Temps fort SEM 38
- Partagez ' Secrets d’histoire : La Légende noire de la reine Margot' sur Facebook
- Partagez ' Secrets d’histoire : La Légende noire de la reine Margot' sur X
- Partagez ' Secrets d’histoire : La Légende noire de la reine Margot' sur LinkedIn
- Partagez ' Secrets d’histoire : La Légende noire de la reine Margot' par email
Secrets d'histoire revient pour sa 10e saison et une nouvelle salve estivale. D'Agatha Christie à Michel-Ange, de la France du Régent au Maroc de Moulay Ismaïl, en passant par l'Autriche de Marie-Thérèse, Stéphane Bern parcourt l'espace et le temps. Et c'est la reine Margot qui ouvre le bal...
Dans quel état d’esprit avez-vous abordé le tournage de cette 10e saison de Secrets d’histoire ?
Avec une gourmandise intacte. C’est toujours un plaisir, année après année, de s’attacher à des grandes figures romanesques auxquelles le public peut s’identifier. Qu’est-ce qui rend l’histoire si attrayante ? Des personnalités qui ont vécu les mêmes passions humaines que nous, évidemment souvent exacerbées et parfois contrariées : l’amour (et le désamour), la recherche de la gloire (même éphémère), la soif d’argent et de pouvoir... On retrouve cela à toutes les époques et c’est en cela que ces figures, en dépit du temps, nous semblent familières et nous renvoient toujours d’une manière ou d’une autre à notre monde contemporain. Il arrive souvent que des gens que je croise viennent me dire « Merci de nous faire aimer l’histoire ». Cela me touche beaucoup, bien entendu, mais cela me frappe également. Je crois que nous vivons dans une époque qui cherche des repères, de la chronologie, des grandes figures. On apprend l’histoire à l’école – et j’adorais cela –, mais ensuite, elle est parfois un peu désincarnée. Or, nous avons besoin de romanesque, de chair, d’émotions, de ressentir ce vibrato particulier que possèdent les historiens les plus passionnés. Avec Secrets d’histoire, on part en voyage à travers le temps, l’espace, on parcourt l’Europe, cette année on pousse jusqu’au Maroc, on profite d’anniversaires (le tricentenaire de Marie-Thérèse d’Autriche), on revient parfois sur nos pas : nous avions déjà traité d’Henri IV, en laissant un peu de côté la reine Margot, et c’était un regret. C’est une femme fascinante, un personnage de roman depuis Dumas, elle a sa légende noire, alors c’était très tentant d’y retourner voir.
Il y a souvent dans ces émissions le plaisir de confronter la réalité et la légende, noire ou dorée...
C’est un des secrets de Secrets d’histoire (rires), faire la part du mythe et de la réalité historique. Cela ne retire rien au romanesque dont je parlais, au contraire, cela dessine des figures plus contrastées. Le Saint Louis que nous avons proposé n’était pas exactement celui des manuels scolaires. Isabelle la Catholique, c’est à la fois la figure de sainte et l’expulsion des Juifs d’Espagne, Louis XIV à la fois Versailles et la révocation de l’édit de Nantes, etc. Cette année, on verra que, derrière le jouisseur libertin Philippe d’Orléans (le Régent), il y a aussi un réformateur étonnant, l’inspirateur de la Banque de France, etc.
Quels sont les autres « secrets » ?
Une manière d’envisager l’histoire dans sa géographie, je veux dire cette idée que l’histoire n’est jamais aussi incarnée que lorsqu’on se trouve dans les lieux – souvent exceptionnels – où elle s’est déroulée. Si je prends ma lampe-torche pour faire le guide, ouvrir des portes, ce n’est pas seulement pour donner du grain à moudre à Yann Barthès ou Nicolas Canteloup (rires), c’est surtout que je suis le premier à ressentir ce besoin de lire la succession des événements là où ils se sont passés. Ensuite, c’est un souci de mettre les historiens en avant. Je ne suis que le passeur, le raconteur, eux apportent la substance. Si l’émission se veut divertissante dans la forme, elle se veut rigoureuse sur le fond. Enfin, je dirais que c’est tout simplement l’ambition d’apporter de la culture – sans pédanterie mais plutôt avec empathie et gourmandise – en première partie de soirée. Et c’est tout à fait le rôle du service public.
D’année en année, Secrets d’histoire s’est imposé comme une émission de référence. Cela change-t-il l’accueil que vous recevez lors des tournages ?
Je ne remercierai jamais assez Valérie Lemercier de nous rendre hommage dans son dernier film en mettant en scène un couple qui fait chambre à part parce que le mari regarde l’émission tous les mardis et voudrait que sa fille épouse Stéphane Bern ! Cela m’a beaucoup touché. C’est la preuve que Secrets d’histoire fait partie du paysage. Plus sérieusement, nous avons toujours été très bien reçus dans tous les lieux où nous avons tourné par ceux qui en ont la responsabilité et qui ont toujours très à cœur de les faire connaître. Mais il est vrai que, au fil des années, le succès de l’émission nous a ouvert des portes, et nous sommes accueillis toujours plus chaleureusement en France. Lorsque nous filmons un lieu, cela se traduit bien souvent par une augmentation de l’ordre de 30 % des visiteurs. J’en suis très heureux, je ne vais pas répéter ici à quel point le patrimoine est l’un de mes chevaux de bataille. Ce qui a surtout changé, c’est qu’à l’étranger on commence à mieux connaître Secrets d’histoire. Nous avons par exemple été approchés par les Suédois qui nous ont dit : « Revenez, on va vous trouver des choses sur la famille Bernadotte ». On m’a d’ailleurs raconté qu’à Windsor, à Buckingham ou dans d’autres lieux européens où nous avons tourné, on avait pu constater l’impact de telle ou telle de nos émissions en voyant la pile des guides en français fondre à vue d’œil !
Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier
Maintenir l’esprit de Secrets d’histoire tout en renouvelant l’émission, c’est le pari de son producteur, Jean-Louis Remilleux, et de France 2. « La nouveauté essentielle de cette 10esaison, outre un nouveau générique, concerne les illustrations historiques de nos émissions. Jusqu’à présent, nous avions fait le choix de nous appuyer sur des extraits de films de fiction d’origines diverses, tournés à des époques différentes. Cette diversité pouvait poser problème : Marie-Antoinette, par exemple, avait tour à tour les traits de Michèle Morgan, de Natalie Portman ou d’Edwige Feuillère ! Sous l’impulsion de Catherine Alvaresse, directrice des magazines et documentaires de France 2, qui y tenait beaucoup, nous avons opté pour des évocations tournées par nos soins dans les conditions et avec l’ambition des tournages de fiction. Il s’agit davantage d’illustrations d’un propos que de véritables moments dramatiques, mais je crois que nous proposons ainsi au spectateur une plus grande identification avec les personnages et que l’émission y gagne en cohérence et en qualité. »