Ken Loach en 10 films

 

Après une chaîne éphémère consacrée à James Bond, france.tv propose une collection Ken Loach, avec pas moins de 10 films emblématiques de son cinéma.

 

 

Fatherland, Riff-Raff, Raining Stones, Ladybird, Carla’s Song, My Name is Joe, The Navigators, Sweet Sixteen, Just a Kiss, Route Irish, 10 films, 10 succès critiques et populaires qui témoignent, et de l’engagement politique du réalisateur britannique, et de son style naturaliste, direct et sensible. Avec humour, Ken Loach dit qu’il est « devenu l’assistant social du cinéma anglais », tant ses films n’ont eu de cesse de dénoncer les pages peu glorieuses de l’histoire britannique, mais surtout les conséquences désastreuses de ses politiques publiques et, de fait, la détresse économique, sociale et affective des laissés-pour-compte du système. Fondateur de la vague néo-réaliste du cinéma britannique, portraitiste tendre, Ken Loach signe un cinéma militant où il prend clairement position pour l’immigré, l’ouvrier, le miséreux.

 

10 portraits d’hommes et de femmes

 


Les 10 films proposés sur france.tv montrent la constante militante de Ken Loach, puisque tous pourfendent l’ordre établi et éclairent, sans jamais sombrer dans le mélodrame facile, la misère, fille ordinaire de l’injustice sociale. Toujours du côté des ouvriers, des opprimés, Ken Loach met beaucoup d’humanité, de tendresse et de pudeur dans le portrait de ses personnages bafoués par la vie.

 

Dans Fatherland, un jeune chanteur de la RDA passé à l’Ouest, part à la recherche de son père (1986). Riff-Raff (1990) suit un jeune Écossais sorti de prison – Robert Carlyle que l’on retrouvera dans Carla’s Song –, qui découvre l’âpreté des conditions de travail sur un chantier, mais aussi la camaraderie et l’amour. Raining Stones, prix du jury au Festival de Cannes 1993, montre comment un homme au chômage se débat pour pouvoir offrir à sa fille sa robe de communion. Ladybird, drame poignant, a valu au réalisateur d’être récompensé deux fois à Berlin et à sa comédienne, Crissy Rock, de recevoir quantité de prix pour son interprétation. Cette dernière y incarne une mère qui, suite à des mariages malheureux, a perdu la garde de ses enfants. Après être tombée amoureuse d’un homme, elle poursuit son combat pour les récupérer, mais se heurte à la méfiance  des services sociaux. Carla’s Song, en 1996, franchit les frontières puisque, si le film commence en Angleterre, il suit ensuite les deux protagonistes, un Anglais, chauffeur de bus, et une réfugiée, au Nicaragua en pleine révolution sandiniste. Ken Loach retourne à son époque et à ses terres d’outre-Manche avec My Name is Joe. Il filme la rencontre de deux solitudes, de deux classes sociales ; celle d’un ancien alcoolique au chômage totalement dévoué à une (mauvaise) équipe de foot et d’une assistance sociale, qui cherchent ensemble à goûter quelques moments de bonheur, même si le quotidien les débusque pour les enchaîner au sordide. Inspiré de l’histoire d’un cheminot, The Navigators s’intéresse aux ouvriers du réseau ferroviaire national alors qu’il est privatisé. Ils doivent se plier aux ordres de leur nouvelle direction, même s’ils s’avèrent absurdes, afin de ne pas perdre leur gagne-pain. Une lutte aussi inégale que sisyphienne. Sweet Sixteen dresse le portrait d’un adolescent, petit dealer, qui rêve d’un foyer et se voit enrôlé par la mafia du coin et englouti par la violence. Une descente aux enfers sans éclaircie. Dans Just a Kiss, Ken Loach aborde de nouveau le sujet de l’immigration à travers l’histoire d’amour entre un réfugié pakistanais et une professeur catholique, les deux subissant les préjugés et attentes de leur communauté. Route Irish est un thriller qui a pour toile de fond la guerre en Irak. Suite à la mort de son alter ego sur la route la plus dangereuse de Bagdad – la route Irish –, un homme décide de mener l’enquête. Ken Loach filme le retour des soldats, marqués par des blessures tant physiques que psychologiques. Un film dur et essentiel, comme tout le cinéma de Ken Loach.  

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Ken Loach est certainement l’un des réalisateurs les plus primés du Festival de Cannes ; 13 sélections, 7 prix cannois, 2 palmes, 3 prix du jury, sans oublier le prix d’interprétation masculine 1998 qui récompense le fantastique Peter Mullan, rôle-titre de My Name is Joe, ainsi que le prix du scénario attribué à Paul Laverty pour Sweet Sixteen, collaborateur plus que régulier de Loach.