Quelques jours avant la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre), « Le Monde en face » propose une soirée avec un documentaire poignant, suivi d’un débat rallongé. Xavier Deleu, auteur-réalisateur de « Violences conjugales, au nom des femmes » diffusé sur France 5 en 2015 —, raconte cette fois comment des femmes victimes de violences se reconstruisent après le traumatisme qu’elles ont subi.
En France, une femme sur six déclare avoir été victime de viol ou de tentative de viol, une sur cinq, avoir subi un harcèlement sexuel au travail. Des chiffres alarmants qui décrivent une réalité peu reluisante de notre société. Que reste-t-il de la vie après ces violences ? Quelles sont les répercussions sur la vie intime, familiale et sociale de ces femmes ? Comment se reconstruire après des années de souffrances physiques et/ou psychologiques ? Telles sont les questions que se posent Oriane Denneulin et Xavier Deleu dans ce documentaire.
Dans un cas sur huit, quand une mineure subit des abus sexuels, l’agresseur est connu de la famille. C’est le cas de Ludivine, jeune championne de roller artistique. Ses parents pensaient bien faire quand, à 13 ans, ils la confient à un entraîneur national qui lui promet une place dans l’équipe de France. Elle part vivre alors dans la famille de cet homme. Quatre ans de calvaire silencieux s’ensuivent. Aujourd’hui, elle est capable de confronter son agresseur au prix d’une longue thérapie et d’une procédure judiciaire qui n’en finit pas.
L'importance de la reconnaissance du statut de victime
Sur les 80 000 femmes victimes de viol chaque année en France, une sur dix a le courage de porter plainte. Pour la bonne et simple raison que seul 2 % des violeurs sont condamnés, souvent après des procédures judiciaires épuisantes pour les victimes. Et cela quand elles sont prises au sérieux par la justice. D’autres n’ont pas cette chance. Comme Isabelle Thomas, assassinée par son compagnon, Patrick Lemoine, en août 2014, après deux ans d’une relation infernale. Avant que son bourreau passe à l’acte, elle avait pourtant déposé quatre plaintes pour menaces de mort. Aujourd’hui, sa sœur se bat pour que le système judiciaire français reconnaisse ses torts.
Une injustice qui n’aide pas au processus de guérison. Car la reconnaissance du statut de victime par la justice est une étape importante pour réapprendre à vivre. Sans elle, impossible de se reconstruire et d’aller de l’avant. C’est ce qui arrive malheureusement à beaucoup de femmes, coincées entre des souvenirs traumatisants et le besoin vital d’oublier.
Ludovic Hoarau
Documentaire
Durée 70 min
Auteure Oriane Denneulin
Réalisation Xavier Deleu
Commentaires dits par Anny Duperey
Production Electric Press, avec la participation de France Télévisions
Année 2016
#LMEF