Meurtres à Sarlat

Durant la deuxième moitié du 16ème siècle, la France est ravagée par les guerres de religion. Le pays exsangue, subit famines et épidémies. Ceux qui en pâtissent le plus, les paysans, qui se retrouvent dans une misère noire.

Pourtant, ils doivent se soumettre à la taille, impôt direct levé sur les roturiers, ainsi qu'aux divers droits féodaux. Ceux qui ne peuvent payer, sont emprisonnés par les autorités régionales, laissant femmes et enfants dans le plus grand dénuement.

Contre cette situation, les paysans se soulèvent, en 1594 et 1595, puis 1637, 1742 et 1770. Armés de fourches, les "crocs", ils attaquent, tuent et détruisent. D'où leur surnom de "croquants".

Mais ils tiennent aussi des assemblées, rédigent des cahiers de doléances qu'ils adressent au Roi de France et à l'Etat du Périgord. Certaines requêtes portent leurs fruits : ainsi un arrêt du Parlement de Bordeaux du 8 mai 1770, dénonce l'agressivité de nombreux seigneurs en temps de crise et allège les prélèvements seigneuriaux en nature. 

Pourtant, les accalmies sont brèves. Refusant de travailler pour les seigneurs, les Croquants organisent des expéditions punitives contre ce derniers. Ils délivrent leurs frères emprisonnés pour n’avoir pu payer la taille et massacrent des collecteurs d'impôt. Ils ravagent les campagnes et attaquent les châteaux et les villes.

La noblesse du Périgord, oubliant ses nombreuses querelles, se ligue pour les combattre, parfois épaulée par l'armée du Roi. Souvent écrasés dans des affrontements sanglants, les croquants réussissent pourtant à tenir tête durant 5 ans aux troupes royales au cours des soulèvements de 1637. Mais ils sont nombreux à être pendus au bord des routes, ou rompus à vif avec le terrible supplice de la roue.

La fréquence et la violence des révoltes liées au poids des impôts inspire à la Révolution Française l'article 14 de la Déclaration des Droits de l'Homme sur le consentement à l'impôt, qui établit un lien entre fiscalité et citoyenneté.