Le premier jour du reste de ta vie

Après Ma vie en l’air – qui avait déjà été remarqué lors de sa sortie sur les écrans –, Rémi Bezançon réalise Le Premier Jour du reste de ta vie, une chronique familiale douce-amère. Le film a suscité beaucoup d’engouement auprès du public par ses choix scénaristiques, sa sobriété et un casting hors pair, Jacques Gamblin et Zabou Breitman en tête. Le Premier Jour du reste de ta vie ne qualifie pas un jour mais cinq jours marquants de l’histoire d’une famille, celle de Robert (Jacques Gamblin), son épouse Marie-Jeanne (Zabou Breitman), et leurs enfants Albert (Pio Marmaï), Raphaël (Marc-André Grondin) et Fleur (Déborah François). Cinq jours qui dynamitent le cours d’un long fleuve tranquille : de l’innocence de l’enfance à la responsabilité d’adulte, en passant par la crise de l’adolescence, personne n’est épargné par les bourrasques que provoque l’évolution naturelle de l’univers familial. Jacques Gamblin et Zabou Breitman, qui n’en sont pas à leur première collaboration (ils ont joué dans Tenue correcte exigée), fonctionnent à merveille dans l’interprétation de ce couple qui s’aime, se délite, s’éloigne pour mieux se retrouver.
En suivant les trajectoires des différents personnages, à la fois leur évolution et leur adaptation dans la vie sociale et privée, chacun n’y trouve pas sa place, du moins tarde à la trouver. Les relations familiales sont tendres pour devenir, ensuite, tendues et éloignées. C’est aussi l’occasion de s’apercevoir que les erreurs se répètent et même avec la meilleure volonté du monde, les parents n’arrivent pas à les éviter. Ainsi Robert reproche à son père de l’avoir toujours négligé, dénigré, mais lui-même n’arrive plus à rétablir un lien avec son fils aîné qui le mésestime. Le Premier Jour du reste de ta vie est loin d’être un film rose bonbon, il n’émet aucun jugement et ne se pose pas en maître de la morale. Mais il montre simplement que la famille, quelle qu’elle soit, ne peut être idéale ni idyllique et qu’il faut se faire à cette idée. Le film frappe également par l’aisance avec laquelle les spectateurs peuvent s’identifier aux personnages notamment ceux des enfants : en effet, les jeunes comédiens qui les interprètent – avec une très grande justesse – n’étaient à l’époque pas encore très connus. Ce parti pris est d’ailleurs l’une des grandes forces du film.

Mona Guerre