Le Dernier Refuge

Nous sommes à Rizal, petite bourgade bruyante et étouffante du sud de Palawan, aux Philippines. Depuis quelques années, des communautés tribales se sont sédentarisées ici. Parmi elles, les Tau’t Batu, une tribu d’un autre âge qui a toujours vécu dans des grottes, sur les hauts plateaux inexplorés de l’île. Cachés dans leurs cavernes, dans les zones les plus reculées de la montagne, ceux que l’on surnomme les « gens des rochers » ont longtemps vécu hors de portée des autres êtres humains. Certains d’entre eux ont pourtant choisi de gagner la ville récemment, pour fuir les typhons et les pluies diluviennes que déchaîne la mousson. La désillusion va être à la hauteur de leurs attentes…

Retour à la nature

À Rizal, la petite communauté exilée est méprisée et marginalisée. Stationnés en périphérie de la ville, sans emploi ou cantonnés aux plus basses besognes, les Tau’t Batu ne savent pas lire, pas écrire et ne parlent le plus souvent même pas le tagalog, le dialecte majoritaire de l’île. Depuis leur arrivée en ville, leur situation ne montre aucun signe d’amélioration et certains chefs de famille s’interrogent : comment faire pour subvenir aux besoins des leurs ? Quelques-uns s’accrochent à leur salaire de misère, mais le plus grand nombre se voit contraint de lâcher prise. Et choisit, devant la caméra de Jean-Michel Corillion, de regagner la jungle. Le retour vers le berceau de la communauté, la vallée de Signapan, est périlleux. Mais les Tau’t Batu connaissent la forêt mieux que personne. Après plusieurs jours de marche, ils arrivent enfin à destination et retrouvent la grotte où ils sont nés. Un retour à la vie d’avant qui transforme leurs visages. En harmonie avec la nature, les Tau’t Batu renaissent…

Jean-François Parouty