La délinquance infantile se nourrit de la misère sociale : au début du XXe siècle, environ 3000 enfants finissaient en milieu carcéral chaque année.
Des lettres écrites au début des années 1900, miraculeusement retrouvées, exhument un fait indigne de la République Française : pendant plus d’un siècle, en plein cœur de Paris des milliers d’enfants ont vécu un calvaire dans les geôles de la Petite Roquette, le pénitencier des enfants aujourd’hui disparu. Ces mots jetés du fond des cellules, témoignent des destins de jeunes détenus, de leurs identités, des maltraitances endurées. Alors que pour l’essentiel, ils étaient innocents. De nos jours de jeunes comédiens se saisissent de leurs écrits pour devenir leurs portes voix, ressusciter leurs âmes, et reconstituer sous forme de fiction documentaire leur vécu carcéral.
Note d'intention
Après avoir consacré des documentaires sur l’enfermement des mineurs à perpétuité aux USA, ou encore en plongeant dans le système français des tribunaux pour enfants que je me suis intéressé au jeunes français traduits en justice avant 1945 et à la Petite Roquette. « Une maison d’éducation surveillée », comme on l’appelait , en vérité un véritable mouroir. Les journalistes ont été les premiers dans les années trente à faire apparaître une vérité cachée, ils ont fait campagne pour dénoncer les traitements scandaleux imposés alors aux enfants détenus.
Le film, les enfants maudits s’inscrit dans cette lignée il se pose comme un témoignage des maltraitances cautionnées par l’Etat, que les enfants même délinquants ne devraient plus jamais connaître.
La thématique portée par ce documentaire reste à mes yeux toujours d’actualité. La délinquance des mineurs, étant un sujet autour duquel on attise sans cesse peurs et démagogie. A fortiori quand la marginalisation d’une jeunesse paumée inquiète, et que l’on compte sur l’augmentation des places de prison pour rassurer les français.
Hier déjà, la Petite Roquette n’était rien d’autre qu‘une école de la récidive, la voix royale pour le bagne. Aujourd’hui rien n’a changé, l’enfermement reste toujours une impasse qui produit dans 70 % des cas un retour en prison. Et comme par le passé le déterminisme social, reste un facteur clé du parcours des mineurs confrontés à la Justice…
Cyril Denvers, réalisateur
Film récompensé au Festival des créations télévisuelles de Luchon 2019 : prix de la réalisation et prix du public. Sélection Fipa 2019.
Durée : 67'
Réalisation et auteur : Cyril Denvers
Co écrit avec : Bénédicte des Mazery
Texte dit par : Emmanuelle Bercot
Producteurs délégués : Candice Souillac et Cyril Denvers
Image : Cyril Denvers
Lumière : Sebastien Metais
Montage : Anne Lorrière
Son: Renaud Natkin
Pôle documentaires Société
& Géopolitique France Télévisions
Renaud Allilaire
Directrice de l'unité documentaires
de France Télévisions
Catherine Alvaresse