A L'ABRI DE RIEN
Le Monde en face

À l’abri de rien

Documentaire - Mardi 11 octobre 2016 à 20.45

En France, plus de 3,8 millions de personnes sont privées d’un logement décent. Une injustice dont les enfants sont souvent les premières victimes. Dans ce nouveau numéro du « Monde en face », Marina Carrère d’Encausse ouvre le débat en compagnie de ses invités après la diffusion du documentaire de Claire Lajeunie-Grimblat, qui avait déjà réalisé pour France 5 « Femmes invisibles – Survivre dans la rue ».

Adam (10 ans), Sarah (8 ans) et Amel (4 ans) vivent avec leur maman dans le Xe arrondissement de Paris. Le petit appartement de 22 m2 qu’ils occupent au 5e étage sans ascenseur est insalubre. « Il y a du plomb dans les plinthes, les murs, la douche… » explique leur mère, qui a déposé une demande de logement social en juin… 2007. Faute d’environnement sain, ses trois enfants sont asthmatiques et allergiques. Plus grave, du plomb a été détecté dans le sang de l’aîné et dans celui de la cadette. « Lorsqu’il augmente à une dose toxique, les troubles neurologiques sont irréversibles », s’alarme le Dr Michelle Perez, qui suit la fratrie. « Dans le quartier, on est très mal logés, poursuit le praticien. […] La santé des enfants surtout justifie en urgence un relogement dans de meilleures conditions. Ils ont tous des traitements de fond. Ce qui est amusant, c’est que très souvent je reçois des délégués de la Sécurité sociale qui viennent faire un état de mes prescriptions d’antibiotiques. Je me fais tirer les oreilles parce que j’en prescris beaucoup, mais, à cause des risques de surinfection, je ne peux pas faire autrement. »

Accidents de la vie et budgets restreints

À 40 kilomètres de la capitale, Patrice contemple une photo des temps heureux. L’époque où avec Valérie, son épouse, il habitait un pavillon bien à eux : « C’était le rêve, les enfants avaient chacun leur chambre… » Tombé dans la spirale du surendettement, le couple a dû se résoudre à vendre la maison. Avec le peu qu’ils ont pu sauver, Patrice et Valérie ont acheté un mobil-home, posé dans un camping. « Les premiers mois, on s’est crus en vacances. Mais après trois ans… » Malgré l’exiguïté de leur nouveau logis, ils tentent de se reconstruire un présent vivable, même si pour eux l’avenir est de plus en plus incertain : le camping n’est plus aux normes et la mairie va prochainement le fermer. Sans moyens, ils ne peuvent déplacer leur mobil-home ailleurs… Aide-soignant vacataire dans une clinique des Hauts-de-Seine, Philippe, 53 ans, a quant à lui élu domicile dans un camping-car qu’il a eu l’autorisation de stationner sur le parking de l’établissement. Pragmatique, Philippe tient le coup grâce à la maison qu’il a pu acheter 30 000 euros dans le Cher et qu’il rejoint dès qu’il le peut : « Avoir une adresse fiscale, c’est primordial », assure-t-il. Même si elle est loin de son lieu de travail.

Précarité et misère sociale

À Foix, en Ariège, Jannick espérait enfin souffler. Cette mère de deux adolescentes, dont les revenus mensuels oscillent entre 300 et 800 euros, estime avoir eu beaucoup de chance de louer directement auprès d’un propriétaire un petit appartement défraîchi en rez-de-chaussée pour 600 euros. Impossible, dans sa situation, de passer par une agence immobilière, car elle ne peut acquitter les deux ou trois mois de loyer exigés pour une caution. Quand elle apprend que son bailleur lui signifie son congé, Jannick n’a qu’une crainte : se retrouver à la rue et perdre la garde de ses enfants… De son côté, Denis habite une grande maison, qu’il a autrefois aménagée avec soin. Incapable de faire face aux travaux d’entretien, il vit désormais reclus dans une seule pièce. Sans eau chaude, il passe aussi l’hiver sans chauffage, sa pension d’invalidité ne lui permettant pas de remplir sa cuve de fioul. Installés dans le bois de Vincennes, Thierry et Cynthia campent, eux, depuis six ans sous une tente. Comme les 85 000 personnes qui vivent en France sous un abri de fortune, ces jeunes parents ont dû renoncer à habiter avec leurs deux fillettes ; l’une est hébergée chez sa grand-mère, tandis que la plus jeune est placée en famille d’accueil. Malgré l’adversité, ils économisent chaque sou dans l’espoir d’avoir un jour accès au logement qui leur permettra d’être de nouveau réunis. Pour tenir bon, Thierry fixe son avant-bras sur lequel il a fait tatouer « Laulita », le nom de sa petite dernière : « Quand je le regarde, ça me booste… »

Christine Guillemeau

A L'ABRI DE RIEN

Documentaire

Durée 70 min

Auteure-réalisatrice Claire Lajeunie-Grimblat

Production L2 Films, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

 

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