Investigatiôns – Saint-Martin : un an après

Dans les jours qui ont suivi le passage de l'ouragan Irma, l’État français mobilise des milliers de secouristes et soldats pour rétablir l’eau et l’électricité. Seulement, une fois passée l’urgence, le plus dur reste à faire... Reconstruire une à une les maisons. Un chantier titanesque. Sur place, les entreprises sont débordées. Il faut parfois attendre quatre mois pour obtenir une simple fenêtre. Les prix flambent et les remboursements des assurances tardent à venir. En janvier, seuls 20 % des dégâts ont été remboursés. Entre ceux qui ont vu leurs factures s'envoler et ceux qui pensaient que « cela n'arrive qu'aux autres », ils sont nombreux à vivre encore dans une grande précarité, sous des toits en bâche ou des tôles provisoires. 

C'était une image forte d'Irma : des navires échoués en pagaille dans les ports ou en bord de route. Cinq mois après, seule une marina sur quatre a pu rouvrir. Plus de mille bateaux ont été détruits, et une entreprise de plaisance sur deux est en passe de faire faillite...

Le tourisme peine à redémarrer. Sur 34 hôtels, seuls quatre ou cinq avaient rouvert début février. Le fleuron touristique de l’île, l’hôtel cinq étoiles Belmond La Samanna, envisage un plan de licenciement massif... Investigatiôns avait suivi Philippe Seguin, patron du Beach Hôtel, peu de temps après le passage d’Irma. Aujourd’hui, son hôtel de 175 chambres est au point mort. Aucune rénovation ou reconstruction n’a encore commencé. Pis, selon lui, elle ne débutera qu’en septembre 2018, pour une ouverture en novembre 2019. De plus, M. Seguin, comme d’autres professionnels, attend toujours le raccordement de son hôtel au réseau EDF : « En attendant, je tourne sur groupe électrogène. » Sur place, les équipes EDF s’activent et sont toujours très sollicitées. L’enjeu : basculer de l’urgence du retour de l’électricité via des groupes électrogènes au raccordement normal de tous les habitants, collectivités et entreprises au réseau.

Du côté des écoles, la situation reste tendue. 1 826 élèves manquent à l’appel… Beaucoup de familles ont quitté l’île et ses établissements scolaires sont dévastés. Au total, 7 000 îliens seraient partis. Un exode massif ! Ceux qui restent (ou reviennent) vivent dans le stress et l’angoisse. Et, pas de chance pour eux, l’aide médico-psychologique des premières heures post-Irma est bel et bien terminée. Pis, sur les quatre psychiatres que compte l'hôpital, deux ont quitté l'île, l'un est en burn-out et l'autre à deux doigts de jeter l'éponge.

Dans ce nouveau film, l'équipe d'Investigatiôns a retrouvé certains des habitants rencontrés lors d'un précédent tournage réalisé quelques semaines après la catastrophe. Comme Ketteline et sa mère, dont le toit de la maison n’était toujours pas réparé début février... Castor, volontaire du RSMA, doit rendre visite à sa famille relogée, qui n’a plus vue sur la mer... Le Dr Merlet devait bénéficier d’un tout nouveau cabinet médical courant mars. En attendant, il exerce encore sous une tente prêtée par les pompiers. Pour tous, la vie reprend doucement avec son lot de difficultés : « Tout est plus compliqué, tout prend plus de temps », résume le Dr Merlet. Lui, comme beaucoup de Saint-Martinois, redoute déjà la nouvelle saison cyclonique. Certains prévisionnistes la prédisent déjà forte en tornades. De quoi raviver, une fois de plus, les angoisses...

Réalisation : Frédéric Monteil — Productions : LF Production & AMC2, avec la participation de France Télévisions — Durée : 52 min