Les corsaires apparaissent au Moyen-Âge. Ce sont des armateurs et des capitaines de navire civils victimes du pillage de leurs vaisseaux, qui obtiennent de leurs suzerains le droit de représailles. Ainsi naît la "guerre de course", où les nations ennemies sont combattues par des attaques à leur commerce.
Pour autant, la pratique est hautement réglementée.
La "guerre de course" est soumise aux lois de la guerre et n'est autorisée qu'en temps de guerre. Les corsaires détiennent une "lettre de marque" émanant du roi qui les autorise à attaquer les navires marchands battant pavillon ennemi.
Leur statut est équivalent à celui des militaires, sans être rattachés à un état-major. Capturés, ils ont droit au statut de prisonnier de guerre. Ce qui n'est pas le cas des pirates : ces brigands des mers, qui ne peuvent présenter de lettre de marque, finissent généralement pendus haut et court.
L'assaut d'un navire doit être "loyal". On peut ruser en arborant un pavillon neutre ou allié. Mais à partir d'une certaine distance, les corsaires ont obligation de hisser leur véritable pavillon. En cas contraire, il s'agit d'une "traîtrise".
Durant les attaques, la vie et les biens personnels de l'équipage ennemi et des passagers sont respectés. Des scellés sont posés sur les coffres, malles, armoires des prisonniers par l'écrivain de bord. Seuls le navire et sa cargaison sont pris en butin.
Une fois l'attaque conclue, le corsaire vainqueur rentre à son port d'attache. Autre solution, continuer la course à deux navires. Ce qui n'est pas sans risque. Outre la manœuvre des navires, il faut surveiller l'équipage prisonnier...
Le retour au port est lui aussi très normé. Le capitaine corsaire dépose à l'Amirauté son rapport de mer. Les officiers d'administration l'examinent durant plusieurs jours. Pendant ce temps, nul n'a le droit de descendre à terre. Les officiers dressent le procès verbal d'inspection du navire, vérifient que les scellés apposés sur les biens personnels sont intacts. Ils apposent un sceau sur les écoutilles pour éviter le débarquement clandestin de parties du butin à la nuit tombée. Enfin, ils interrogent les prisonniers et les conduisent vers les prisons de la ville.
Alors seulement, l'équipage peut quitter le navire. Commence alors l'attente du verdict du Tribunal des Prises, nécessaire avant la vente aux enchères du butin de prise. Les prisonniers font l'objet d'une transaction avec l'armateur du navire conquis. On lui propose leur libération contre rançon ou par échange avec un nombre équivalent de prisonniers.
En plus du navire, le butin est très varié : fruits et légumes, vin et eau-de-vie, sucre, poisson et viande, cuirs, bois précieux, indigo, épices, café, chocolat. Le produit de sa vente aux enchères est partagé suivant une répartition décidée à l'avance.
Pour encourager la prise de risque des armateurs, l'État choisit de ne toucher que des droits d'enregistrement réduits, alors qu'auparavant il prélevait entre 10 et 20%. L'armateur s'attribue deux tiers des prises, le tiers restant revenant à l'équipage.