Au pays des kangourous, en dehors des grands axes, les routes réservent parfois des dangers insoupçonnés. Circulant au volant de camions démesurés ou de véhicules tout-terrain d’un autre âge, les conducteurs doivent faire preuve de beaucoup d’adresse et souvent d’ingéniosité.
L’Australie est sans conteste l’un des pays les plus développés de la planète. Sur cette île-continent, dont la superficie équivaut à quatorze fois celle de la France, la population et les grands centres urbains se concentrent dans le sud et à l’est. Ailleurs, et notamment au nord et au centre, il reste encore de vastes étendues sauvages où l’on dénombre à peine trois habitants au kilomètre carré.
C’est dans ces territoires éloignés du désert de Gibson et sur les côtes inviolées du Arnhem que vit la tribu des Yolngu. Des Aborigènes qui tentent de préserver leur culture ancestrale. Mais rester à l’écart de la modernité a un prix. Pour Timmy, chef coutumier de sa communauté, et les siens, se rendre d’un village à un autre relève de la gageure. Ici, il n’existe que peu ou pas de routes goudronnées, et il faut souvent faire appel aux esprits pour démarrer sa voiture et se donner du courage. Timmy doit assister à un enterrement à Barrkira, un bourg situé à 200 kilomètres de chez lui. Un voyage d’une dizaine d’heures à travers le sable et des pistes défoncées l’attend. Mais il sait que sa présence est indispensable au déroulement de la cérémonie, alors il se fait au chemin sans état d’âme. Profondément respectueux de la nature, les Yolngu ne cherchent pas à avoir de meilleurs axes routiers et sanctionnent même d’une forte amende tous ceux qui traversent leur territoire sans autorisation.
Au volant d’un mastodonte
À des milliers de kilomètres plus au sud, c’est un autre visage de l’Australie qui se dessine. Kevin, 27 ans, fait partie d’une caste à part, celle des chauffeurs de road trains, ces camions de 53 mètres de long qui servent au transport de marchandises entre les grandes villes et l’outback, l’arrière-pays. Il en faut, de l’adresse et de la précision, pour réussir à atteler trois remorques sur un poids lourd et le conduire à travers le bush sans accroc. Parfois les (mauvaises) surprises sont au rendez-vous : « Je devais franchir une rivière, mon camion s’est embourbé et il s’est mis à pleuvoir. Je suis resté coincé au milieu du gué entouré par les crocodiles sept heures avant que mes potes me sortent de là […]. Si tu te retrouves bloqué en plein été au milieu de nulle part, sans nourriture et sans eau, tu te retrouves dans la m… rapidement. » Russel, un autre routier, propriétaire d’une casse, met lui aussi l’accent sur les difficultés du métier : « Tirer plusieurs tonnes sous une chaleur de 50 °C sur les pires routes d’Australie, c’est une punition », avant de conclure : « (Heureusement) on peut compter sur les autres chauffeurs pour un coup de main ; sans cette solidarité, il serait impossible de conduire ces camions dans les conditions difficiles du désert. »
Beatriz Loiseau
Série documentaire
Durée 52 min
Réalisation Alexandre Dereims
Production Tony Comiti Productions, avec la participation de France Télévisions
Année 2017