Amande, les secrets d’un super-aliment

Riche en protéines, en fibres et en oméga 3, l’amande est devenue en quelques années le fruit sec préféré des Français. À tel point que sa consommation a doublé en dix ans. Comment cette graine oléagineuse s’est-elle imposée comme un super-aliment jusqu’à devenir la première noix de l’agroalimentaire ? Les bienfaits nutritionnels qu’on lui prête sont-ils bien réels ? Qui se cache derrière ce marché juteux qui pèse 10 milliards d’euros dans le monde chaque année ?

Pour le découvrir, direction les États-Unis, premier producteur et exportateur d’amandes. Un million de tonnes sont récoltées chaque année sur les collines de Californie, soit plus de 80 % de la consommation mondiale. Grâce au climat ensoleillé et à une terre fertile, 6 800 agriculteurs de la Vallée centrale vivent de cette industrie très lucrative. Pour assurer leur place de leader, ils se sont même regroupés au sein de l’Almond Board of California. Ce collectif très puissant a réussi l’exploit de faire de cet oléagineux l’un des symboles de la nutrition saine, au moyen d’études scientifiques et de coups marketing très efficaces. Résultat : ce produit, désormais de luxe, a vu son prix multiplié par quatre en dix ans. Malgré cela, la demande ne cesse de croître. Pour y répondre, l’organisation américaine envisage d’augmenter la production de 25 % dans les cinq prochaines années.

Une culture intensive particulièrement gourmande en eau

Mais certains tirent la sonnette d’alarme et dénoncent les conséquences désastreuses sur l’environnement de cette arboriculture intensive. « La superficie allouée aux amandes a augmenté de manière considérable, s’inquiète Jose Faria, ingénieur agronome au département californien de contrôle des ressources en eau. C’est une culture extrêmement rentable qui attire un nombre croissant d’investisseurs de Wall Street. Ils achètent des parcelles de terre immenses et plantent ces arbres qui demandent énormément d’eau. » Car l’amande est gourmande : 4 litres sont nécessaires pour faire pousser un seul fruit. Un véritable problème quand on sait que l’État de Californie fait face à la pire sècheresse de son histoire et n’a pas vu une goutte de pluie depuis quatre ans. Pour sauver leur trésor, certains producteurs n’hésitent pas à creuser des puits de plus en plus profonds afin de trouver les dernières ressources hydriques. Pour José Faria : « Si on continue comme cela, on va droit dans le mur. Dans cent ou cent cinquante ans, les prochaines générations n’auront plus d’eau du tout. » Et encore moins d’amandes à se mettre sous la dent.

Amandine Deroubaix