LE MONDE DE JAMY
Dans la tête de nos animaux préférés
Magazine - Inédit - Mercredi 20 avril à 20.55
Ils n’ont pas la parole, mais que se passe-t-il dans la tête de nos animaux domestiques ou sauvages ? Comment communiquer avec eux, deviner ce qu’ils cherchent à nous dire ? Qu’ont-ils à nous apprendre ? Faut-il parfois s’en méfier ?
Myriam Bounafaa et Jamy Gourmaud partent à la rencontre de spécialistes dans toute la France pour apprendre les secrets de nos animaux préférés.
Que font les chats quand ils disparaissent des journées entières ? Jusqu’où s’étend leur territoire ? Comment décoder les aboiements de nos chiens ? Ont-ils une conscience d’eux-mêmes ? Se reconnaissent-ils dans un miroir ? Comprennent-ils les images de la télévision ? Ils viennent parfois au secours d’un enfant ou d’un individu d’une autre espèce que la leur : les animaux sont-ils capables d’empathie, de sacrifice ? Et, dans les zoos, comment assure-t-on leur reproduction loin de leur environnement naturel ?
Entretien avec Myriam Bounafaa et Jamy Gourmaud
Pourquoi vous intéressez-vous aussi aux animaux non domestiques ?
Jamy Gourmaud : Ce qui était intéressant en se rendant dans un zoo, c’est de comprendre que telle scène aurait pu se produire en pleine nature, dans un estuaire où vivent les lamantins. Tout l’enjeu pour les zoos est de soigner les animaux pour qu’ils demeurent en bonne santé et, en même temps, qu’ils restent sauvages. Un travail qui exige d’être très à l’écoute de l’animal, de comprendre ses gestes sans le contraindre. On leur apprend des choses, mais ce n’est pas du dressage. Dans cette émission, il y a également une histoire fabuleuse sur le lien homme-animal qui se déroule à Saint-Martin-la-Plaine (Loire), dans un zoo qui abrite de nombreux primates, notamment Digit, une femelle gorille de 130 kilos. Née en captivité, elle a été délaissée par sa mère qui refusait de l’allaiter. Les propriétaires du zoo lui ont donc donné du lait. Mais elle est tombée malade, donc ils l’ont gardée auprès d’eux un peu plus longtemps. Ce gorille n’a plus jamais voulu repartir de leur maison, il les a littéralement adoptés. Depuis, Digit passe la nuit avec ses maîtres, et la journée, dans son enclos.
Myriam Bounafaa : Nous avons également rencontré Pierre Cadéac, dresseur d’animaux pour le cinéma, dans l’Essonne. Il abrite près de trois cents animaux, dont des faucons, des écureuils, des ours et des loups ! Son travail repose sur l’entretien de cette précieuse et fragile communication tissée avec l’animal. Il explique d’ailleurs : « Si, par exemple, je n’ai plus de contact avec mes loups durant trois semaines, un mois, ils redeviennent sauvages. »
Quels autres experts avez-vous rencontrés ?
Myriam Bounafaa : Nous avons bénéficié des précieux éclairages de spécialistes qui font consensus dans le milieu des animaux. Ils sont dresseurs, vétérinaires, soigneurs au zoo de Beauval, experts des loups dans le parc du Gévaudan, ou des chevaux comme Frédéric Pignon, près d’Avignon. J’ai également été particulièrement impressionnée par les gendarmes cynophiles de Gramat (Lot) et l’incroyable complicité qu’ils entretiennent avec leur animal. On a tous été touchés par l’exemple de Diesel, la chienne du RAID décédée lors de l’assaut à Saint-Denis le 18 novembre dernier. Aujourd’hui, ces animaux peuvent sauver des vies dans des situations où seul le flair du chien peut nous venir en aide et détecter la menace.
Propos recueillis par Sylvie Tournier
Pourquoi le loup hurle-t-il, alors que le chien ne le fait plus ?
Souvent, pour marquer le lien social de la meute. Lorsqu’ils hurlent en meute, les loups se frottent, sont au contact. Certains pensent que, quand ils hurlent en solitaire, c’est pour se rappeler l’effet de meute. Quand les loups aboient, c’est pour signifier un danger pour la meute.
Le chien, lui, a développé toute une gamme d’aboiements. Celle-ci est très variée chez le chien, car l’aboiement est l’un de ses moyens de communication privilégiés pour se faire comprendre de son maître, pour transmettre ses émotions : peur, envie de jouer, besoin de sortir, de manger...
Bar à chats
Ceux qui ne possèdent pas d’animaux peuvent profiter de leurs bienfaits. Très à la mode au Japon, les bars à chats font leur apparition en France. On a prouvé que le ronronnement du chat pouvait être bénéfique. Des études ont montré qu’il agissait comme un anti-stress, un régulateur de tension artérielle. Le ronronnement, ça ne s’écoute pas seulement, ça se ressent ! Partout sur notre peau, nous possédons de petits capteurs de pression, qui ressentent les vibrations du ronronnement. Cela nous permettrait de secréter de la sérotonine, une molécule apaisante. Certains scientifiques parlent même de « ronron-thérapie ».
Pourquoi le chat ronronne-t-il ? Il le fait dans des moments plaisants, mais également quand la femelle est en train d’accoucher, qu’il est malade, ou sur le point de mourir. Le ronronnement est un marqueur de sensations, de plaisir mais aussi de souffrance. Le chat ronronne quand il est en harmonie ou justement pour retrouver cette harmonie.
Dressage
Le dresseur de cinéma Pierre Cadéac a dressé 250 animaux pour le cinéma et la publicité. Le lien tissé entre l’homme et la bête commence dès la naissance. Pierre les a élevés, il s’est substitué à leur mère. On appelle ce processus « l’imprégnation ».
Québec est un ourson de deux ans. Pierre l’a adopté dans un zoo alors qu’il n’avait que quelques jours. Sa mère n’avait pas de lait, et l’ours allait mourir. Depuis, Québec se comporte avec Pierre comme si c’était son papa, et il le suit partout. Mais cette technique d’imprégnation ne peut pas être utilisée pour tous les animaux que l’on veut dresser, car cela peut parfois être dangereux. C’est le cas du cerf. En ce moment, c’est la période du brame. Ce grand mâle est en rut. S’il était « imprégné », il pourrait considérer Pierre comme un mâle rival et pourrait chercher à le combattre. Pour dresser ces animaux non imprégnés, Pierre utilise d’autres techniques. Ces dressages par la nourriture exploitent le circuit dit « de la récompense ».
LE MONDE DE JAMY — « Dans la tête de nos animaux préférés »
Avec Jamy Gourmaud et Myriam Bounafaa
Réalisation : François Ducroux, Bruno Bucher et Stéphane Jobert
Rédaction en chef : François Ducroux
Journalistes : Jean-Marc Sigot, Emmanuel Pernoud
Produit par Gaël Leiblang pour Eléphant Doc / MFP, avec la participation de France 3
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Entretiens et extraits à retrouver dans le dossier de presse.
