Un cadavre au petit déjeuner

Après une soirée bien arrosée, Alice Avril se réveille avec un jeune homme poignardé dans son lit. Tout l’accuse. Il faut de toute urgence faire disparaître le corps, ce qui n’est pas une mince affaire ...

Tous les amis d’Alice vont plonger dans l’illégalité pour sortir leur amie du pétrin, entrainés par Marlène évidemment, mais aussi Laurence, qui mettra sa carrière en danger pour sauver son ennemie préférée. Nos héros  sont dans le collimateur d’un Commissaire particulièrement imbuvable, un certain Larosière. Et oui ! C’est le neveu du Célèbre Commissaire Larosière,  interprété par Antoine Duléry, offrant ainsi  un savoureux duel entre Première et Deuxième Saison des Petits Meurtres.

Au revoir irrésistible Commissaire Laurence, au revoir vibrionnante Alice Avril, au revoir délicieuse Marlène !

Mais comme dit la chanson ce n’est qu’un au revoir, car les 27 films que vous avez tournés chers Samuel, Blandine et Elodie Frenck, continueront longtemps à enchanter les petits et les grands.
C’est notre plus grande fierté : avoir réuni des familles entières devant le petit écran, ados et grands-parents s’appelant dès le générique de fin pour commenter l’épisode, comme le confie une jeune fan dans le documentaire sur Les Petits Meurtres. 
Avec le départ d’Antoine Duléry en novembre 2011, et la décision de créer une deuxième saison dans les années 60’s, j’ai imaginé trois personnages avec en tête des acteurs des années 60’s qui m’inspiraient : Cary Grant, le charme et la classe incarnés, et la référence à Hitchcock, très importante dans la direction artistique de la série, Shirley MacLaine,  une rousse avec une personnalité de feu, et bien sûr Marylin Monroe, incarnation sublime de la femme-objet. Ce que nous ne savions pas encore, lorsque nous avons clapé la première scène de cette deuxième saison, le jeudi 24 mai 2012, c’ est à quel point vous alliez très vite exploser le carcan du personnage et vous transformer en êtres de chair et de sang, complexes et sensibles, drôlissimes mais aussi profondément attachants.

L’imagination des auteurs de la série et l’audace de ses réalisateurs, tous dopés par votre immense talent, n’a connu aucune limite et nous vous avons entrainés dans des aventures toutes plus folles les unes que les autres. Vous avez tous échappé à la mort plusieurs fois, bien sûr. Le Commissaire Laurence a même assisté à son propre enterrement, caché dans un confessionnal, et il n’a pas hésité à se déguiser en femme pour démasquer un réseau d’espions. Le pire des machos devenant encore plus féministe qu’Alice Avril, le temps d’un épisode. Ah Brigitte ! Inénarrable secrétaire ! Rien qu’en prononçant son nom, le sourire vient aux lèvres. Marlène a failli épouser le sosie de Laurence, et jusqu’au bout a continué à fantasmer sur son Don Juan de patron. Vous avez eu, tous les trois, de nombreux coups de cœur, mais toujours sans lendemain.

Car, au fond, la grande affaire de votre vie c’est l’amitié. Trois solitudes qui se sont réchauffées à cette amitié improbable, entre engueulades, fâcheries et éclats de rire, démontrant que la plus belle des familles est celle qu’on se choisit.

Pour ces trois personnages « bigger than life » et ces trois acteurs exceptionnels, il fallait un écrin de toute beauté. Des décors magnifiques, des costumes somptueux, des voitures d’époque qui fassent rêver, une photographie qui donne le sentiment d’être au cinéma. L’ambition esthétique des Petits Meurtres est montée d’un cran avec la deuxième saison. Avec l’envie que chaque épisode soit un « voyage », voyage dans le temps certes, mais aussi voyage dans un univers hors du temps, chatoyant, coloré, glamour, ludique. Ce challenge, nous l’avons relevé grâce à l’équipe artistique exceptionnelle que j’ai réunie autour de moi et qui a travaillé comme un véritable commando très soudé pendant ces sept années. Les réalisateurs tout d’abord, dont je ne citerai que le premier, celui qui a donné la grammaire visuelle de la deuxième saison avec un immense talent, Eric Woreth. Et les véritables artistes que sont Moundji Couture, le Chef Décorateur, Bertrand Mouly, le Chef Opérateur et Sophie Dussaud, la Chef Costumière. Avec des budgets relativement faibles pour des films d’époque, ils ont fait des miracles pour régaler nos pupilles.

Finir la saison avec une comédie musicale est une idée qui a enthousiasmé l’équipe et les comédiens. « La La Land » venait de sortir, « Les Demoiselles de Rochefort » était un film culte pour beaucoup d’entre nous. Mais surtout la comédie musicale, cela collait tellement bien avec l’esprit des Petits Meurtres. D’abord parce que le mélange des genres est dans notre ADN. Mélanger polar et franche comédie, hémoglobine et humour, c’est notre marque de fabrique. Alors enquêter sur des meurtres en chantant et en dansant, encore une idée folle pour nos personnages, une de plus ! Et puis dans notre ADN, il y a aussi cet esprit ludique. Le goût de jouer : dans nos scénarios, dans notre façon de filmer, dans notre musique même, une certaine façon d’être en complicité avec le spectateur, de lui faire des clins d’oeil, tout en conservant la sincérité et l’humanité des personnages. Que pouvait-il y avoir de plus ludique que de chanter et de danser pour notre public ? La préparation a été intense :  leçons de chant, cours de danse pour tous les acteurs de la série et écriture de douze chansons originales.

Laurence, Avril et Marlène nous quittent en chansons, mais « la vie continue » comme le chantent les acteurs dans le dernier numéro de la comédie musicale, et Les Petits Meurtres continuent eux-aussi, pour notre plus grand bonheur et on l’espère celui de notre public. Rendez-vous dans les années 70’s !

Sophie Révil, la créatrice des Petits Meurtres