Vu sur Terre : Nouvelle-Calédonie

Aux antipodes de la France, l’archipel calédonien recèle des trésors de biodiversité. Sur ces terres du bout du monde, la population vit encore, souvent par choix, au rythme des saisons, de ce que la nature lui offre. C’est le cas de Marcel Lapachas, un habitant de Lifou, l’une des îles Loyauté. Son coin de paradis, Marcel n’a jamais envisagé de le quitter. Très attaché à sa culture, celui qui se considère comme le « gardien de la maison » continue de perpétuer les traditions ancestrales au quotidien : « Ici, personne ne meurt de faim. Il suffit d’aller la chercher, la nourriture […]. » Comme son père et son grand-père, il a appris à repérer les bons endroits pour aller pêcher poissons, langoustes ou bénitiers au gré des besoins. Il sait aussi quand et comment poser des pièges dans la forêt pour attraper des crabes de cocotier. Tout un art qu’il enseigne à la ribambelle de neveux et nièces qu’il accueille chaque année pendant les vacances scolaires. Un retour aux sources, selon lui, indispensable. Ensemble et toujours en famille, ils préparent également le bougna, le plat mélanésien par excellence : des légumes, dont l’incontournable igname, symbole de respect et d’honneur, cuits dans des feuilles de bananier sur des pierres chaudes, que l’on accompagne de poisson, de poulet ou même de chauve-souris.

« Un mode de vie que l’on a dans le sang »

À près de deux heures de vol, vers l’ouest, s’ouvre un autre monde au cœur de Grande Terre, l’île principale : celui des broussards, les descendants des caldoches, les colons français. C’est dans cette région d’éleveurs que vivent, entre montagnes et forêts, Oana Larue et Cindy Baronnet. La première, étudiante à Nouméa, ne manque pas l’occasion de revenir dans sa région natale : « J’ai besoin de ma nature et de mes activités. C’est ici que je souhaite vivre ma vie », résume-t-elle. Adepte de freefly, une discipline de chute libre, Oana partage avec son amie Cindy l’amour des grands espaces et des chevaux. Aujourd’hui à la tête d’une ferme, la jeune éthologue, qui a grandi au milieu du bétail, affirme « avoir envie de perpétuer un mode de vie (qu’elle) a vraiment dans le sang ».

À Ouvéa, atoll isolé des îles Loyauté, c’est le lagon et l’immense barrière de corail qui intéressent les biologistes marins comme Germain Boussarie. Installé à Nouméa depuis six mois, le scientifique toulousain consacre tout son temps à l’étude du comportement des requins. Objectif de l’équipe de chercheurs de l’IRD, dont il fait partie : comprendre pourquoi 90 % des squales, indispensables à la santé des récifs, ont disparu des zones habitées de Nouvelle-Calédonie. Car, comme l’explique Germain, « si l’on veut conserver le lagon et sa richesse, il faut conserver les requins ».

Beatriz Loiseau