Comment notre espèce a-t-elle évolué jusqu’à peupler toute la surface de la Terre ? Pour découvrir les secrets du succès d’Homo sapiens, l’anthropologue Niobe Thompson propose un incroyable voyage dans le temps. Premier volet : « Le Berceau africain ».
« Notre espèce a une faculté unique : elle peut vivre presque partout, quels que soient le climat ou la température, souligne Niobe Thompson. Mais ce n’était pas le cas au début de notre histoire. » Apparu il y a 200 000 ans, Homo sapiens est le premier primate capable de se souvenir de son passé, d’imaginer son avenir, mais aussi de conquérir la planète. Pourtant, la partie n’était pas gagnée d’avance. Il a émergé durant une période climatique instable, frôlant même l’extinction. Les premiers hommes se sont donc engagés dans une lutte sans merci pour leur survie. Afin de découvrir comment ils ont su s’adapter pour devenir les derniers primates bipèdes de l’évolution, l’anthropologue décide de retourner sur les traces de nos ancêtres. Une enquête qui le conduit auprès de scientifiques, mais aussi à la rencontre de peuples autochtones.
Techniques de survie en milieu aride
Il commence ses recherches dans le désert du Kalahari où vivent les San, un peuple de chasseurs-cueilleurs appartenant aux plus anciennes lignées connues de l’homme moderne. Dans cette région la plus sèche du monde, ils font preuve d’une incroyable ingéniosité. Ils récupèrent l’eau des sources souterraines détectées par les éléphants et la stockent dans des coquilles d’œufs d’autruche. « Leur mode de vie dans cet environnement aride nous en apprend beaucoup sur la façon dont nos ancêtres ont survécu au climat changeant des terres africaines », explique Niobe Thompson. Mais un bouleversement climatique sans précédent a bien failli décimer la population. À la suite de sécheresses drastiques sur le continent, l’humanité est passée par un goulet d’étranglement génétique comme le prouve l’étude de notre génome. Un seul endroit en Afrique reste propice à la vie : la pointe sud. « La côte était un bon refuge pour les humains, analyse Curtis Marean, paléoanthropologue à l’université d’État d’Arizona. Surtout parce que, grâce à l’océan, c’était une zone fertile. On y trouvait des plantes, des animaux et des crustacés. »
L’évolution vers l’homme moderne
C’est sur ces terres d’Afrique australe que l’Homo sapiens archaïque aurait évolué vers l’homme moderne, comme le prouvent nombre de sites rupestres. Nos ancêtres se mettent à créer de nouveaux outils plus complexes, à se transmettre leurs connaissances et à communiquer par signes. Mais qu’est-ce qui a déclenché l’essor de l’esprit humain ? Pour John Parkington, archéologue à l’université du Cap, en Afrique du Sud, il y a certainement un lien entre « l’augmentation de la consommation d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne — des nutriments essentiels au développement du cerveau contenus dans les poissons et animaux marins — et l’apparition, dans le registre archéologique, de caractéristiques radicalement nouvelles ». Les premiers hommes ont-ils réellement profité des richesses de l’océan nourricier qui leur fait face ? Né sur la terre ferme, le corps humain peut-il s’adapter à la vie marine ? Pour le découvrir, Niobe Thompson met le cap sur le sud des Philippines pour observer les derniers pêcheurs-plongeurs traditionnels, les Bajau…
Amandine Deroubaix
Série documentaire
Durée 3 x 52 min
Auteur-réalisateur Niobe Thompson
Production Clearwater Documentary / CBC, avec la participation de Taglicht Media
Année 2015
Niobe Thompson se penche sur l’un des grands mystères de l’histoire d’Homo sapiens : sa migration hors du continent africain. Comment les premiers hommes se sont-ils adaptés aux conditions climatiques, au nouvel environnement et aux maladies ? La faculté de réflexion, les liens sociaux, l’art et surtout le métissage avec d’autres branches d’hominidés semblent être les clés pour comprendre leur succès. Pour illustrer ces recherches, Niobe rencontre une ethnie en Papouasie-Nouvelle-Guinée, avant de se rendre en Sibérie pour découvrir le mode de vie de nomades.
Niobe Thompson aborde les grandes migrations qui ont mené Homo sapiens jusqu’aux confins du Pacifique. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, il découvre d’anciens rites initiatiques de passage à l’âge adulte et les techniques de construction de bateaux. Il teste ensuite l’art de la navigation traditionnelle polynésienne pour atteindre l’île de Pâques et cherche à en savoir plus sur les premiers peuplements de l’Amérique.