Connu depuis la découverte de sa sépulture par Howard Carter, Toutankhamon fascine, alimentant même les légendes sur les pharaons. Dans ce passionnant documentaire, un égyptologue tente de lever le voile sur les secrets de l’enfant roi, qui fait régulièrement parler de lui dans les médias.
Il est le plus célèbre pharaon d’Égypte. Une notoriété qu’il doit à la découverte de son tombeau par l’archéologue britannique Howard Carter en 1922. Inviolé depuis 3 300 ans, il regorgeait de trésors d’une valeur inestimable. Une première ! Pourtant, près d’un siècle après sa mise en lumière, Toutankhamon est encore entouré de mystères. Beaucoup de questions restent encore sans réponse. Que sait-on vraiment sur lui ? Comment est-il mort ? En quoi sa momie est-elle unique ? Pourquoi son tombeau est-il l’un des seuls à n’avoir pas été pillés ? Fasciné depuis toujours par ces énigmes, Chris Naunton, égyptologue et directeur de la Société d’exploration de l’Égypte pour le Royaume-Uni, se lance sur la piste de la véritable histoire du jeune roi. « Je veux faire la part du mythe et de la réalité, explique-t-il. Je veux connaître la vérité. »
Autopsie virtuelle de l’enfant roi
Ses recherches commencent par l’étude des notes de Carter, dans lesquelles il espère trouver des indices passés inaperçus. Il y découvre que l’inhumation du jeune pharaon s’est déroulée dans des circonstances étranges et que la momie « ne semble pas très bien conservée ». Radiographiés en 1968, scannés en 2005, les restes du pharaon ont déjà été étudiés de près. Chris Naunton se rend à l’institut médico-légal de Cranfield, en Angleterre, pour assister, grâce à un logiciel de simulation, à une « autopsie virtuelle ». Cet examen approfondi révèle de nombreuses blessures sur le côté gauche du corps : absence du sternum, de côtes, de l’ilium et du cœur. « Toutankhamon est sans doute un cas unique, c’est la seule momie royale qui n’a plus son cœur, remarque Salima Ikram, professeure d’égyptologie à l’université américaine du Caire et spécialiste des momifications. C’est très étrange qu’il n’y soit plus et forcément significatif, car c’est un élément essentiel du corps dont on a besoin après la mort. […] Pour les Égyptiens, le cœur était l’organe le plus précieux, parce que c’était le siège de l’intelligence, des émotions, de la personnalité et de l’âme. Il fallait donc le laisser dans le corps, parce qu’il était nécessaire dans l’au-delà quand on se retrouvait face aux dieux pour être jugé. » L’organe était-il trop abîmé pour être momifié ? Un accident de char aurait-il provoqué des blessures mortelles, comme le suggère l’un des scientifiques ? Pour en avoir le cœur net, Chris Naunton continue ses investigations auprès d’une société spécialisée dans les accidents de la route. À l’aide de modélisations et de simulations virtuelles, ils arrivent à une hypothèse : Toutankhamon aurait été renversé par un char lancé à vive allure.
De nombreux éléments énigmatiques
Mais un autre aspect de la momie intrigue l’égyptologue. Elle semble carbonisée. A-t-elle été brûlée, et pour quelle raison ? Après analyse de la composition chimique d’un échantillon de tissu, l’anatomiste de l’université de Liverpool Robert Connolly et l’archéologue Matthew Ponting confirment la combustion du corps. Mais quelle en est la cause ? Le principal suspect : l’huile de lin utilisée pour l’embaumement, qui, au contact de l’air, peut déclencher une réaction exothermique.
Fort de ses premières découvertes, Chris Naunton se rend dans la Vallée des Rois pour voir la tombe du jeune souverain. « La première chose qui frappe dans ce tombeau, c’est sa petite taille, note-t-il. On ne s’attend pas à cela pour un pharaon. Pour tout dire, cela ressemble plutôt à la tombe d’un noble. » Ce tombeau n’était-il pas destiné à un autre ? Pourquoi a-t-il été épargné des pillages ? Une crue soudaine a-t-elle pu masquer l’entrée de la sépulture sous une couche de sédiments, comme l’affirme le géologue Stephen Cross ? Le tombeau de Toutankhamon a-t-il livré tous ses mystères ? Appartiendrait-il à un ensemble plus vaste, regroupant d’autres chambres funéraires ?
Amandine Deroubaix
Documentaire
Durée 85 min
Auteur-réalisateur Sean White
Production Blink Films / Handle Productions, avec la participation de Shaw Media, Thirteen, WNet et National Geographic Channels
Année 2013