Le Mystère Ettore Majorana : un physicien absolu

28 mars 1938. Après avoir envoyé des lettres énigmatiques à sa famille et à son ami Carelli, Ettore Majorana se volatilise mystérieusement. Le jeune physicien italien a alors 31 ans et aucune trace de lui n’est retrouvée. S’est-il suicidé, réfugié en Amérique du Sud, dans un monastère en Calabre ou a-t-il été enlevé par les nazis ? Le mystère reste entier. En revanche, certaines de ses idées révolutionnaires à propos des particules élémentaires, notamment sur les neutrinos, font actuellement l’objet d’expérimentations dans des laboratoires de physique nucléaire du monde entier. Son histoire permet-elle de percer le mystère de sa disparition ? Ou celle-ci est-elle liée à la nature de ses recherches, menées dans une Europe en pleine ébullition scientifique, qui, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, vient de découvrir l’atome ?

Physicien renommé, directeur de recherches au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et auteur d’En cherchant Majorana, le physicien absolu, Étienne Klein retourne sur les traces de ce personnage introverti et solitaire. Fasciné par ses travaux, il part à la rencontre de ses descendants et plonge dans les archives pour essayer de comprendre comment Majorana est arrivé à sa théorie des neutrinos. De la Sicile de son enfance à Palerme, ultime étape avant sa disparition, en passant par Rome, où il suivit des études d’ingénieur et travailla avec son confrère Enrico Fermi, ou encore Naples, où il enseigna quelques semaines à la chaire de physique théorique, Étienne Klein tente non seulement de saisir ce qui a conduit Majorana à orchestrer sa disparition, mais revient également sur les travaux précurseurs de ce théoricien fulgurant. Si son hypothèse sur les neutrinos publiée en 1937 venait à être démontrée par la science d’aujourd’hui, elle permettrait de résoudre les énigmes de la matière noire et de la suprématie de la matière sur l’antimatière. Commencerait alors une ère nouvelle pour la physique…

Amandine Deroubaix