontre avec Ali Baddou : une parole libre, généreuse, et incisive.