Disparus volontaires

La vie de Nadine bascule le 31 mai 2010. Ce jour-là, son époux, Clovis, un entrepreneur en bâtiment, part travailler comme d’habitude. Du moins le croit-elle, jusqu’au moment où, en allant chercher le courrier, elle trouve dans la boîte aux lettres les clés du véhicule familial et celles de la maison. En quittant le domicile, Clovis n’a rien emporté, ni affaires, ni papiers, ni même les photos des enfants qu’il conservait dans son portefeuille. Pour Nadine, le choc est brutal. Elle contacte la gendarmerie, mais le dossier est mis en suspens au bout de quelques mois, car, en France, un adulte a parfaitement le droit de se volatiliser. Seules les disparitions jugées inquiétantes font l’objet d’une véritable enquête.

Le droit à l’oubli

Pour retrouver des disparus volontaires comme Clovis, leurs proches ne peuvent compter que sur une RIF, une recherche dans l’intérêt des familles. C’est-à-dire peu de chose. Dans ce genre de cas, les préfectures procèdent à des recherches administratives dans les fichiers à leur disposition tels que celui des cartes grises. Mais, même si la personne est localisée, la police n’a pas le droit de communiquer sa nouvelle adresse sans son autorisation. Certains disparus acceptent de revoir ceux qu’ils ont quittés sur un coup de tête ou à la suite d’un événement douloureux.

Alan et Valérie font partie de ceux-là. Lui a été retrouvé grâce à une contravention impayée ; elle, grâce à l’ingéniosité de sa mère, qui n’a jamais baissé les bras. Tous deux témoignent de leur besoin vital de tout abandonner à un moment donné de leur vie. Après deux ans entre parenthèses, ils ont renoué les liens avec les leurs. Non sans difficulté… Monique, elle, a longtemps cherché sa sœur avant d’apprendre qu’elle était enterrée anonymement non loin de chez elle. Un cauchemar que vivent des centaines de familles chaque année.

Beatriz Loiseau