Celle qui fut l’une des plus grandes étoiles du cinéma français a tout donné à ses films et aux hommes de sa vie, au risque de tout perdre…
A l’occasion du cinquième anniversaire de la disparition d’Annie Girardot – le 28 février 2011 –, ce documentaire de Thomas Briat retrace l’itinéraire personnel et professionnel de la femme passionnée et sincère, de l’actrice audacieuse et populaire qui, toute sa vie, n’aura jamais joué qu’un seul rôle : le sien.
Une carrière entre ombre et lumière
C’est grâce au théâtre qu’Annie Girardot se voit ouvrir les portes du cinéma. Elle n’a que 21 ans lorsqu’elle est reçue, en 1952, au centre d’art dramatique de la rue Blanche. Son style naturel et moderne, sa bonhomie et son fort potentiel comique surprennent et la distinguent comme une jeune révélation du théâtre français. Quelques pièces et une rencontre décisive – celle de Jean Cocteau – plus tard, la jeune comédienne fait ses premiers pas au cinéma. Elle enchaîne les rôles de premier plan (L’homme aux clés d’or, Deux sur la balançoire, Rocco et ses frères…) et devient une vedette. Au milieu des années 60, alors qu’Annie se consacre à sa vie privée (son mariage passionnel et chaotique avec Renato Salvatori, la naissance de sa fille Giulia), sa carrière connaît un ralentissement marqué notamment par des choix de rôles culottés mais souvent incompris (Le Mari de la femme à barbe, de Marco Ferreri, où elle campe la femme-singe).
crédit photo : Films 13 / Film de Claude Lelouch
C’est Claude Lelouch qui la sort de ce mauvais pas en la choisissant comme partenaire d’Yves Montant dans Vivre pour vivre. C’est un succès. Pour Annie Girardot, un nouvel âge d’or commence qui va la placer, durant une dizaine d'années, au sommet du box-office. En 1977, elle obtient le césar de la meilleure actrice pour Docteur Françoise Galland. Le second, elle l’attendra près de vingt ans… Entre les deux trophées, une longue traversée du désert faite de mauvais choix, d’échecs successifs, de drogue… Le métier l’oublie, lui tourne le dos. C’est, une nouvelle fois, Claude Lelouch qui vient à sa rescousse en lui offrant un rôle à sa mesure dans Les Misérables. Un retour en bonne grâce célébré en 1996 lorsque Annie Girardot reçoit le césar de la meilleure actrice dans un second rôle féminin. Ses larmes et sa bouleversante déclaration d’amour au cinéma resteront dans les annales : « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français, mais à moi il m’a manqué… follement, éperdument, douloureusement. » Et de conclure : « Votre témoignage et votre amour me font penser que, peut-être… je ne suis pas tout à fait morte… »
Avec Yves Montant. crédit photo : Films 13 / Film de Claude Lelouch
L’anti-star proche du public
La carrière d’Annie Girardot aura été aussi haute en couleur qu’en tourments. A l’image de la personnalité de la comédienne qu’ont façonné sa force de caractère, son cran, sa gouaille, mais aussi sa fragilité et sa peur viscérale de l'abandon. C’est, sans doute, son authenticité et son humanité qui ont fait d’elle une actrice extrêmement populaire. A l'écran comme dans la vie, cette femme de son temps, naturelle et sans paillettes, livre ses états d'âme, ses coups de cœur et ses coups de gueule avec la même sincérité. Fer de lance d’un certain féminisme, Annie choisit d’incarner des rôles forts et iconiques, celui de Gabrielle Russier (une professeur amoureuse de son élève lycéen, qui s’est suicidée en 1969) dans Mourir d’aimerd’André Cayatte, ou encore une femme médecin qui se découvre atteinte d’un cancer dans Docteur Françoise Galland. Elle ne boude pas non plus son plaisir à interpréter des rôles comiques (Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais… elle cause !avec Bernard Blier, La Vieille Fille et Tendre poulet avec Philippe Noiret, La Zizanie avec Louis de Funès). Autant de personnages proches du quotidien et des préoccupations des Français qui lui valent d’occuper une place de choix dans le cœur du public, dépassant même la popularité des acteurs vedettes de l’époque : Jean-Paul Belmondo et Alain Delon !
Amoureuse déçue par les hommes dans sa vie privée, actrice parfois malmenée par le cinéma, Annie Girardot connaîtra sans doute sa plus belle histoire d’amour avec le public. Un lien indéfectible dont elle sera reconnaissante et qu’elle célèbrera jusque dans la mort avec l’épitaphe : Le pays d’où je viens, c’est le public.
crédit photo : Films 13 / Film de Claude Lelouch
Sylvie Tournier
Interviews de proches ou de personnalités du cinéma, images d'illustration et archives se mêlent pour éclairer le destin d’Annie Girardot.
Parmi les intervenants : les réalisateurs Claude Lelouch, Michael Haneke, Yves Boisset, les acteurs Francis Huster, Juliette Binoche, Isabelle Huppert, Mireille Darc, Catherine Alric et Jane Birkin. Mais également les témoignages de sa biographe, Agnès Grossmann, de sa fille, Giulia Salvatori, et de ses petits-enfants, Lola Vogel et Renato Salvatori.
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110 minutes
Un film écrit et réalisé par Thomas Briat
Une production Adamis Production
Produit par Norbert Balit et Sacha Balit