La chambre de Jeanne Lanvin dans son hôtel particulier à Paris
Une maison, un artiste

Jeanne Lanvin — Toute en nuances

Série documentaire - Dimanche 3 juillet 2016 à 22.25

Raconter l’histoire de Jeanne Lanvin (1867-1946), c’est replonger dans le Paris 1900 et de la Belle Époque. L’hôtel particulier qu’elle habita pendant près de vingt-cinq ans est à l’image de la vie, du métier et des passions de cette pionnière de la mode, née dans la pauvreté.

Jeanne Lanvin a eu deux obsessions sa vie durant : son travail et sa fille. Le premier doit beaucoup à la seconde. L’amour immense que lui porte la grande couturière fera de la petite Marguerite, née d’un premier mariage, la première ambassadrice des créations de sa mère. Pour elle, Jeanne crée une garde-robe qui suscite l’envie et assoit sa réputation.

Aînée d’une famille de onze enfants et orpheline de mère, elle commence à travailler à 13 ans, crée ses premiers chapeaux à 16 et ouvre son premier atelier à 18. Son talent se décline dans des robes que l’aristocratie s’arrache. Elle est la première à imaginer des collections pour enfants, pour hommes et pour le sport. Cette féministe avant l’heure, qui n’a eu de cesse d’échapper à sa condition sociale, est devenue la créatrice de la plus ancienne maison de couture française toujours en activité.

Une couleur fétiche : le bleu quattrocento

Dans les années 1920, son succès lui permet d’acquérir un hôtel particulier, rue Barbet-de-Jouy, dans le VIIe arrondissement de Paris. Elle fait alors appel au décorateur Armand-Albert Rateau et imagine avec lui un intérieur luxueux dans le style Art déco, où domine la couleur bleue qui l’a séduite dans les tableaux de la Renaissance italienne. « Cela va devenir la couleur emblématique de la maison Lanvin », rappelle la conservatrice Évelyne Possémé. Dans les pièces aujourd’hui reconstituées au musée des Arts décoratifs, ce qui caresse l’œil aussitôt, ce sont les couleurs et les broderies. « Jeanne Lanvin est une très grande coloriste », explique Sophie Grossiord, conservatrice générale au Palais Galliera. François Gaumont-Lanvin, son petit-neveu, se souvient « d’une maison extrêmement claire, où il n’y avait jamais de bruit et où tout ce qui était là était beau... C’était un fouillis et un bric-à-brac invraisemblables ! »

C’est surtout une fois de plus un hommage à Marguerite. « La fleur de marguerite est l’une des bases de décoration de l’ensemble de son appartement, précise Évelyne Possémé. C’est la marque de la présence de sa fille dans son cœur et dans son cadre quotidien. » Une relation fusionnelle, symbolisée par le logo de la maison Lanvin, qui les représente parées des mêmes atours. Selon l’historien de l’art Jérôme Picon, « elle a vécu le seul rêve de sa vie à travers sa fille ».

Anne-Laure Fournier

Série documentaire

Durée 10 x 26 min

Auteurs Patrick Poivre d’Arvor et Isabelle Motrot

Réalisation Laurence Lowenthal

Production A Prime Group, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

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