Le monde autrement

Depuis une quinzaine d’années, Claire Durand-Drouhin se glisse patiemment dans des mondes très fermés, qu’ils soient prisons ou centres hospitaliers spécialisés en psychiatrie.

En posant son regard, de danseuse et chorégraphe au début puis de cinéaste depuis Blanche Neige en prison & Seconde danse (1), elle bouscule nos idées reçues sur l’enfermement, la folie en même temps qu’elle interroge le pouvoir de l’art.

Avec Le monde autrement, une fois de plus l’approche de Claire est corporelle, parce qu’elle vient de la danse, s’en inspire et s’en nourrit. Le projet part de là, mais il va ailleurs. Il plonge le spectateur dans un monde clos, répétitif, drôle, riche, excentrique et poétique aussi... Car c’est cela que veut Claire, mettre au centre des personnes qui sont habituellement cantonnées à la marge, dans l’ombre, montrer qu’en tout être existe une humanité, une beauté. Tout simplement.

Elle n’explique rien, ne colle aucune étiquette. Elle observe et participe parfois à l’action qu’elle filme. Elle est un personnage du film. Un double positionnement assumé. Car, ainsi adoptée par cette étrange famille, elle peut tout enregistrer. Elle s’immisce dans leur quotidien, filme l’anodin, transforme les gestes et les corps en scènes de cinéma.

Et, progressivement, elle nous amène à voir le monde autrement