Je dis, donc je suis

Apprendre à penser librement, à argumenter, à avoir confiance en soi… C’est tout ce que souhaite Mathilde Levesque à ses élèves de seconde.
L’objectif de cette professeure de français à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, dépasse largement l’étude des textes classiques.
Dans ses cours, on parle de Pierre Bourdieu, de chant lyrique, de sophrologie et d’éloquence : un véritable laboratoire pédagogique.
Loin des clichés qui collent à la banlieue, sans pour autant verser dans l’angélisme, ce film, tourné durant toute une année scolaire, nous fait découvrir des adolescents qui, peu à peu, affirment leur expression et leur mode de pensée.
« Une évolution magique », selon Mathilde Levesque qui cherche à leur donner les clés pour devenir des citoyens éclairés et accomplis. « L’essentiel, c’est qu’ils ne subissent pas, » ajoute-t-elle, « car subir son orientation, c’est subir son métier, c’est subir toute sa vie. C’est maintenant que l’on travaille une vie qu’on ne subira pas. »
Au-delà du programme, aider les élèves à grandir et à devenir acteurs de leur vie, c’est aussi cela le rôle de l’école.

Note d'intention de la réalisatrice :

« En cours de français, on peut échanger. La prof, elle nous écoute. Après, ça dépend des jours. Parfois, elle est butée sur son idée, mais ce qui est bien avec elle, c’est que tu peux lui faire comprendre qu’elle a tort. » Avec une spontanéité déconcertante, Sarah, 15 ans, résume la relation qui lie Mathilde Levesque, professeure de français, à ses élèves de seconde. La liberté de penser, de s’exprimer, de confronter ses idées mais aussi, avant tout, le respect mutuel.

En poussant les portes de ce cours de français du lycée Voillaume d’Aulnay-sous-Bois, nous découvrons avec jubilation des adolescents prendre plaisir à échanger avec leur enseignante. On savoure leur sens de la répartie, leur goût pour les débats enflammés aussi bien sur leurs tenues vestimentaires que sur la condition des Rohingyas et celle des réfugiés en France.
Cette classe de Seine-Saint-Denis, située en zone d’éducation prioritaire, bouscule les clichés habituels. « Ce qui me plaît chez eux, c’est qu’ils ne prennent rien pour argent comptant, ils sont curieux, il y a très peu de choses qui ne les intéressent pas », explique Mathilde Levesque.

Ce film n’est pas seulement un film sur l’école. Il dresse aussi le portrait d’adolescents, leur vision de la vie, leur langage et leurs rêves. Une immersion réjouissante dans leur univers.

Marie Bonhommet