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Catharsis, l'inceste à La Réunion

Mardi 5 octobre 2021 à 21h00
Sur NC la 1ère

En s’intéressant à l’inceste, à la résilience des victimes et à leur reconstruction psychologique, ce documentaire s’attaque à un sujet tabou.  La réalisatrice Katia Clarens suit un dispositif mis en place à La Réunion, la scène de théâtre comme  libération de la parole. 


 

En France, 4 millions de personnes sont concernées par l’inceste. 6% de la population, toutes classes sociales confondues. Environ 2 enfants par classe. Pourtant le tabou persiste et les autorités ne s'emparent pas du problème - les rares campagnes de sensibilisation étant financées par des associations.

Sur l’île de La Réunion, Christine Douzain, une psychiatre spécialisée depuis 20 ans dans le traitement des victimes d’inceste a créé un dispositif de sensibilisation inédit qui utilise le théâtre pour évoquer l’indicible.

Il s’appuie sur une pièce intitulée « Quelque chose », écrite par Capucine Maillard, elle-même victime d’abus par son père. La mise en scène a été réalisée par Andréa Bescon, Molière du seul en scène en 2016 pour sa pièce traitant d’inceste, « Les chatouilles », adaptée au cinéma avec Eric Metayer. Le film a reçu le César de la meilleure adaptation, ainsi que celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Karine Viard.

L’audacieux projet imaginé par Christine Douzain est destiné au grand public mais aussi aux lycéens : dans quatre établissements de l’île, des ateliers de théâtre forum permettent aux jeunes de s’emparer du sujet. Auprès du public et des scolaires, l’objectif est le même : générer une catharsis, en utilisant la pièce pour stimuler en douceur la remémoration affective qui conduira à une libération de la parole des victimes. Car il leur faut en moyenne 16 ans pour parler de ce qu’elles ont vécu, et il y a souvent prescription lorsqu’elles osent enfin aller porter plainte.

La pièce est également jouée en prison devant des auteurs d’inceste afin de prévenir la récidive. Testé de manière expérimentale en quatre représentations en 2018, le dispositif a montré son efficacité. Après la fermeture du rideau, des victimes présentes dans le public prenaient la parole après 20 ans de silence. Des moments d’une intensité rare. Lors de la représentation en prison, des violeurs ont imploré le pardon. Dans les lycées, le travail a permis de détecter quatre adolescents en danger, qui ont été pris en charge par Christine Douzain.

Documentaire

Réalisation 
Katia Clarens 

Production 
Baozi Prod

Durée 
52 minutes

2021

Visuels

©Baozi Production