Meurtres au Pays Basque

En l’an 1609, le Roi Henri IV reçoit une missive alarmante de deux riches nobles basques, les Seigneurs d’Urtubie d'Urrugne et d'Amou. Dénonçant des affrontements entre la bourgeoisie et la noblesse locale, ils accusent leurs adversaires de sorcellerie. Quelques mois auparavant, les bourgeois ont formulé la même accusation à l'encontre des deux Seigneurs auprès du parlement de Bordeaux.

En vérité, plus que les sorcières, D’Urtubie et d'Amou redoutent l'appétit de pouvoir d'une classe émergente de riches bourgeois. Ce sont essentiellement des armateurs, enrichis grâce à la pêche à la baleine en Terre Neuve. Partis six mois de l'année, ils ont établi des comptoirs sur les rives du Saint-Laurent et développé le commerce des peaux avec les Indiens. Grâce à eux, Saint-Jean-de-Luz  est devenu le port le plus prospère de la Côte basque.

A la demande du Roi Henri IV, deux magistrats du Parlement de Bordeaux sont désignés : le Président d’Espagnet et le conseiller Pierre de Lancre. Leur mission, ramener l’ordre dans cette province annexée depuis peu au Royaume de France.

Les femmes vont être la cible privilégiée de Pierre de Lancre. A son arrivée en juillet 1609 au pays basque, il est choqué par les mœurs des femmes. Epouses de marins absents la moitié de l’année, elles se promènent librement, chantent en basque et prennent des bains de mer... des indices de sorcellerie !

Pour débusquer les sorcières, Pierre de Lancre  incite à la délation. Jalousies, règlements de compte, rivalités, les accusations pleuvent. Pour instruire les procès, il s’appuie sur un traité de démonologie, le "Malleus Malleficarum". Les interrogatoires se pratiquent sous la torture. Les accusées confessent leur pacte avec Satan et dénoncent des "complices". Elles sont privées d'avocat et ne peuvent faire appel. Aussitôt prononcée, la condamnation à mort est exécutée sur le champ. Les "sorcières" meurent brûlées vives sur le bûcher.

Ce massacre finit par s’ébruiter. Plusieurs centaines de pêcheurs basques rentrent précipitamment de Terre-Neuve pour secourir leurs épouses et se venger.

Piere de Lancre change alors de cible. Il s'attaque aux prêtres basques dont il dénonce les piètres qualités morales. C'en est trop ! Excédé par l’arrestation et la condamnation à mort de plusieurs de ses curés, Bertrand d’Echaux, l’évêque de Bayonne, demande audience au Roi Henri IV à Paris. 

Le Roi Henri IV entend le message. Il ordonne l'arrêt de la chasse aux sorcières. Le 1er novembre 1609, le Juge de Lancre  quitte le pays basque et rentre à Bordeaux.