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Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle lance sur les ondes de la BBC un appel à poursuivre le combat. L’appel du 18 Juin est, aujourd'hui, porteur des valeurs de dignité, de rassemblement de femmes et d’hommes issus de tous les horizons, de courage, celui des résistants qui ont eu la force de dire « non » à l’occupation.
Ce 80e anniversaire de l’appel du 18 Juin du général de Gaulle et de la naissance de la France libre est l’occasion de rendre un hommage à l'engagement des femmes et des hommes en Outre-mer pendant la Seconde Guerre mondiale avec la diffusion de trois documentaires.
Découvrez une histoire méconnue des Outre-mer.
20.30 - Antilles, la guerre oubliée
Ce documentaire en deux parties (« Vichy aux Antilles » – « La Libération et ses blessures ») revient sur le régime politique mis en place par Vichy aux Antilles, et notamment sur le rôle de l'amiral Robert, son représentant local.
18 juin 1940 : le général de Gaulle, exilé à Londres, prononce un discours dans lequel il appelle les Français « où qu’ils se trouvent » à entrer en résistance. Le général croit la victoire possible bien que, pour les Français, pris dans la débâcle de la Blitzkrieg et l'avènement du maréchal Philippe Pétain, la défaite est bien réelle. Pour de Gaulle, l’espoir réside dans les territoires de l'Empire colonial français qui, à de rares exceptions comme le Protectorat français de Tunisie, ne sont pas occupés par la Wehrmacht. L'enjeu militaire et géostratégique est de taille. De quel côté vont pencher ces territoires, dont les dizaines de millions d'habitants peuvent jouer un rôle décisif ? Le Guyanais Félix Eboué, gouverneur du Tchad, choisit le camp du Général et, avec lui, toute l'Afrique équatoriale française. Le protectorat des îles de Wallis-et-Futuna conserve des liens avec Vichy, alors que la Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles-Hébrides et les Comptoirs de l’Inde française se rallient à la France libre. Dans ce contexte tendu, à l'heure des choix, comment vont réagir les Martiniquais et les Guadeloupéens ? En juillet 1940, le Haut-Commissaire de la République aux Antilles-Guyane, l’amiral Robert, place la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sous l’autorité du maréchal Pétain. En réaction, un certain nombre d’Antillais et de Guyanais quittent leur terre natale pour rejoindre les Forces françaises libres.
Réalisation : Frédéric Monteil • Production : AMC2 , avec la participation de France Télévisions • 2 x 52 min • 2019
21.25 - À l’autre bout de la guerre
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en Europe, les territoires français dans le Pacifique se retrouvent brusquement isolés, confrontés aux combats féroces qui enflamment la zone.
Ces territoires, généralement négligés par l’historiographie, ont pris, pendant la Seconde Guerre mondiale, une valeur stratégique et politique. Les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-Calédonie et dans une moindre mesure les Etablissements français de l’Océanie (appelés ensuite Polynésie française) ont été d’abord des digues protégeant l’Australie et la Nouvelle-Zélande de l’offensive japonaise, puis des bases de reconquête du Pacifique par les Américains. Si on excepte Wallis-et-Futuna où la mission catholique s’est déclarée en faveur du maréchal Pétain et a maintenu les îles dans un isolement presque total jusqu’en 1942, les autres colonies se rallient assez vite au général de Gaulle. Outre leurs richesses minières convoitées par le Japon, le conflit rend la position de ces territoires capitale pour les Alliés soucieux de défendre l’ensemble du Pacifique sud. Ce documentaire dresse le portrait de cet épisode charnière de la Seconde Guerre mondiale, à l'aide d'archives officielles et personnelles, de témoignages des derniers survivants de cette époque, du récit d’historiens de la période et de la région.
Réalisateur Charles-Antoine de Rouvre • Production Zeta Production, avec la participation de France Télévisions • Produit par Miriana Bojic Walter • 90 minutes • 2020
23.00 - L’Océan Indien en guerre
Ce documentaire revient sur un pan méconnu des enjeux, des combats et de la vie quotidienne dans l'océan Indien lors de ce conflit.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, La Réunion, l’île Maurice ou Madagascar connaissent cinq années d’une histoire largement méconnue. Madagascar fait l’objet de luttes d’influence et d’opérations militaires entre Britanniques et autorités françaises vichystes, tandis que l’île Maurice, sous régime britannique, vit dans la peur constante de l’envahisseur japonais. À La Réunion, le gouverneur Pierre Aubert choisit la fidélité à Pétain, bien que l’expression majoritaire, incarnée par la population, les associations, les syndicats, les mouvements politiques, se prononcent en faveur des Alliés. Dès lors, l’ordre moral entre dans les écoles. La presse est censurée comme aux Antilles. Les actes de résistance sont réprimés. À cette emprise pétainiste s’ajoutent les difficultés matérielles et les pénuries liées au blocus maritime, sans doute le pire qu’ait connu une colonie française pendant la Seconde Guerre mondiale. Au début du printemps 1942, la situation militaire se modifie. La Réunion est dans l’attente d’un débarquement des forces alliées au général de Gaulle. Le 28 novembre, après quelques heures de combats, André Capagorry, représentant de la France libre, obtient la capitulation du gouverneur Aubert. La Réunion se retrouve aux côtés des forces gaullistes. L’île entre dans une nouvelle phase de son histoire et devient le 19 mars 1946 le 87e département français.
Réalisation : Jérôme Scemla et Charles Antoine de Rouvre • Production : Zeta Production • Produit par Miriana Bojic Walter • Avec la participation de France Télévisions • Format : 90 minutes • 2019
Entretien avec l'historien Fabrice d’Almeida
Fabrice d’Almeida revient sur l'histoire des combattants des Outre-mer et le rôle des territoires ultramarins pendant la Seconde Guerre mondiale.
ll y a 80 ans, le général de Gaulle lançait l'appel du 18 Juin. 3 500 combattants des Outre-mer ont été recensés par la Fondation de la France libre. Pouvez-vous nous parler de ces combattants, oubliés de l’Histoire ?
Fabrice d'Almeida : En cette année de Gaulle, il est bon de rappeler que parmi les premiers Français libres, la contribution des Outre-mer a été fondatrice. Il y a eu un engagement populaire avec de simples marins de Saint-Pierre-et-Miquelon, de jeunes ouvriers et paysans antillais, presque toute la population de Polynésie qui, très tôt dans l’été, a choisi de Gaulle contre Pétain. Et, à La Réunion, des réseaux clandestins très divers socialement se mettent rapidement en place contre le régime de Vichy. En fait, les chiffres de la Fondation de la France libre sont sans doute sous-estimés, car ils ne prennent en compte que les personnes officiellement recensées. Or, parmi les « dissidents », les résistants d’Antilles-Guyane, certains se sont engagés directement dans les forces américaines pour lutter et n’ont pas toujours été comptabilisés. Tout comme les participants aux réseaux de renseignements clandestins. Le vrai chiffre est sans doute plus élevé.
Quel a été le rôle des territoires d’Outre-mer pendant la Seconde Guerre mondiale ?
F. d’A. : Les Outre-mer ont fourni les premières bases territoriales de la France libre. Avec les Nouvelles-Hébrides, premier territoire à rejoindre de Gaulle, puis la Polynésie qui a permis la constitution du bataillon Pacifique. Ces territoires ont favorisé l’affirmation d’une souveraineté gaulliste sur la France. Ils ont constitué un élément dans la propagande de Londres pour montrer que Pétain ne représentait pas toute la France et que sa politique de collaboration avec l’Allemagne était rejetée. Et ces territoires en prenant les armes ont aussi fourni des héros. On se souvient du dissident Guy Cornely, l'un des rares Noirs français à avoir vécu le 6 juin 1944. Et sur les 77 hommes du commandos Kiefer, deux venaient de Saint-Pierre-et-Miquelon, alors qu’il n’y a que 6 000 habitants sur l’ile et 40 millions de Français à cette époque… Donc, la proportion de l’engagement pour la France libre était énorme outre mer ! Beaucoup plus que les 1 à 3 % de résistants que l’on cite pour la métropole… Et enfin, les Outre-mer ont apporté des ressources. Par exemple, la Nouvelle-Calédonie va apporter son nickel pour l’armée américaine qui va équiper des troupes de la France libre. Donc, oui, les Outre-mer ont été cruciaux et de Gaulle s’en souviendra, y compris après 1958, quand il revient au pouvoir.
Quelle est la symbolique et la portée de cet appel en Outre-mer ?
F. d’A. : L’appel du 18 juin 1940 est devenu le symbole du redressement de la France après la défaite. Il n’a pas toujours été entendu outre mer, même s’il était relayé sur les ondes internationales de la BBC. Mais, rapidement, son texte a été repris par la presse clandestine et discuté, et des représentants de la France libre ont été envoyés par de Gaulle pour agir dans les territoires et pousser ceux qui en avait l’opportunité à rejoindre son combat. Le texte de l’appel du 18 Juin est donc devenu à la fois un signe de ralliement et un programme. Ce dernier se résumait simplement : refuser la défaite, continuer la guerre et s’allier avec ceux qui combattent l’envahisseur et ses complices de métropoles. Il est bon que sa célébration fasse une place aux habitants des Outre-mer qui en ont, plus tôt que beaucoup d’autres Français, compris le sens, et l’importance.
Propos recueillis par Sophie Desquesses