En réaction à l’horreur de la soirée du 13 novembre 2015, le roman d’Ernest Hemingway « Paris est une fête » est devenu, en une nuit, le symbole de la résistance à l’obscurantisme. Le livre est une déclaration d’amour à l’art de vivre parisien. Dans « Paris restera Paris », Florence Troquereau donne la parole aux historiens, écrivains, comédiens et artistes qui, chacun leur tour, en donnent leur définition.
Le soir du 13 novembre 2015, c’est le Paris de la fête qui est visé. La soirée est douce, les terrasses sont bondées, les salles de concert pleines. Le pire va advenir. Après des heures d’horreur, la capitale compte ses morts. Cent trente personnes sont tombées sous les balles. Ces attentats touchent la ville dans ce qu’elle a de plus sacré : sa liberté. Car avant d’être louée par Hemingway, celle-ci a été chèrement acquise au fil du temps. De l’art de la conversation et du libertinage dans les salons du XVIIIe siècle aux soirées endiablées du Palace dans les années 1980, des générations d’artistes se sont succédé dans ses rues et ses bistrots, éclaboussant le monde de leur talent et de leur audace.
À chacun sa fête, à chacun son Paris. Devant la caméra se suivent les personnalités, chacune témoin d’une époque. Pour Macha Méril, c’est le Saint-Germain-des-Prés des clubs de jazz et des bals populaires ; pour Philippe Manœuvre, les débuts du rock et le concert de Johnny place de la Nation en 1963. Frédéric Beigbeder, quant à lui, évoque ses soirées parisiennes, propices aux rencontres exaltantes, aux discussions agitées et à « l’art de l’engueulade ». À moins que « Paris ne soit un voyage intemporel, un mouvement éternel. Où les barrières sont celles que l’on s’impose à soi-même », comme le dit si bien Oxmo Puccino. Terreau parfait de la création artistique, Paris est, pour la chef Hélène Darroze, « un terrain idéal pour trouver son public », et ce quelle que soit sa discipline. Car ce sont de ces moments de vie concentrés et de cette frivolité que se nourrissent l’art et le talent. Paris restera Paris se révèle être un vibrant hommage aux victimes des attentats du 13 Novembre. Résistants malgré eux, les Parisiens ont péri pour avoir usé de cet art de vivre dont l’existence même menace toutes les formes de fascisme.
Ludovic Hoarau
Documentaire
Durée 70 min
Auteure-réalisatrice Florence Troquereau
Production Martange Production, avec la participation de France Télévisions
Année 2016