Madagascar, les trésors de l’île Rouge

Madagascar, « l’île Rouge », en référence à la latérite qui colore ses plateaux, possède des trésors cachés et d’autres sortis de terre comme par enchantement, des géants tombés sur la tête, « les racines du ciel » comme on les appelle. Ce sont les baobabs, symboles de l’île et fierté d’un peuple. On recense huit espèces de baobabs dans le monde, dont six se trouvent à Madagascar. Mais ces géants sont menacés par la déforestation qui sévit partout à Madagascar. Les défrichements ont provoqué la disparition des habitats forestiers des pollinisateurs. "Les baobabs peuvent pourtant vivre mille à mille cinq cents ans. On pense qu’ils abritent les ancêtres. Tous les baobabs sont sacrés, parce qu’ils ont une grande importance biologique et culturelle. Si on ne fait rien, on risque de perdre ce patrimoine… ", explique Élysée Rasoamanana, chercheure au Cirad, centre de coopération internationale en recherche agronomique…. Isolés, fragilisés, les voilà condamnés.

La richesse des milieux naturels et la diversité des espèces qu’ils abritent révèlent pourtant l’incroyable capacité évolutive du vivant, passionnant des générations de scientifiques. Mais, aujourd’hui, 90 % de la forêt originelle qui recouvrait l’île a disparu à cause de la déforestation. Quelques îlots de verdure subsistent, telle cette forêt humide (à l’est de l’île), classée depuis 1991 parc national, Ranomafana, qui s’étend sur plus de 40 000 hectares. Des hommes passionnés comme Olivier Guerpillon, de l’association Mad’arbres, s’engagent à protéger ce sanctuaire végétal rare et endémique : « Faire découvrir la canopée, en espérant faire évoluer la vision qu’ont les gens des arbres. »

La déforestation attaque et menace toute l’île, comme ces habitants très illustres, les lémuriens, qui jouent pourtant un rôle essentiel dans la régénération de la forêt, d’où la création près de la capitale Antananarivo d’une réserve naturelle, Lemurs’ Park. « Ces animaux ne peuvent pas survivre sans la forêt. Autrefois, Madagascar était l’île verte, 90 % était boisé. Il ne reste que 12 % de la forêt. Il est important de faire marche arrière pour retrouver l’île verte », explique Andrianantoanina Rakotomamonjy, guide naturaliste.

Sensibiliser les générations futures pour protéger la richesse malgache. Conserver un pays riche en artisanat, en faune et en flore aux senteurs magnifiques, saupoudré de mille épices, voilà l’objectif d’hommes et de femmes prêts à tout pour redonner espoir en leur pays. « Redonner à l’être humain sa dignité en lui permettant de vivre de ce qu’il produit. C’est un travail au quotidien, une conviction profonde que nous partageons. Et nous nous battrons jusqu’à notre dernier souffle », déclare Violette, la femme du sculpteur Dieudonné Radzafinjatovo, un couple humaniste qui a créé la cité du fer martelé, une maison d’artisanat, il y a une vingtaine d’années pour revaloriser la création et aider les populations les plus pauvres.

Le film tisse une exploration en profondeur d’un pays à la biodiversité unique, qui bat au rythme du « valiha » (instrument emblématique de la musique traditionnelle malgache). « Quand on joue du valiha, on marque notre appartenance à ce pays », déclare le musicien Jean-Baptiste Andrianarimanana. Et, comme l’exprime le luthier Ledama, défenseur de la culture malgache, « tout n’est qu’un cycle ». Espérons donc que l’île recouvre au plus vite toute sa richesse verte.

Françoise Jallot