Une passion forte mais interdite, pendant la Libération, entre une jeune femme dont le mari est prisonnier en Allemagne et un GI noir venu prêter main forte à son beau-père pour les moissons. Julie Debazac interprète son rôle à merveille dans cette histoire d'amour imposible.
En 1944, dans un village de Bourgogne, Louise Venturi, infirmière, assiste à l'exécution d'un jeune soldat allemand par des soldats américains venus libérer la France. Parmi eux, Gary Larochelle, un GI noir, qui n'est pas insensible à son charme et fait tout pour la revoir. N'ayant plus de nouvelles depuis quatre ans de Pierre, son mari, prisonnier en Allemagne, Louise finit par nouer une relation avec Gary.
Genre Téléfilm dramatique
Réalisateur Philippe Niang
Scénario Aude Blanchard et Philippe Niang
Origine France
Durée 1h30
Année 2009
Avec Anthony Kavanagh, Julie Debazac, Georges Corraface, Delphine Rich, Lilly-Fleur Pointeaux, Mike Powers, Edouard Montoute, Bruno Slagmulder, Shirley Bousquet
Vous interprétez Gary Larochelle, un GI épris d’une Française. Une liaison qui provoquera un tel déchaînement de haine qu’on ira jusqu’à l’accuser de viol. Pourquoi?
En 1945, l’US Army est le reflet d’une société américaine qui pratique encore la pire des ségrégations. Sur les plages du débarquement, vous ne verrez pas beaucoup de soldats noirs, car leurs supérieurs ne voulaient surtout pas armer et valoriser des hommes de couleur. Les autorités françaises étaient tout aussi racistes : De Gaulle ayant demandé aux Américains d’interdire l’accès de Paris aux militaires de couleur ! Et s’il a laissé la division Leclerc libérer la capitale, c’est parce qu’elle ne comptait que des Blancs dans ses rangs… Les choses ont heureusement changé. Aujourd’hui, pour les jeunes immigrés, l’armée américaine est le premier vecteur d’intégration sociale. En France, l’armée n’a toujours pas de dirigeants noirs…
La France aurait-elle du mal à intégrer ses minorités ?
Regardons les faits : sur les 300 films et téléfilms produits cette année, combien comptent des comédiens noirs à leur casting ? Très peu. Aucune grosse production ne se monte sur un acteur de couleur. J’espère que des téléfilms comme Les Amants de l’ombre feront bouger les choses. Moi-même, malgré ma petite notoriété, je subis encore des discriminations dans la vie de tous les jours.
Par exemple ?
Cela m’arrive tant de fois, dans la rue, dans le métro… Il n’y a pas si longtemps, en rentrant de vacances d’une île des Caraïbes, l’avion fait escale à Miami. L’appareil est plein de touristes français, tous blancs, et je suis le seul Noir. Qui a été l’unique personne interpellée par les douanes ? Moi. Ce contrôle m’a énervé et je l’ai dit au douanier, qui était… noir !
C’est votre premier rôle dramatique. Comment passe-t-on des one-man shows comiques à un téléfilm grave ?
Il est plus difficile de faire rire une salle que d’émouvoir devant une caméra. L’humour est une affaire sérieuse et ne permet aucun droit à l’erreur : il faut dérider son public à chaque minute. Le rire requiert un rythme impitoyable! En revanche, pour cette comédie dramatique, j’ai appris à intérioriser l’émotion et à la porter sur le long terme. C’est un exercice artistique passionnant.
Après avoir goûté au drame, avez-vous envie de recommencer ?
Quand on est gentil dans la vie, on a envie d’être détestable dans la fiction, l’intérêt du métier d’acteur étant de sortir de soi pour incarner un autre totalement étranger. Je rêve de jouer un vrai méchant, un personnage inquiétant, dans un polar sombre… Pourquoi pas un tueur psychopathe ?