Irène, la première série des lycéens du BTS audiovisuel du LPO de Pointe-Noire, débarque ce lundi à 18h45 sur Guadeloupe 1ère !
C'est l'histoire de la rencontre d'Irène, jeune fille issue d'un milieu aisé, avec un homme considéré comme marginal. C'est « la rencontre entre deux mondes : le petit peuple et la classe moyenne » , explique le réalisateur.
Irène marche et exprime un bien-être que des observateurs envient et souhaiteraient partager avec elle. Sa fierté, sa démarche de jeune femme prête à affronter la vie, bien dans sa peau énervent son entourage. Elle travaille, affirme son autonomie et chaque jour emprunte les mêmes ruelles de sa ville, ce qui provoque les mêmes réflexions. Elle, qui ne s’enferme dans aucun regard et évacue tous les quolibets, n’a jamais cessé de croire en elle en dépit de cette pression et agressivité permanente.
Ce matin elle fait une drôle de rencontre, face à la violence sa réaction est pour le moins troublante. Ce qui est en apparence une simple coïncidence, un fait anodin de son environnement, s’impose à elle comme une obsession, une peur. Sous le coup de l’émotion, elle semble se focaliser sur l’importance de la vie et se rappelle des lieux de son éducation religieuse. Mais sortie de l’église elle demeure toujours dans la jungle.
C’est ce genre de journée où l’on ferait mieux de rester au lit et l’on regrette d’avoir cédé aux cris du devoir…
Série télévisée de 10 épisodes, réalisée par des étudiants du BTS Audiovisuel du LPO de Pointe-Noire (promotion 2015-2017) - durée : 6’
Note d'intention
La violence se loge au quotidien dans les propos, les regards, les attitudes et les comportements
multiples. Irène, une jeune femme qui n’a jamais connu de difficultés est dans une situation
enviable mais ne se laisse enfermer dans aucune prison. Elle perçoit un salaire qui lui suffit
pour mener une vie sans préoccupation du lendemain. Aujourd’hui, Irène s’englue dans un
cycle infernal ou les événements la dépassent. Elle est belle, désirable, satisfaite d’elle-même
et découvre les affres d’un monde parallèle. Son combat pour garder son travail ne l’autorise
guère à prêter attention à des ambiances où fusent mépris et regards dédaigneux. Jadis croyante
et distante, désormais cette période d’assurance s’achève. Sur son chemin s’invite cette violence qui forge le quotidien de la vie en Guadeloupe. En la décrivant on la comprendra mieux, la combattra mieux ou peut-être on se résignera. Les campagnes successives relatives aux désarmements de la population ne montrent toujours pas le retour au calme. Cette répétition insupportable est au coeur de la résignation d’une grande majorité de Guadeloupéens et montre qu’une certaine peur taciturne provoque indifférence et banalisation des actes.
La vie d’Irène bascule dans un vide et elle ne sera plus jamais la même personne. Je veux
montrer comment la violence gangrène notre société et comment enfermés dans notre égoïsme
nous avons tourné le dos à une tradition sociale et une solidarité qui faisaient notre réputation.
Les barrières de plus en plus hautes des propriétés ne suggèrent pas l’hospitalité mais l’insolente
réussite de quelques uns et le drame social que traverse notre région.
Il s’agit pour moi de mettre en perspectives ces inégalités et le grand chantier qui attend Irène.
Irène insouciante deviendra Irène consciente militante, investie d’une mission. Le fait de
montrer les contradictions du pays Guadeloupe éclaire les champs du nouveau dialogue social.
Irène s’interroge sur le pourquoi des injustices. Elle est plus attentive à des attitudes indécentes
qui ne l’interpellaient pas. C’est ce changement de comportement que je veux montrer et ses
effets sur l’entourage proche ou éloigné d’Irène.
Je veux parcourir, illustrer et dresser le tableau des mouvements forts qui fondent l’identité et
la notoriété de la Guadeloupe Il s’agit de laisser Irène mener son nouveau combat, de lui fixer
une démarche en matière de recherche de solidarité et de respect.
Irène a payé le prix fort pour son insolence, son maintien à distance des autres et son
détachement de son quartier. Et son indifférence qui était perçue comme une violence a disparu.
Il faut mettre en lumière l’immobilisme de personnes qui partagent le même socle culturel face
aux victimes de braquage, d’insolence et de violence, tous ces comportements qui révèlent la
profondeur de la fracture sociale. Mais on tient à prouver que la violence même si elle appelle
la violence n’est pas une solution viable dans le futur.
Irène devient un liant social intergénérationnel, un réceptacle sans fond ni couvercle et diffuse
des ondes positives en mettant face à face des gens qui se détestaient et se méprisaient sans
jamais se rencontrer.
Stanley Manicord, réalisateur