Temps fort
Mickael Lauret s'intéresse à une Amérique méconnue : celle d’un Texas métissé et prospère, et celle des exclus du rêve américain. Témoin de ce documentaire , l’actrice Eva Longoria affirme ainsi son engagement auprès des plus démunis.
Avec 40 % d’habitants d’origine mexicaine, le Texas offre aujourd’hui un visage très éloigné des clichés. Cet État du Sud est devenu la deuxième puissance économique des États-Unis, grâce à cette nouvelle richesse : la mixité culturelle Tex-Mex. Longtemps associé au pétrole, au rodéo, aux armes et à l’immigration clandestine, le Texas d’aujourd’hui s’est adapté et s’affiche aussi comme une terre de mixité. Sa frontière commune avec le Mexique en a fait une terre d’exil. Des millions de Mexicains fuyant la pauvreté sont arrivés au Texas et participent désormais à son essor économique. Les réalisateurs de ce documentaire sont partis à la rencontre de ces Latinos incarnant la prospérité d’un État qui a su cultiver le métissage de deux cultures pour en extraire le meilleur. La plus célèbre a grandi à San Antonio, où la population est à 60 % hispanique. L’actrice et productrice Eva Longoria est issue d’une famille arrivée au Texas il y a neuf générations. « Mes parents n’ont jamais oublié d’où ils venaient. Je chéris ces origines chaque jour... Je suis Américaine, je me sens Américaine, je parle parfaitement anglais, mais je parle aussi espagnol… Je pense que l’on peut porter une dualité en soi… » Avec la plus forte croissance démographique du pays, « notre culture est celle qui se développe le plus vite. Donc cela nous amène plus de responsabilité, plus de pouvoir ». Un pouvoir que la comédienne, très engagée, met au service de nombreuses causes, dont l’éducation des jeunes filles latinos, bien moins favorisées sur ce plan que les garçons.
Ce n’est pas le cas d’Ana Hernandez, la plus jeune députée élue au Parlement du Texas. Réélue trois fois, elle poursuit son combat pour défendre la communauté latino et faire valoir ses droits. En 2011, elle avait ému l’Assemblée en révélant son passé d’enfant vivant dans la clandestinité avec ses parents, jusqu’à ce qu’une loi d’amnistie leur permette d’obtenir la nationalité américaine. « Cela me relie intimement à ma communauté, je sais comment l’aider. » Le jeune David Moreno, trompettiste prodige et vedette de l’Opéra de Houston, a connu lui aussi une vie de clandestinité, près de Rio Grande City, avec ses six frères et sœurs. Ses parents ne pouvaient pas prendre le risque de conduire ni de travailler officiellement, sous peine d’être repérés par les autorités. « Tu sais que tu vas côtoyer les patrouilles des frontières tous les jours, on s’habitue à ça, mais on ne s’habitue pas à la peur... » Comme eux, Hugo Ortega a passé illégalement la frontière. L’ancien berger devenu chef est aujourd’hui à la tête de trois restaurants qui portent son nom à Houston. Ses anciens compagnons d’un village du sud du Mexique l’ont rejoint et « sont venus ici en apportant leurs recettes héritées de nos ancêtres… Aujourd’hui, je peux aider les nouveaux migrants comme je l’étais il n’y a pas si longtemps. » C’est aussi la volonté du républicain Javier Loya dont les affaires sont florissantes. Ses performances en foot américain lui ont ouvert la voie, impensable pour tant de jeunes Latinos, d’une grande université. Millionnaire à vingt-cinq ans, il est à la tête aujourd’hui d’une multinationale de négoce en énergie : « Il faut être réaliste, on ne peut pas demander à plus de vingt millions d’illégaux de rentrer chez eux… Ils veulent payer des impôts, ils veulent s’intégrer… Ils travaillent pour et avec nous. On doit faire un effort pour aider ces personnes qui font déjà partie de la société américaine ! »
Anne-Laure Fournier
Documentaire
Présentation: Michaël Lauret
Diffusion : Lundi à 21h30
Rediffusion: Dimanche à 17h
Réalisation Cécile Clocheret et François Picard
Production Commune Image Média, avec la participation de France Télévisions
Année 2015
Durée 50 min