À bientôt 93 ans et plus de soixante-dix ans de carrière, Charles Aznavour est toujours en haut de l’affiche.
Ce documentaire Charles Aznavour, l'intégrale retrace l’éblouissante trajectoire de cet artiste complet – il a écrit plus de 800 chansons et joué dans près de 60 films –, dont la plume a toujours puisé dans l’encre de sa vie.
Le succès, contre toute attente
On ne présente plus le grand Charles de la chanson française. Il est l’auteur et l’interprète habité des plus grands standards du répertoire. « La Bohême», « Je m'voyais déjà », « For me... formidable », « Emmenez-moi», « Les comédiens »… autant de tubes qui ont marqué leur temps et inspiré plusieurs générations de jeunes chanteurs. Pourtant, rien ne prédestinait ce fils d’émigrés arméniens à un parcours d’artiste adulé dans le monde entier. Une voix cassée et éraillée, un physique quelconque… Les critiques ne sont pas tendres avec le chanteur à ses débuts. Aznavour confessera plus tard : «Je suis content de moi, car j’ai réussi une chose très difficile. J’ai été contre toutes les lois de notre métier. » C’est dans les années 40 que le vent tourne grâce à des rencontres déterminantes. Le pianiste Pierre Roche, qui va devenir son partenaire, puis, quelques années plus tard, Édith Piaf, qui remarque le duo et le choisit pour assurer ses premières parties. La chanteuse aime sa manière de chanter, « comme moi, vous mordez dans les mots », lui déclare-t-elle. Adoubé par la bonne fée Piaf, Aznavour connaît son premier succès populaire en 1952 : « Jezebel ».
(c) Ibach Télévision
Une écriture ciselée
Entre chansons et interviews délivrées à plusieurs époques, le film met en lumière la passion d’Aznavour pour les mots. Parolier de ses textes, il a aussi écrit pour beaucoup d’autres (Édith Piaf, Juliette Gréco, Johnny Hallyday…). Des chansons qui évoquent l’amour, le quotidien, le temps qui passe, la société qui évolue, les galères aussi. « La chanson m’a sorti de la médiocrité. Elle m’a apporté tout ce que j’ai et ce que je suis », reconnaît-il. « Je ne veux pas perdre l’habitude d’écrire. Car le jour où j’aurai besoin de cerner un sujet, je veux être capable de bien maîtriser l’histoire, la rime, le petit détail. Comme le pianiste fait ses gammes, le cycliste du vélo, l’auteur doit écrire tous les jours. Je suis un écrivain de la chanson. » Et, sur scène, Aznavour devient un acteur de ses textes, tant il les incarne grâce à un regard habité et à une gestuelle de comédien.
(c) Ibach Télévision
Du music-hall au cinéma
Si la chanson a fait naître Charles Aznavour auprès du public, c’est pourtant sur les planches que l’artiste a fait ses débuts. « Dès mes 9 ans, je me voulais comédien. Mais je ne sais pas si je l’étais vraiment », avoue-t-il.
Un doute vite dissipé au regard de sa large et riche filmographie : près de soixante films tournés avec les plus grands noms du septième art. En 1958, alors que sa carrière de chanteur a pris son envol, Aznavour renoue avec ses premières amours en jouant dans La Tête contre les murs de Georges Franju, avec Pierre Brasseur et Jean-Pierre Mocky. Puis viendront, pour les plus significatifs, Tirez sur le pianiste de François Truffaut, Un taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière, Le Passage du Rhin d’André Cayatte.
Un double itinéraire pour un artiste complet et gâté.
Sylvie Tournier
Documentaire musical
Genre Biopic, Histoire, Musique
Durée 1h50 min
Réalisation Humber Ibach
Année 2017
Avec Charles Aznavour