Entre Noël et Pâques, le château de Vaux-le-Vicomte (Seine-et-Marne) ferme ses portes au public. Le début d’une course de trois mois pour rénover et réaménager les lieux. Les propriétaires, les frères de Vogüé, ont permis aux caméras de Vanessa Pontet de les suivre, en immersion dans le « petit Versailles ».
Parmi les chefs-d’œuvre du patrimoine français, ils sont peu à pouvoir rivaliser avec Vaux-le-Vicomte. Située à une heure de Paris, c’est la plus grande propriété privée de France classée au titre des Monuments historiques : 33 hectares de jardins, 500 hectares de parc, un château majestueux… Soit 9 millions d’euros à trouver chaque année pour son entretien (seulement 4 % proviennent d’aides de l’État). De quoi pousser Alexandre, Ascanio et Jean-Charles de Vogüé, ses propriétaires, à imaginer des solutions pour augmenter la fréquentation (300 000 visiteurs par an), notamment internationale, de ce domaine qui servit de modèle à Louis XIV pour Versailles. Une réflexion qui s’incarne pendant les trois mois de fermeture, entre Noël et Pâques, où 70 personnes travaillent à la restauration et à l’aménagement. Parmi les pistes explorées pour attirer un public différent : le parrainage d’un arbre du parc, le mécénat de statues ou de mobilier, des installations d’art contemporain, une chasse aux œufs, mais aussi la privatisation du château pour des mariages, des dîners d’entreprise ou encore des tournages de films, à l’instar de la série Versailles.
Nicolas Fouquet le visionnaire
Cette année, parmi les œuvres à restaurer se trouve le portrait de Nicolas Fouquet, fondateur de Vaux-le-Vicomte. « Notre Joconde à nous ! » s’exclame la conservatrice des collections du musée. « C’est notre figure tutélaire, notre source d’inspiration, renchérit Alexandre de Vogüé. Il a eu cette vision extraordinaire de construire Vaux […]. C’est quelqu’un qui doit nous ramener aux fondamentaux : à la beauté, à l’harmonie, mais aussi à cette idée d’une maison habitée, familiale. »
Un fondateur auquel les jardiniers du château rendent hommage en prenant soin des espaces pensés par André Le Nôtre alors qu’il n’était pas encore célèbre : « Être chef jardinier ici, à Vaux-le-Vicomte, c’est une chance, mais il y a clairement la pression du domaine, et le fait d’essayer toujours de l’entretenir au mieux avec nos moyens, qui sont souvent modestes », explique Patrick Borgeot. Tout de même, 10 % du budget annuel sont consacrés à l’entretien des jardins à la française et de la vingtaine de bassins qui subsistent, véritable galop d’essai de Le Nôtre avant Versailles.
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Pour préserver la tradition d’une maison vivante, les frères Vogüé font régulièrement des acquisitions, dans la limite de leurs possibilités. Si le mobilier de Fouquet a entièrement disparu — hormis deux grandes tables —, les propriétaires tentent de dénicher ici et là des meubles pour habiller les pièces, à l’image d’une commode XVIIe arrachée aux enchères. Cependant, bien que totalement investi dans la gestion et la préservation de son patrimoine, Alexandre de Vogüé n’en connaît pas moins ses limites : « Le lieu a 350 ans. On est là pour une vingtaine, une trentaine d’années et on fait de notre mieux pour assurer ces restaurations. On ne pourra jamais tout faire. »
Sébastien Pouey
Documentaire
Durée 52 minutes
Auteur Vanessa Pontet
Réalisateur Bertrand Goujard
Production A Prime Group, avec la participation de France Télévisions
Année 2016
#LeDocdudimanche