Au départ, le hashtag «Meetoo», qui a été déclenché par l'affaire Harvey Weinstein, du nom du fameux producteur de cinéma accusé d'agressions sexuelles à Hollywood, semblait être un phénomène américain. Mais ce hashtag a fini par être décliné dans toutes les langues.
Et si cette vague venue d’Amérique avait touché la France ?
Au début, on a cru que l'affaire Harvey Weinstein, qui vient d'être condamné à 23 ans de prison pour le viol et l'agression sexuelle de deux femmes, et les millions de tweets #MeToo qui ont suivi, ne nous concernaient pas. Même, la version française #Balancetonporc ne dépassait pas le stade de la blague un peu désagréable.
On ne voulait pas voir que le #Metoo faisait le tour du monde, décliné dans toutes les langues, tweeté et retweeté par des Espagnoles, des Pakistanaises, des Chiliennes, des musulmanes à la Mecque, des religieuses au Vatican, des ultraorthodoxes juives à Jérusalem - 82 pays - qu’il faisait tomber des hommes de pouvoir, du patron de Uber aux animateurs vedettes de la télévision américaine, en passant par le comité du prix Nobel de littérature, le candidat à la présidence de Corée du Sud, le ministre des Affaires Etrangères d’Inde…
En France, on entendait surtout les critiques de cette vague sans sentir l’onde de choc dans notre société française.
On entendait moins les centaines de milliers de tweets #Metoo, ces hashtags devenus des cris de ralliement dans le monde virtuel d’abord, puis dans la vraie vie où le couvercle se soulevait, où des femmes se disaient victimes de comportements déplacés, de harcèlement ou d’agression sexuelle.
On ne sentait pas les paroles libérées, les lignes qui bougent entre les hommes et les femmes, les prises de conscience, les changements de comportement, le statu quo qui se fissure, les mœurs et les lois qui évoluent depuis deux ans.
Pendant deux ans, loin des radars médiatiques, il s’était pourtant passé quelque chose dans notre pays.
Ce film est l’histoire de cette parole qui se diffuse, celle de ces Françaises et de ces Français qui ont osé mener la révolution Metoo, du silence de l’anonymat jusqu’au grand bruit public.
Il y a d’abord Anne Gosselin, jeune cadre marketing, qui en pleine révélation de l’affaire Weinstein, s’ouvre à son compagnon Valentin du harcèlement sexuel qu’elle dit subir au travail. La parole est d’abord difficile, jusqu’à ce qu’elle trouve le courage de porter plainte.
Il y a, ensuite, des couples comme Nadège et Fabrice, et Yvon et Paule, membres de clubs services féminins ou masculins à Marseille qui se remettent en cause, évoquant #Balance Ton porc, ou la célèbre tribune sur la liberté d’importuner signée par Catherine Deneuve se livrent à leur propre introspection.
A contre-courant des opinions médiatiques du moment, des jeunes femmes prêtent alors soutien aux paroles de Sandra Muller, accusée de diffamation par Eric Brion. Elles dénoncent le harcèlement sexiste au quotidien dont elles sont victimes comme Marie Laguerre, ingénieure et étudiante en architecture ou Safietou Ndoye, 20 ans, étudiante en langues étrangères, tandis qu’Eric Brion obtient gain de cause de la part de la justice.
« Quand une femme nous parle, on ne peut plus faire comme si on avait pas entendu » : à Saint-Nazaire, Laurianne Deniaud, première adjointe au maire soutenue par Annie Lahmer, adjointe au maire du 2ème arrondissement de Paris, et toutes celles qui avaient parlé dans l’affaire Baupin, ose à son tour révéler les confidences d’une conseillère municipale évoquant un viol. L’une parle puis l’autre, puis encore une autre, partout le couvercle saute… A l’international et dans notre pays. Les hommes sont obligés de réagir, tels le rappeur Vin’s et ses amis, ou les musiciens comme Olivier Degardin trompettiste, dirigés par la chef d’orchestre Mélanie Lévy-Thiébaut.
Durée : 70'
Un film réalisé par Anne Richard
Ecrit par Annette Levy Willard et Anne Richard
Une production Cinétévé avec la participation de France Télévisions, la RTS, la RTBF, la région Ile-de-France, la Procirep/Angoa, le CNC