Chefs, la série trois étoiles débarque sur la 1ère ! Une habile intrigue vous conduit dans les coulisses d’un grand restaurant où officie avec brio Clovis Cornillac.
Un régal !
En six épisodes, les deux scénaristes Arnaud Malherbe (également réalisateur) et Marion Festraëts revisitent les coulisses des grandes cuisines françaises où l’assiette est souvent parfaite pour le client, mais les rapports humains peu ragoûtants.
Résumé par épisode
Episode 1 - Dans le cadre de l’aménagement de sa peine de prison, Romain, un jeune serrurier tombé pour escroquerie, intègre la brigade d’un restaurant gastronomique emmenée par son chef talentueux et charismatique. Affecté à la plonge, les premiers jours sont difficiles. Le jeune homme subit les humiliations de Yann, le second du Chef, en même temps qu’il fait l’expérience d’un autre monde et de ses codes quasi militaires. Cependant le restaurant, malgré sa réputation, est menacé de fermeture, à cause des dettes accumulées par le Chef. Au terme d’un repas dont l’enjeu est de séduire un riche investisseur, M. Edouard, le Chef l’emporte. Mauvaise surprise : il découvre qu’il doit désormais composer avec Delphine, la nouvelle directrice du restaurant.
Episode 2 - À la suite de l’incendie qu’il a provoqué pour saborder son restaurant, le Chef doit composer avec Delphine, la nouvelle directrice de l’établissement envoyée par M. Edouard pour moderniser le Paris et redresser ses finances. La confrontation entre le Chef et la business-woman est explosive. Leur relation se transforme en guerre de tranchée. Dans un restaurant à moitié détruit par le feu, ils se trouvent contraints de pactiser quand M. Edouard, ignorant tout de la situation, leur demande de se dépasser pour organiser un repas d’affaires capital pour lui. Le Chef va devoir concocter un dîner gastronomique dans une cuisine désormais hors d’usage… Romain s’intègre sans conviction au sein de la brigade. Seule lumière, la présence de Charlène, l’une des jeunes chefs de partie. Poussé à bout par les humiliations constantes de Yann, le second du Chef, il parvient mal à contenir ses pulsions violentes.
Episode 3 - Passé à tabac par Lucien, un créancier à qui il doit beaucoup d’argent, le Chef est à l’hôpital, plongé dans le coma. La brigade est sous le choc, y compris Delphine, plus atteinte qu’elle ne voudrait le montrer. Pourtant, le restaurant doit continuer à tourner. Delphine et Yann, le second de cuisine, prennent les commandes du navire, mais très rapidement, des tensions apparaissent. Les dissensions et l’absence du capitaine conduisent le restaurant en pleine tempête. De son côté, Romain est retourné chez Walter, escroc et mentor qui lui a servi de père de substitution avant de le laisser plonger à sa place. Car Romain a appris que son arrivée au sein de la brigade ne doit en fait rien au hasard...
Episode 4 - Romain a accidentellement tué Lucien, qui cherchait une nouvelle fois à récupérer l’argent dû par le Chef. Avec l’aide de Yann, qu’il a sauvé des griffes du truand, il tente de se débarrasser du cadavre, planqué dans les cuisines du restaurant. De retour en cuisine, le Chef dissimule son anosmie. C’est le moment que choisit M. Matsumoto, un maraîcher légendaire, pour proposer un défi au Chef : s’il parvient à sublimer ses légumes, il lui fournira, en exclusivité, ses meilleurs produits. Pour le Chef et Delphine, c’est une occasion unique de faire renaître la réputation du restaurant. À son insu, le Chef utilise Romain comme palais. L’occasion pour le jeune homme, qui commence à se prendre au jeu, de se rapprocher de ce père encore inconnu et d’en apprendre plus sur sa relation avec Jeanne, sa mère disparue, cuisinière elle aussi.
Episode 5 - La rivalité entre Romain et Yann est arrivée à son point de non-retour. Yann provoque Romain en duel culinaire, une pratique ancestrale pour régler les conflits dans une brigade : deux cuisiniers s’affrontent autour de la confection d’un menu, arbitré par un juge. Le gagnant obtient le respect de sa brigade, le perdant doit la quitter sur le champ pour ne plus jamais revenir. Romain accepte. Personne ne peut annuler ce duel, pas même le Chef. Au centre de cet affrontement, Charlène, prise entre son amour pour Romain et son addiction aux médicaments qui la lie à Yann. Le Chef se retire pour ne pas avoir à arbitrer ce duel entre son héritier spirituel et son fils biologique. Miné par son anosmie, il se met au vert où il tente de retrouver le goût et l’inspiration. Delphine le débusque et tente de le ramener en cuisine...
Episode 6 - Aidé de Romain, qu’il utilise à son insu comme palais pour élaborer sa nouvelle carte, le Chef est revenu sur le devant de la scène culinaire. Mais ce n’est pas assez pour Delphine. Elle parvient à convaincre une éminente et mystérieuse critique anglo-saxonne de venir goûter la cuisine du restaurant. C’est ce moment que choisit
Chefs
Série. 6 x 52 min
Réalisée par Arnaud Malherbe.
Sur une idée originale de Arnaud Malherbe et Marion Festraëts.
Scénario de Arnaud Malherbe, Marion Festraëts, Yann Le Nivet, Claire Lemaréchal et Stéphanie Tchou-Cotta.
Produite par Calt Production. Avec la participation de France Télévisions.
Avec Clovis Cornillac (le Chef), Romain Becker (Romain), Yann Gob (Yann), Anne Charrier (Delphine), Robin Renucci (M. Edouard), Annie Cordy (Léonie), Etienne Chicot (Walter), Joyce Bibring (Charlène), Zinedine Soualem (Karim), Woo Pho (Woo), Jean Bediebe (Souleimane), Laurent Menoret (JC) et Juliette (Angélique).
Clovis Cornillac endosse le rôle du Chef, monstre sacré de la cuisine française. Un chef intransigeant, mystérieux, solide comme un roc. Du moins le croit-on…
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?
Je pense que quelque chose est en train d’avancer dans ce qu’on peut faire à la télévision. C’est un média incroyable, mais, à mes yeux, encore un peu sous-exploité en France. Aujourd’hui, tout le monde vante les séries américaines. Une chaîne comme HBO est devenue une référence mondiale de la créativité télévisuelle grâce à cet élan en termes d’écriture, de fabrication, de choix de réalisateurs et d’acteurs. J’étais un peu impatient de voir arriver ça en France. J’ai trouvé très excitant qu’un projet comme celui d’Arnaud Malherbe et de Marion Festraëts réussisse à convaincre une chaîne de télévision publique de se lancer sur un sujet – la cuisine – si peu exploité dramatiquement. Il y avait une ambition dans ce projet et une excitation de la part d’Arnaud et Marion à l’écriture, mais aussi des producteurs de Calt. J’ai aimé l’investissement qu’ils y ont mis, leurs prises de risques.
Qu’est-ce qui vous plaît dans ce personnage du Chef… qui n’a d’ailleurs pas de nom ?
Rien que ça, j’aime beaucoup. Parce que c’est typique de la modernité d’une écriture : le fait de créer des figures, d’en faire non pas des caricatures mais des archétypes très forts. Il y a dans ce personnage-là une nature presque héroïque, pas au sens de super héros, mais de personnage emblématique.
C’est LE chef « absolu » en quelque sorte…
Oui, avec tous ses défauts, ses aspérités, et c’est là tout l’intérêt du personnage. Il est impressionnant comme archétype, dans le bon sens du terme. Tout est possible avec lui, et il peut entraîner du monde derrière lui parce qu’il exerce une forme de fascination. C’est une sorte de père total, de force en soi.
Comment avez-vous abordé votre rôle de cuisinier ?
Je suis un bon mangeur. J’ai même monté un restaurant à Lyon, dont j’ai depuis revendu les parts. J’ai un lien de plaisir réel à la nourriture et surtout aux vins. Je trouve aussi que le restaurant est un endroit fabuleux. Pour moi, ça a du sens, même intellectuellement, de se réunir pour se nourrir. J’avais donc, si on peut dire, un bon terrain. Ensuite, en tant que comédien, comme pour tous les projets, quand on a envie de bien faire son travail, on essaie de s’approcher au plus près. On est des éponges. Je suis donc allé en cuisine, j’ai essayé de comprendre comment ça fonctionnait, mais, surtout, de saisir les regards, la précision, les réactions des cuisiniers.
Finalement, on voit assez peu le Chef cuisiner…
Comme les grands chefs ! Être chef, c’est maîtriser trois notions : le geste, le temps et le feu. Gérer cette triangulaire, c’est la base. Je me suis attelé à ça parce que ça ne servait à rien d’essayer de montrer que je pouvais couper des légumes moins bien qu’un commis qui a un an et demi de pratique. Ça fragilise un personnage. Je ne serai jamais un grand chef. En revanche, vivre l’expérience, oui. Couper des légumes, je l’ai fait, couper des poissons, lever des filets, je l’ai fait aussi parce que ça m’intéresse de toucher, de savoir. Mais je ne le ferai pas à l’image parce que je pense que c’est moins payant.
Ce chef qui ne baisse jamais la garde va être déstabilisé par Delphine (Anne Charrier)…
Anne est une formidable actrice. Son personnage est très compliqué à jouer. Elle arrive comme un cheveu sur la soupe dans un monde très organisé. Elle est déstabilisante parce qu’on sent qu’elle n’est pas de ce milieu. Elle a une manière d’aborder la vie qu’on peut retrouver dans le monde de l’entreprise, dans des lieux qui ne sont pas liés à la sensibilité comme peut l’être une cuisine. Elle va entrer dans ce monde avec un gars qui n’est pas facile et qui va la fasciner. Le Chef a un problème affectif, mais une force de séduction émane de lui. Il y a une telle solitude chez cet homme qu’elle va être pour lui un point d’accroche – même si ça passe d’abord par une relation conflictuelle.
Propos recueillis par Stéphanie Thonnet
Hugo Becker joue Romain, jeune homme en liberté conditionnelle au passé trouble, orphelin depuis l’enfance. Sous la protection du Chef, il va accomplir un parcours initiatique et se révéler à lui-même à travers la cuisine.
Comment présenteriez-vous Romain ?
Romain est quelqu’un qui intériorise beaucoup, qui a appris à se construire une carapace pour se protéger. Il n’a pas eu de chance. Très tôt, il a été mal entouré et s’est engagé dans les mauvais chemins. Il n’a plus confiance en personne.
Comment avez-vous été coaché pour les scènes de cuisine ?
Nous avons travaillé dans un restaurant parisien qui, comme Le Paris de la série, emploie des repris de justice. C’est un univers très raffiné, mais, derrière cette élégance, on sent que ce ne sont pas des hommes qui ont fait leurs études à Lausanne ou qui sont nés avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Exactement comme Romain.
Vous avez appris à cuisiner ?
J’ai travaillé pendant deux mois et demi pour apprendre les gestes et la découpe : oranges en segments, julienne de poireaux, brunoise, mirepoix ou un ciselé rapide sans que le couteau effleure mes doigts. J’ai retenu certains petits trucs secrets et je peux aussi, désormais, toquer un oeuf correctement, faire un tartare de langoustines au yuzu, dénoyauter un avocat, tailler le saumon en sifflet… Heureusement pour moi, il ne fallait pas non plus que je sois trop habile tout de suite pour que mon personnage puisse évoluer, j’ai donc eu plus de temps.
Qu’avez-vous gardé de cette parenthèse dans la peau d’un chef ?
En quelques gestes et astuces, David Toutain et son bras droit, Antoine, présent sur le plateau, m’ont montré ce qu’on pouvait faire avec de l’entraînement. C’est grisant de passer du temps avec ces gens : on prend leurs attitudes, on leur vole des trucs, parfois à notre insu. C’est ça qui me plaît dans le métier d’acteur : l’illusion d’avoir plusieurs vies.
Y a-t-il des similitudes entre le travail d’une équipe de tournage et celui d’une brigade en cuisine ?
Complètement. Nous étions en immersion pendant quatre mois avec de très grosses journées, où nous devions rester concentrés. Ces horaires ont renforcé l’esprit d’équipe. Nous nous sommes très bien entendus. Nous voulions donner vie et corps à cette histoire, du mieux possible.
On peut aussi penser, en voyant la série, à un western moderne : la notion d’honneur très présente, le duel, les règlements de comptes dans la cour…
Je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai. Au-delà du duel, dans les westerns, il y a souvent des scènes où les héros se préparent ou s’entraînent à tirer. J’aime bien les rôles qui nécessitent de la préparation. J’adore m’isoler et me concentrer sur ce que j’ai à faire. Là, ce qui était intéressant, c’est que Romain se prépare lui aussi de son côté. Que ce soit dans la comparaison avec le sous-marin, l’armée, la caserne, il y a toujours un côté combat, gladiateurs…
C’est un univers très masculin, en tout cas…
C’est vrai, et c’est pour ça que les personnages féminins doivent se battre encore plus qu’ailleurs pour l’intégrer, parce que c’est une ambiance très macho. Tout le monde est logé à la même enseigne, et il faut s’y adapter.
Propos recueillis par Stéphanie Thonnet
Anne Charrier incarne Delphine, une femme de tête aux décisions aussi tranchées que la coupe de ses tailleurs sophistiqués. Nommée par Monsieur Édouard directrice du restaurant Le Paris pour le sauver de la faillite, elle se trouve confrontée au Chef, hostile à sa présence comme à ses décisions. Entre eux, ce sera quitte ou double.
Qu’est-ce qui vous a séduite dans le personnage de Delphine ?
C’est une carriériste qui s’est faite toute seule. Elle a gravi un à un les échelons d’un monde presque exclusivement masculin pour enfin parvenir au poste de directrice. C’est l’aboutissement de sa carrière. Je n’avais encore jamais joué un rôle pareil. Cela m’amusait beaucoup d’interpréter cette femme sans foi ni loi, qui ne se laisse dominer par personne – au risque de s’en prendre finalement plein la tête.
Arnaud Malherbe et Marion Festraëts dépeignent son côté pète-sec et un peu bulldozer…
La brigade de cuisine correspond à des codes militaires. Delphine est là pour donner des ordres, qui doivent être exécutés – point. Il n’y a pas de place pour l’empathie ou pour l’écoute, elle ne s’embarrasse guère de sentiments.
Pourtant, elle présente aussi des failles : à certains moments, elle semble baisser la garde pour laisser entrevoir autre chose d’elle…
Elle est décontenancée par le Chef, par la manière dont ça se passe entre eux. Ses coups de gueule n’ont aucune incidence sur lui ni même sur sa brigade, dont elle comprend qu’il est l’unique capitaine. Elle se retrouve pour la première fois confrontée à des personnes qui ne répondent pas à ses codes, que sont l’argent et le business. Elle est aussi à une période de sa vie où l’attirance qu’elle ressent pour le Chef la trouble. En sortant de sa zone de confort, elle dévoile des fêlures. Chacun des personnages de cette série en a. J’ai beaucoup aimé l’écriture de Marion et Arnaud, qui laissait à chacun d’entre nous et au téléspectateur la possibilité d’en imaginer les raisons et de construire sa propre histoire.
Vis-à-vis de la brigade, quels sont ses sentiments ?
Elle connaît leurs compétences, leur grade mais, individuellement, ils ne l’intéressent pas. Je m’étais même raconté qu’elle ignorait jusqu’à leur nom, se contentant de les appeler « machin, machine ». Ils ne sont, à ses yeux, que des petites gens qui mettent les mains dans le cambouis. Elle se croit au-dessus de ça. Il faut que Monsieur Édouard lui pose des questions sur l’un d’eux pour qu’elle y trouve de l’intérêt. En cela, son comportement est à l’opposé de celui du Chef, plus attentif au sort de ses troupes.
Comment décrire son caractère ? Son mode de fonctionnement ?
Delphine, je l’imagine habiter un appartement où tout est propre, net. Sa vie est extrêmement balisée, cloisonnée, pensée. Tout tourne autour de son travail, pour lequel elle n’admet aucune forme de résistance – quitte à écraser quiconque se risquerait à lui faire obstacle. Le reste l’indiffère, même les hommes l’ennuient. C’est une misanthrope. Je pense qu’elle se croit plus forte qu’elle ne l’est en réalité. Elle s’imagine pouvoir passer en force en toute circonstance. Mais, quand la force ne suffit pas, elle se trouve désemparée. Là, au contact du Chef, c’est comme si son coeur s’ouvrait malgré elle... avec des ratés quand même ! Il y a quelque chose qui la dépasse, qui devient hors de contrôle dès qu’elle pénètre dans le monde du Chef. À travers eux, on retrouve l’archétype de ces personnes mal assorties qui ne parviennent pas à contenir leur attirance l’une pour l’autre. Un jeu du chat et de la souris sur lequel reposent beaucoup de comédies américaines, comme entre Kathleen Turner et Michael Douglas dans À la poursuite du diamant vert. Pour Arnaud et Marion, c’était le genre de référence à suivre.
Avez-vous, comme les autres comédiens, pris des cours de cuisine ?
Pas de cours de cuisine, mais une formation, oui. Nous avons tous été conviés au restaurant Manger par le chef David Toutain, conseiller sur la série. Outre la visite des lieux, la présentation de chaque poste, il a pris le temps de nous expliquer individuellement les spécificités de nos rôles. Dans l’histoire, puisqu’il n’y a plus d’argent, Delphine doit surveiller les pertes et, pour cela, connaître les stocks et aussi le contenu des poubelles. Elle est là pour remettre le restaurant à flot.
Propos recueillis par Clotilde Ruel