Le monde en face, présenté par Marina Carrère d'Encausse, propose le documentaire "Retour à la terre" réalisé par Alexandra Riguet.
A l’heure où le monde bascule, de jeunes agricultrices anticipent les grands changements de notre société. Amandine Dupuy, Cécile Domergue, Justine Vigne, Amélie Astoury sont agricultrices, viticultrices, elles font partie de la jeunesse qui a décidé que l’on peut changer notre manière de vivre sur cette planète.
C’est un acte courageux dans un espace agricole où le nombre d’exploitations a été divisé par quatre : aujourd'hui on en compte 451 000.
En cinquante ans, la France a perdu 3 millions d’agriculteurs. Ils étaient 4 millions dans les années 60, aujourd'hui, ils ne sont plus que 900 000.
En dépit des alertes et des aléas climatiques, du mal être du monde agricole, elles ont décidé de revenir sur les terres de leurs parents. Certaines veulent abandonner le recours à la chimie, quitter une agriculture « conventionelle » afin de revenir vers des pratiques plus respectueuses de la terre. Elles se confrontent parfois aux tempéraments forts de leurs parents qui se sentent bousculés dans leurs habitudes.
Ces femmes incarnent la nouvelle génération prête à changer les pratiques de leurs parents pour prendre soin de notre terre. Elles nous parlent de la manière dont nous voulons nous nourrir et dont nous voulons vivre.
Dans un village de 350 habitants, dans la Beauce, le grenier à blé de la France, connu pour ses traitements chimiques, Amandine Dupuy, 36 ans, s’apprête à reprendre les rênes d’une exploitation familiale de 150 hectares. C’est une pionnière dans cette région où seules 3% des terres sont en bios. Elle a fait ce que Pierre-Yves, son père n’avait jamais osé faire, pris dans l’engrenage de l’agriculture intensive. Il l’accompagne dans ce projet de reconversion mais leurs caractères tempétueux se heurtent, parfois jusqu’au bord de la rupture. Au risque de mettre en péril la pérennité de la ferme.
Amélie Astury, 30 ans, a décidé de réaliser un rêve qui la tient depuis qu’elle a 18 ans : aller vivre au fin fond de l’Ariège et devenir paysanne dans la ferme qu’Alice, sa grand-mère de 92 ans n’a jamais quitté. Sa détermination et son bon sens paysan déjà affirmés donnent envie de croire à son projet : faire pousser un verger bio sur les 23 hectares qui s’étendent autour de la ferme. Alain, son père, cadre commercial à Toulouse, est inquiet pour elle : il a trop vu ses parents souffrir au travail. Elle doit se battre pour le convaincre de lui mettre les terres à disposition car elle ne pourra rien faire sans son soutien.
Dans la région d’Avignon, ce n’est qu’au bout de 10 ans de pratique agricole que Justine Vigne a pu réaliser son rêve de devenir vigneronne sur les terres de son père, Marc, qui a encore des doutes sur sa capacité « à devenir paysanne ». Car il fait partie de cette génération qui considère que la terre est un sacerdoce, on doit tout lui sacrifier… Le duo évolue avec un mélange tendresse et d’échanges bougons. Un duo étonnant : Justine l’hédoniste qui élève son vin en amphore et Marc l’agriculteur qui a une vision dure et austère du métier.
De plus en plus de jeunes femmes se lancent dans le vin. Mais une femme qui reprend une exploitation viticole, tenue par sa mère, c’est plus rare.
Au pied de la montagne noire, dans un paradis perché au milieu de 12 hectares de cépages ancestraux rares, vivent deux vigneronnes, la mère et la fille, Patricia et Cécile Domergue.
Depuis quatre ans, elles travaillent ensemble. Cécile est née ici, elle va bientôt diriger le domaine car Patricia va prendre sa retraite. Mais Patricia réfléchit à la manière dont la succession de ce patrimoine prestigieux doit s’organiser sans léser Virginie, sa fille aînée qui ne vit pas sur le domaine.
Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d'Encausse propose un débat avec plusieurs invités.