Le Tournoi masculin

« Une bête blessée montre parfois les crocs » 

Après une Coupe du monde en demi-teinte pour le XV de France, qu’attendre des Bleus sur ce Tournoi des Six Nations ?

Dimitri Yachvili : Quand on voit la physionomie du quart de finale France-Pays de Galles, bien évidemment qu’on a des regrets de ne pas être parvenus dans le dernier carré de cette Coupe du monde. Mais c’est vite oublier les années de galère que l’équipe de France a vécues. Échouer de si peu en quart de finale, avant le début de la compétition, tout le monde aurait signé ! On a tous envie de voir des résultats rapides, mais une reconstruction se fait en plusieurs phases. Et ça passe par des matchs comme ça, où on se sent à la fois si près et si loin, c’est ça l’exigence du haut niveau. Tout se joue sur des détails. On finit le match à 14 contre le Pays de Galles, des choix sur le terrain ont montré qu’il manquait de la rigueur et de la précision à cette équipe. Et là, on est reparti sur une dynamique où la discipline et le travail sont remis au goût du jour par Fabien Galthié et son staff. Et j’espère que ce Tournoi des Six Nations confirmera que l’équipe poursuit sa phase ascendante.

Vous remplacez Fabien Galthié aux commentaires, qui fait lui-même ses débuts de sélectionneur national dans le Tournoi des Six Nations. Vous qui le connaissez bien pour l’avoir côtoyé sur le terrain, que peut-on espérer de son coaching ?

D. Y. : C’est un honneur de prendre la suite de Fabien en tant que consultant. Quand il a arrêté sa carrière internationale, c’est moi qui ai repris le flambeau en tant que demi de mêlée du XV de France. L’histoire semble se répéter et j’en suis honoré. Pour avoir croisé Fabien à quelques reprises, je sens beaucoup d’abnégation, de motivation, de fierté également de devenir sélectionneur de cette équipe de France. Il y a beaucoup d’espoir parce qu’on repart sur un nouveau cycle. Fabien s’est entouré d’un staff qui pour moi est très complémentaire et très compétent, avec notamment la venue de Shaun Edwards qui va nous amener cette rigueur et cette discipline défensive qui nous manque. Pour ce qui est de l’exigence physique du très haut niveau, on peut compter sur Thibault Giroud, le préparateur physique. Je pense que le staff a été créé en prenant en compte tous les manques que nous avons connus ces dernières années. Tous ces matchs que l’on a perdus de quelques points dans les dernières minutes, je pense qu’en y instaurant cette rigueur, on arrivera à faire de belles choses. En tout cas, ce staff est séduisant.

Premier match au Stade de France le 2 février contre l’Angleterre, est-ce un match capital d’entrée de jeu pour le XV de France ?

D. Y. : Ce n’est pas un match capital, dans la mesure où il reste quatre matchs à jouer derrière. Mais disons que si on bat les Anglais, ça nous met dans de bonnes dispositions. D’autant plus que nous sommes dans une année paire, donc on va recevoir trois fois. Une victoire d’entrée de jeu nous permet de recevoir les Italiens sereinement. Ensuite, ce sera deux déplacements au pays de Galles et en Écosse, deux équipes également en reconstruction, avant de finir ce Tournoi des Six Nations 2020 par la réception de l’Irlande. Ce premier match va nous donner la température et apporter de l’espoir pour le futur.

Après leur grosse performance au Japon, les Anglais sont-ils plus que jamais les favoris de ce Tournoi 2020 ?

D. Y. : Après ce qu’ils ont fait en Coupe du monde et plus généralement ces dernières années, quand on voit les joueurs qu’ils ont et surtout leur niveau, je crois qu’ils sont tous à maturité, c’est une équipe bien rodée, extrêmement performante. Maintenant, ils vont affronter une bête blessée, et la bête blessée montre parfois les crocs, elle est agressive, et j’espère qu’on le sera ce jour-là.

Sur quels joueurs du XV de France reposent vos espoirs ?

D. Y. : Des joueurs comme Damian Penaud qui explose complètement, il est en pleine forme avec son club, il me tarde de le revoir avec le maillot bleu. Après, il y a ceux qu’on suit tous les week-ends, les Romain Ntamack, Antoine Dupont (on verra bien comment il va se remettre de sa blessure au dos), Charles Ollivon, qui a fait une superbe Coupe du monde et qui est vraiment en train de s’imposer comme un leader au sein de cette équipe de France... Tous ces joueurs-là sont à la fois l’avenir et le présent du XV de France, ce sont les leaders.