Croque-Monsieur

Paris, années 60. Dans le salon cossu d’un hôtel particulier, c’est pas le Pérou pour la belle Coco Baisos (Fanny Ardant) : son cinquième mari – Péruvien, justement ! – vient de se suicider, ruiné. Veuve et désargentée, Coco ? Vous n’y pensez pas ! C’est que Madame mène grand train et a deux enfants à charge, bien habitués au luxe et à la frivolité. Coco a de la ressource. Ni une, ni deux, elle choisit de dissimuler sa double infortune… le temps de se trouver fissa un nouveau mari, milliardaire, forcément ! Dans le secret : son amie Maggy (Vittoria Scognamiglio, hilarante), son fils et sa fille, le secrétaire de feu son mari et Auguste, valet érudit et esthète (Pierre Rochefort, parfait). En 48 heures, les prétendants vont se bousculer, à commencer par un certain Anatole Longvy, banquier de son état (Bernard Menez, rires garantis dès sa première apparition sur scène). Rendez-vous après rendez-vous, Coco veuve Baisos est prête à tout pour séduire : jouer la femme fatale, la femme enfant, la maman… Mais avec qui finira-t-elle par croquer la pomme ?

Fanny Ardant s’offre un boulevard !

Pour sa troisième collaboration au théâtre avec Fanny Ardant, le cinéaste et metteur en scène Thierry Klifa explique que la comédienne « a manifesté le désir de jouer un rôle comique, évoquant Jacqueline Maillan que nous adorons tous les deux. De là est née l'idée de nous confronter à un boulevard en essayant de le revisiter, d’y amener un éclairage nouveau et moderne ». Après plusieurs rôles comiques au cinéma (Pédale douce, 8 femmes), c’est en effet la première fois que Fanny Ardant s’essaie à ce registre au théâtre. Pari réussi ! Côté mise en scène, avec quelques clins d’œil modernes, apartés avec le public et parenthèses chantées signées Alex Beaupain dont on vous ménage la surprise ; côté casting, avec un sans-faute. Fanny Ardant, Parisienne jusqu’au bout des ongles, phrasé unique, sourire ravageur et robes glamour à la Mad Men, s’amuse et entraîne dans sa fantaisie une troupe haute en couleur, chacun tirant son épingle du jeu sans jamais… croquer Madame !

Stéphanie Thonnet