À l'occasion de la 26e conférence annuelle de l'ONU sur le climat — la COP26 – qui se tiendra du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow, Hugo Clément nous emmène à la rencontre des combattant(e)s qui se mobilisent pour la préservation de l'eau en France.
Éditorial d'Hugo Clément - Journaliste
Cet été, j’ai été frappé, comme chacun d’entre nous, par la multiplication des incendies en France, en Grèce, en Turquie, en Algérie… Les satellites de la NASA ont recensé le 8 août plus de 180 000 feux à travers le monde : un record historique. Ce terrible état des lieux est directement lié à la sécheresse.
Nous avons tous l’impression de sortir d’un été pourri, et pourtant, même cette année, un tiers des départements français ont dû imposer des restrictions de l’usage de l’eau. Un village près de Narbonne s’est retrouvé à sec : plus rien ne coulait au robinet. Ils ont été obligés de se faire livrer de l’eau potable par camions-citernes. Le niveau de la nappe phréatique ne permettant plus l’alimentation en eau potable.
Je me suis aperçu que l’on ne s’intéressait pas assez à ce qui se passe sous nos pieds. En France, près des deux tiers de l’eau potable que nous consommons viennent des eaux souterraines. Pourtant, savons-nous à quoi ressemble une nappe phréatique ? J’ai décidé d’explorer les entrailles de la terre pour mieux comprendre leur fonctionnement. Avec le dérèglement climatique, les périodes sans pluie deviennent plus longues et plus fréquentes.
Nous avons appelé l’émission « La guerre de l’eau en France » car nous assistons chez nous aux premiers conflits occasionnés par la raréfaction de cette précieuse ressource. En Picardie, des habitants accusent les canons anti-grêle de les priver de pluie. En Charente, des citoyens se battent pour bloquer la construction de méga-bassines destinées à l’irrigation agricole.
Nous devons absolument apprendre à gérer différemment notre eau pour préserver cette ressource vitale. C’est le combat mené par Emma Haziza, cette chercheuse déploie beaucoup d’énergie pour alerter les habitants et pour trouver des solutions. Dans un immeuble de Grenoble, on utilise déjà l’eau de pluie pour alimenter les robinets et la ville des Sables d’Olonne se lance elle dans un projet encore plus surprenant : traiter les eaux usées issues des salles de bains et des toilettes pour les transformer… en eau potable !
Présentation
Hugo Clément
Production
Winter Productions
Avec la participation de
France Télévisions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Anne-Claire Danel
Direction des magazines
Nicolas Daniel
Thibault Romain
Patricia Corphie
Sophie Martin
Séquences exceptionnelles
Boire ses eaux usées : un projet aux Sables-d’Olonne, déjà une réalité en Namibie
Le défi, transformer l’eau qui sort de nos toilettes en eau parfaitement buvable ! Aux Sables-d’Olonne, un procédé encore à l’étude pourrait permettre de recycler les eaux usées dès 2023. Il y a urgence, la station balnéaire manque cruellement d’eau pendant la saison touristique. L’exemple à suivre vient de la Namibie ! Ce pays a en la matière une sacrée longueur d’avance ! Hugo Clément visite la première usine au monde d’eaux usées recyclées. Après tout un parcours à travers différents filtres, bacs de décantation et une ultime étape d’ultrafiltration pour évacuer bactéries et virus, l’eau est à nouveau saine et parfaitement consommable. Convaincu, Hugo se livre sans hésiter à une dégustation.
Des canons anti-grêle résonnent dans les campagnes françaises : des cultivateurs veulent faire la pluie et le beau temps
Des dizaines de canons anti-grêle existent un peu partout en France. Des cultivateurs les actionnent dans un bruit assourdissant lorsqu’ils voient arriver un nuage menaçant. Dans la campagne picarde, des riverains sont persuadés que ces détonations, au-delà d’être extrêmement bruyantes, empêcheraient la pluie de tomber. Ils se battent pour faire disparaître ces canons du paysage et préparent des recours en justice.
À Grenoble, un immeuble entier utilise la pluie recyclée en eau potable
Les eaux de pluies sont transformées en eau potable, tandis que les eaux usées servent à cultiver des jardins participatifs. Les locataires des 62 logements diminuent ainsi de deux tiers leur consommation. Prochaine étape, ils pourront bientôt réutiliser l’eau de leurs douches pour se laver à nouveau dès le lendemain.
La guerre des méga-bassines en Charente
Dans la campagne charentaise, neuf immenses réserves d’eau pourraient voir le jour d’ici quelques semaines. Elles doivent permettre d’arroser les champs, en majorité du maïs très gourmand en eau pendant l’été. Mais d’autres agriculteurs indignés par cette pratique de réquisition s’opposent aux travaux.
L’eau doit rester un bien commun. Pour eux, il est aberrant que l’on puise l’eau dans les nappes phréatiques pour la stocker à l’air libre et la laisser s’évaporer sous les rayons du soleil.
Portraits et Verbatim
Emma Haziza
Hydrologue engagée, Emma met toute son énergie pour alerter les Français et chercher des solutions pour faire face à la sécheresse.
« On a cinq ans pour agir, on n’a pas jusqu’en 2050. Les choses sont en train de se dérouler à une telle vitesse qu’on n'a jamais vu ça de mémoire d'homme. »
Hervé Godefroy
Cet habitant de Cartigny (Somme) se bat contre les canons anti-grêle de son voisin agriculteur. Il est persuadé que ces dispositifs empêchent la pluie de tomber et accentuent la sécheresse. Lui qui travaille aussi dans le milieu agricole veut faire cesser à tout prix ces détonations assourdissantes.
« Trois, quatre agriculteurs font la pluie et le beau temps, sans s’occuper des centaines d’autres agriculteurs voisins. C’est vraiment terrible ! »
Marina Lonardi
Avec sa ferme « Les Jardins de l’Osme », cette maraîchère bio privilégie la culture de légumes peu gourmands en eau. Elle s’oppose fermement à un projet de construction de méga-bassines tout près de chez elle. Elle se mobilise pour que les exploitations agricoles gèrent mieux cette ressource qui se raréfie. Elle refuse que l’on pompe dans les nappes phréatiques pour remplir des retenues d’eau démesurées.
« Autour de chez moi, il y a 9 projets de bassines supplémentaires : je me dis qu'on va droit dans le mur. »