Nogent, au fil des lames

Après la Révolution, l’activité devient prospère et se développe dans toute la région. Une vingtaine de villages sont concernés. Tout autour de Nogent, les ateliers se multiplient, principalement le long de la Traire et du Rognon. Chaque village se spécialise dans une des nombreuses branches de la coutellerie : les couteaux (coutellerie de table, fermante ou professionnelle), les ciseaux (pour les drapiers, couturiers, coiffeurs, ...), les instruments de toilette (rasoirs, pinces à épiler, pinces à ongle, ...), l’outillage à main (sécateurs, serpettes, greffoirs, ...) ou encore les instruments de chirurgie (bistouris, lancettes, pinces, écarteurs, ...).

C’est la coutellerie fine qui va contribuer à la notoriété de Nogent, que ce soit dans le domaine du couteau (avec les multi-pièces ou les ongliers) ou du ciseau (à broder notamment). Des artisans-artistes vont se distinguer, comme Nicolas-Pierre Pelletier ou Emile Drouot.

Au fil du temps, de petites entreprises vont faire leur apparition, embauchant quelques salariés et développant le travail à façon. La coutellerie, et plus encore la cisellerie, deviennent alors un secteur économique clef dans la région. A la fin du 19^e siècle, la coutellerie nogentaise atteint son apogée. Elle emploie alors plus de 6 000 personnes.

A partir des années 60, le développement de la grande distribution sonne le glas de la coutellerie haut-marnaise avec le développement de produits standardisés soumis à une forte pression sur les prix. Le développement du lave-vaisselle, par exemple, contribue lui aussi à ce processus de standardisation/banalisation des couteaux. Quant à la mondialisation…

Aujourd’hui, la traditionnelle coutellerie-cisellerie du bassin nogentais emploie encore quelques dizaines de personnes : des artisans, des passionnés, qui essayent - vaille que vaille - de faire perdurer un savoir-faire et une tradition hérités de leurs parents ou de leurs grands-parents…

Nous sommes allés à leur rencontre pour découvrir cet univers si particulier où le travail manuel est sublimé…