Ce très beau portrait fait revivre, grâce à de nombreuses chansons et confidences, ce grand artiste épris de liberté.
ennui », le Belge, rejeton de famille industrielle, flamande et francophone, manque de peu de se laisser enferré dans la situation qu’on a avait préparée pour lui. À 16 ans, il entre au service commercial de la cartonnerie familiale Vanneste & Brel ; à 21 ans, il est marié à Thérèse, dite « Miche » ; à 22 ans, il est père pour la première fois. C’est un bourgeois, il se sent déjà mourir à petit feu. Il compose des chansons maladroites. À 24 ans, il s’enfuit à Paris, appelé par Jacques Canetti, directeur artistique chez Philips, propriétaire des Trois Baudets et découvreur de talents. L’époque des vaches maigres, des hôtels miteux et des sandwichs au camembert est déjà achevée en 1956. Le succès de « Quand on n’a que l’amour », c’est la fin de « l’abbé Brel », raillé par Brassens, et les vrais débuts du chanteur. 1959 : « Ne me quitte pas ». Il a 30 ans. L’année suivante, il fait un malheur à l’Olympia. Autour de lui, tout est en place. Georges Pasquier dit « Jojo », l’assistant, le chauffeur, le frère ; François Rauber, l’orchestrateur ; Jean Corti, l’accordéoniste ; Gérard Jouannest, le pianiste ; Brel, l’auteur, toujours difficilement satisfait de son artisanat ; Brel, l’interprète, malade comme un chien avant d’entrer en scène, tout juste apaisé après, ayant perdu 800 grammes et quelques litres ; Brel, l’homme, qui passe ses nuits dans les bars ou au bordel, misogyne amoureux qui enchaîne les histoires tout en retrouvant une fois par mois sa femme et les trois filles qu’il n’élève pas, à Bruxelles. 300 galas et 100 000 kilomètres par an en moyenne... Fin 1966, Brel est déjà un retraité de la chanson. Il n’a pas encore 40 ans. « Quand on n’a plus rien à dire, il faut se taire. » Il a décroché son brevet de pilote d’avion, il rêve d’être marin, il sera comédien – pendant six ans et pour dix films, dont deux qu’il réalise. Il est célèbre dans le monde entier, et puis il s’en fout. « J’ai une envie d’aimer qui est abominable. » En 1974, il embarque sur un voilier de 19 mètres avec sa nouvelle compagne. La suite, on la connaît. Il lui reste quatre années à vivre. En 1978, Georges Brassens, les larmes aux yeux, cherche ses mots : « Il était multiple...
Documentaire.
Écrit et réalisé par Philippe Kohly
Voix Chloé Réjon.
Documentation Christine Loiseau.
Produit par Morgane.
Avec le soutien du Centre national de la cinématographie et de l'image animée et de la Sacem. Avec la participation de France Télévisions et de la RTBF.